Archives pour la catégorie Ecrit en français

Financez votre projet d’entrepreneuriat social

Vous êtes un entrepreneur social (en herbe ou non) et vous avez besoin de financement en France. (Message subliminal de pub : si c’est d’informaticiens gratuits dont vous avez besoin, je suis là pour vous en fournir.) A qui vous adresser ? Voici les bonnes adresses que j’ai repérées jusqu’ici :

[Mise à jour le 30 juin 2013 : quelques infos plus récentes sur PhiTrust]
[Mise à jour le 7 février 2009: quelques compléments d’infos sur PhiTrust, les CIGALES, Garrigue, Noaber]

Ashoka

Fondée et soutenue par des consultants et anciens de McKinsey, Ashoka est une association d’origine américaine et qui est le principal promoteur du concept d’entrepreneur social. Ashoka attribue des bourses individuelles à des entrepreneurs sociaux ayant déjà fait la preuve de l’impact social de leurs projets. Les bourses Ashoka, accompagné d’une mise en relation avec un excellent carnet d’adresses de décideurs et d’autres entrepreneurs sociaux à travers le monde, est sensée permettre à l’entrepreneur social de pouvoir se consacrer à temps plein à son projet sans avoir à se soucier de ses revenus personnels pendant quelques temps (un an ou deux ?). La bourse est attribuée à l’entrepreneur et non à l’entreprise. Ashoka ne répond pas aux sollicitations directes de porteurs de projets mais repère les entrepreneurs via son réseau de bénévoles. A l’origine, l’idée telle que présentée par le fondateur, Bill Drayton, était plutôt de permettre à des entrepreneurs sociaux de se lancer dans leur projet à temps plein (capital amorçage, en quelques sortes). Mais aujourd’hui, les entrepreneurs sociaux sélectionnés en France sont des personnes ayant des projets déjà bien établis et nécessitant plus de notoriété et une aide à leur développement. Ashoka est bien implanté en France et anime régulièrement des événements notamment autour de ses « promotions » annuelles d’entrepreneurs sociaux français.

Echoing Green

Echoing Green, par contre, reste essentiellement positionné sur le capital amorçage mais, également, sous forme de subvention individuelle. Les bourses, d’un montant de 60 000 $, sont également attribuées à l’entrepreneur avec pour principal engagement de celui-ci qu’il se consacre à plein temps pendant 2 ans à son projet. La sélection annuelle s’effectue sur dossier : de l’ordre de mille candidats pour moins d’une dizaine de projets sélectionnés chaque année. Echoing Green n’a aucune présence en France et la sélection s’effectue en ligne. La bourse est également accompagnée de services gratuits : conseil, accompagnement, mise en relation… J’ai personnellement essayé d’être sélectionné et essuyé un échec. Par contre, Thierry Klein a réussi à passer la première étape avec le super projet du Capital Altruiste.

PhiTrust

PhiTrust intervient principalement en phase de développement, après quelques années d’existence du projet, typiquement « après Ashoka ». Le groupe PhiTrust est constitué de professionnels du financement d’entreprise qui décident de se dédier au financement de l’innovation sociale. PhiTrust est membre d’un réseau européen, l’European Venture Philanthropy Association. PhiTrust dispose de 2 chevilles ouvrières : d’une part une fondation sous égide de l’Institut de France un fonds de dotation, pour le financement, sous forme de subventions, de projets à but non lucratif ayant déjà prouvé leur utilité et d’autre part PhiTrust Partenaires, une société d’investissement à capital variable.

[Infos datant de 2009 : ] Le processus de décision de financement s’étale sur une durée de 1 à 3 ans et commence par l’envoi d’un dossier descriptif du projet, puis questionnaire détaillé, puis une série d’entretiens, ensuite une enquête approfondie (« due diligence« ) et enfin une présentation au comité de financement. 1 projet est sélectionné pour 70 candidatures, pour environ 20 candidatures par mois. Pour les projets lucratifs, les participations prises sont minoritaires (« actionnaire minoritaire actif ») avec un rendement attendu qui reste faible (la plupart du temps inférieur à 5%). Au-delà de 10% de rendement des participations, l’excédent est reversé à la fondation.

Antropia

Antropia, l’incubateur social de la Chaire Entrepreneuriat Social de l’ESSEC offre non seulement une logistique de base pour les nouveaux entrepreneurs sociaux (bureau, téléphone…) mais surtout des services (conseil, ‘accompagnement « coaching », mise en relation…) et l’accès à des prêts d’honneur de la Caisse d’Epargne. Je suis en train de postuler auprès d’Antropia car j’ai eu le plaisir de « goûter » et d’apprécier la qualité de l’accompagnement auquel Antropia donne accès.

Bamboo Finance

Bamboo Finance est une entreprise sociale suisse de capital risque philanthropique, avec objectif de sortie mais recherche d’un double impact : social (et/ou environnemental) et financier.

Fondation Schwab

La Fondation Schwab organise en France, chaque année, un concours d’entreprises sociales dont le prix est un don en nature de conseil par un grand cabinet (habituellement offert par le Boston Consulting Group).

Fondation Skoll

La Fondation Skoll offre essentiellement un service de mise en relation et de médiatisation des meilleurs projets, avec une influence certaine aux USA et notamment en Californie. La Fondation Skoll intervient en financement plus tardif des projets déjà bien établis, avec des enveloppes de l’ordre du million de dollars sur 3 ans.

France Active

Fondée en France dans les années 80 en réaction à une importante augmentation du chômage longue durée, France Active vise à créer de l’emploi et regroupe, parmi ses décideurs, des professionnels de la banque intéressés par l’économie sociale et des dirigeants d’ONGs telles que le Secours Catholique et la CIMADE. France Active intervient en financement via la Société d’Investissement France Active (SIFA), notamment (mais pas exclusivement) auprès des entreprises d’insertion.

ESFIN-IDES

Le groupe ESFIN-IDES intervient en capital risque auprès des acteurs de l’économie sociale, avec des souscriptions de l’ordre de 100 000 à 600 000 euros.

Les CIGALES et GARRIGUE

Les CIGALES sont des clubs d’investisseurs privés (comme des business angels) qui interviennent en phase d’amorçage de projets locaux sur des petites sommes (1000 ou 2000 euros par exemples) et, plus rarement, en regroupant les 5 ou 6 clubs d’une région (cas de l’Ile-de-France) pour des investissement plus importants (10 000 euros ?). Garrigue est une société de capital risque proche des Cigales. L’un des critères essentiels de décision est la création d’emploi : le projet est-il créateur d’emploi et l’entrepreneur renoue-t-il, par ce projet, avec le monde de l’emploi. Les entrepreneurs accompagnés sont donc essentiellement des personnes ayant connu des difficultés professionnelles ou sociales significatives.

Fondation Noaber

La fondation néerlandaise Noaber finance des projets européen d’entrepreneuriat social en phase d’amorçage, sur quelques secteurs d’activité bien précis (donc un secteur « nouvelles technologies »). Il s’agit d’une fondation d’inspiration chrétienne et qui porte une attention particulière à l’évaluation quantitative de l’impact social attendu d’un projet. S’adresser à eux en anglais, en allemand ou … en néerlandais.

Conclusion

Voila pour ce que j’en sais à ce jour. Vos tuyaux, avis et bonnes adresses sont plus que bienvenus en commentaires !

Parents biologiques, génétiques, juridiques, adoptifs, affectifs, matériels… tout court?

Je viens de voir un reportage du magazine télé « Enquête d’action » de la chaîne W9 au sujet de la procréation médicalement assistée (PMA). Les sujets étaient intéressants : droit de la paternité, don d’embryon en France, don direct (i.e. non anonyme) d’embryon de la Belgique à la France, dons directs d’embryons aux USA… Pour faire très court, il en ressort très globalement, que l’essentiel est la relation affective parents/enfant (l’amour, quoi !) et que cette relation est un peu malmenée par la loi française ainsi que, peut-être, soumise à certains risques pour l’enfant dans certains cas où la loi française n’est pas appliquée (non respect de l’anonymat du don de gamètes par exemple). Cette émission a eu ceci de bien qu’elle n’a pas trop semblé porter de jugement moral sur les situations mais s’est plutôt efforcé de les exposer, des les confronter et de les faire connaître, en évitant les excès du sensationnalisme (malgré le titre « un enfant à tout prix » qui me faisait craindre le pire…).

Mais ce qui me chagrine, c’est qu’il y a encore, de ci de là, des expressions  et des raccourcis journalistiques qui me choquent. Alors j’aimerais vous faire ma leçon de vocabulaire à moi pour que certains me disent ce qu’ils en pensent. Je précise que mon point de vue est celui d’un papa d’enfants nés avec PMA et dons de gamètes. Je connais donc bien le sujet de la PMA en tant que personne directement concernée. Et vous comprendrez donc que je suis très attaché à ce qu’on ne confonde pas les différentes dimensions de la parentalité : biologique, génétique, juridique, affective…

Vocabulaire de la parentalité, façon Sig :

  • « parent génétique » (« père génétique » ou « mère génétique ») : c’est une femme dont un ovocyte, ou un homme dont un spermatozoïde, après fécondation naturelle ou aidée (PMA) permet la naissance de l’enfant
  • « parent biologique » (« père biologique » ou « mère biologique ») : c’est une femme  qui porte l’enfant puis lui donne naissance, qu’elle soit ou non la « mère génétique » ou bien c’est un homme dont le coït a causé la naissance de l’enfant (à moins que l’on n’admette que la notion de père biologique n’a pas de substance, je vous laisse décider ?)
  • « parent juridique » (« père juridique » ou « mère juridique ») : c’est un homme ou une femme à qui sont attachés des droits et devoirs de parent envers l’enfant, aux termes de la loi d’un pays donné
  • « parent adoptif » (« père adoptif » ou « mère adoptive ») : c’est un homme ou une femme qui a bénéficié d’une décision juridique d’adoption de l’enfant ; c’est un cas particulier de la parentalité juridique
  • « parent affectif » (« père affectif » ou « mère affective ») : c’est un homme ou une femme avec qui l’enfant a tissé une relation affective d’amour (ou de haine…) filial ; NB : je ne parle pas de réciprocité de cette relation et donc je ne parle pas de la relation que l’homme ou la femme a tissé avec l’enfant
  • allez, ajoutons aussi le « parent matériel » (« père matériel » ou « mère matérielle ») mais il faudrait peut-être trouver un meilleur terme ? il s’agit de l’homme ou de la femme qui comble les besoins matériels de l’enfant

Par conséquent, si vous adoptez ce vocabulaire, vous conviendrez peut-être, comme moi, que :

  • à moins que l’on n’invente un jour une technique de PMA avec don de spermatozoïdes et coït du couple bénéficiaire, le père biologique est forcément aussi le père génétique ou bien il y a un père génétique (donneur) mais pas de père biologique ; voila de quoi inventer des nouvelles de science fiction plutôt amusantes dans lesquelles on injecterait les spermatozoïdes du donneur dans les bourses du père biologique bénéficiaire… :-)
  • la plupart du temps, l’expression « mère biologique » est utilisée en opposition à l’expression de « mère adoptive » puisque l’on n’a alors généralement que deux femmes à distinguer : la femme mère adoptive (donc mère juridique) qui est aussi, c’est souhaitable, la mère affective et l’autre femme, à la fois mère biologique et mère génétique ; par conséquent, les gens ont tendance à se cabler le cerveau de la manière suivante : « mère biologique = toute mère qui n’est pas la mère affective », bref c’est l’amalgame et la confusion quand on arrive dans les cas de la PMA et non plus dans ceux de l’adoption
  • une « mère porteuse » est mère biologique mais c’est tout : ni mère génétique, ni mère affective, ni mère matérielle (parfois mère juridique selon les lois de certains pays ?)
  • la forme essentielle de parentalité, sur le plan moral, est (devrait être ?) la parentalité affective, non ? et la parentalité matérielle
  • le parent génétique n’est pas un parent à proprement parler et ce terme est abusif : ce n’est pas parce que l’on donne de ses cellules, fussent-elles aussi particulières et « puissantes » que des gamètes (spermatozoïdes ou ovocytes), que l’on devient parent ; pour devenir parent, il faut au moins ajouter à cela une fécondation et un enfant à naître ; un terme plus approprié, dans le cas des dons de gamètes me semble être « le donneur » ou « la donneuse », l’enfant pouvant dire par exemple « ma donneuse » ou « mon donneur », pourquoi pas ; le donneur n’est pas plus parent génétique que le médecin de PMA n’est parent médical.
  • le professeur Montaigu (orthographe ?) qui a permis, en France, de développer les dons d’embryon (bravo et merci !!!) et son équipe emploient le terme de « géniteur » et « génitrice » pour désigner le donneur et la donneuse de gènes ; pour moi, l’idée de géniteur ou génitrice renvoie à une notion davantage liée à la grossesse qu’au don de patrimoine génétique et ce terme est également inaproprié. A titre de justification, prenons l’exemple des thérapies géniques qui permettent (euh… permettront ?) à des êtres humains de recevoir, une fois adultes, des extraits du patrimoine génétique pouvant provenir d’autres êtres vivants (humains ou non), à des fins thérapeutiques. On ne pourra pas dire que les donneurs de ces gènes sont des géniteurs ou des génitrices. Le fait d’engendrer n’est pas le fait de donner un patrimoine génétique. Donner des gènes n’est pas engendrer. Et ce terme de géniteur/génitrice me semble donc renforcer la confusion entre le concept de donneur et de parent biologique. Par contre, l’avantage de ce terme est de souligner qu’être donneur n’est pas être parent, même génétiquement et ça, c’est très juste.
  • autrement dit, et pour faire court : le donneur génétique n’est ni géniteur ni parent génétique
  • il est trompeur (et blessant !) de dire d’une femme qui a porté et donné naissance à l’enfant après avoir bénéficié d’un don d’ovocytes ou d’embryons qu’elle n’en est pas la mère biologique : elle est la mère biologique mais pas la mère génétique ; c’est elle qui a porté et donné naissance ; c’est bien elle la personne la plus concernée par la transformation d’un oeuf fécondé (l’embryon) en un être vivant ; c’est bien en son sein (j’me comprends : son utérus !) que la vie (« bio-« ) est apparue ; alors stop aux journalistes qui disent « mère biologique » quand ils parlent de la donneuse ; la donneuse a fait un don (comme un « super-génial don du sang, mais en carrément mieux ! ») mais elle n’est ni mère biologique ni même mère de l’enfant !
  • les abus de la loi française d’il y a encore peu d’années ont été dénoncés dans le sujet sur la paternité : un père affectif et matériel d’un enfant s’en occupe pendant 7 ans puis se fait « mettre à la porte » par la mère qui révèle et prouve qu’il n’est pas le père génétique… et une autre obtient des dommages et intérêts et une pension alimentaire d’un homme, père biologique, à qui elle a « fait l’enfant dans le dos » et à qui elle a caché l’existence de cet enfant pendant 4 ans. Le caractère moralement abusif des décisions juridiques d’alors (qui donnaient raison à ces 2 mères) me semble lié au fait que la notion de père juridique (le droit de la paternité) négligeait alors trop le rôle de père affectif au profit d’une notion génétique ou biologique de la parentalité, ce qui se révéla scandaleux… Les journalistes expliquent qu’aujourd’hui, on ne peut plus contester son rôle de père juridique à un homme qui aura joué ce rôle (et aura notamment été père matériel, je crois) pendant plus de 5 ans. Notons cependant qu’encore aujourd’hui, si la maman décidre de mettre à la porte le père juridique-mais-non-biologique de l’enfant un jour avant l’anniversaire des 5 ans de celui-ci, alors le pauvre homme continue à l’avoir dans le baba et se retrouve donc nié en tant que père juridique (même si il est le père affectif et dieu sait qu’il faut bien moins de 5 ans à un enfant pour créer des liens affectifs avec sa mère ou son père !).
  • le concept de « droit du sang » semble se référer soit à une notion soit génétique soit biologique mais il ne faut pas confondre les deux ; les expressions « la chair de ma chair » et « le fruit de mes entrailles » me semblent caractéristiques de l’idée morale dénotée par le « droit du sang » et c’est pourquoi je pense que cette notion est biologique et non génétique : on parle de chair, de sang et d’entrailles, pas de code génétique (qui, par nature  est un polymère et, surtout, une information). Par conséquent, les tests d’ADN n’ont rien à voir directement avec la notion de droit du sang ; il peut s’agir au mieux d’un élément de preuve, suffisant dans le cas d’un homme puisque la parentalité biologique et la parentalité génétique se confondent dans ce cas (OK, les contestations de paternité doivent représenter 99% des cas qui passent en justice) mais insuffisant dans le cas d’une femme (qui peut être la mère biologique et donc la mère au sens commun de « droit du sang »).

Alors, y a-t-il des juristes, des médecins de PMA, des généticiens, des spécialistes de l’éthique, des enfants ou des parents dans la salle ? Qu’en pensez-vous ?

A mes lecteurs informaticiens du web sémantique : à quand une ontologie de la parentalité ? :-)

Marketing RH et communication des SSII : l’efficacité de la RSE en matière de recrutement

L’engagement concret de l’entreprise dans le développement durable, notamment à travers des programmes de mécénat de compétences, devient un argument clef pour recruter et fidéliser les talents issus des meilleures écoles. Dans le cadre du marketing du wecena auprès des société de conseil et de services en informatique, j’ai identifié une vingtaine d’études scientifiques et d’enquêtes qui confirment ce fait.

La réputation de l’entreprise est importante pour les candidats à l’embauche. Plus précisément, la réputation en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est un atout efficace pour le recrutement de candidats de meilleure qualité (ainsi que pour mobiliser, fidéliser et satisfaire les employés déjà en place). L’efficacité de la RSE sur le recrutement est encore plus forte chez les jeunes diplômés. Cependant, les candidats restent méfiants et attendent des preuves concrètes de la responsabilité sociétale d’une entreprise. De plus, une bonne RSE ne peut remplacer un bon salaire et ce n’est qu’un critère de choix de carrière parmi d’autres. Si on le compare à d’autres priorités des candidats, on peut évaluer à plus de 10% le différentiel de salaire concédé en faveur d’une entreprise à forte RSE par les jeunes diplômés des meilleures écoles.

Ci-après, je reprend cette synthèse point par point en l’illustrant des résultats de chacune des études utilisées.

NB au sujet des citations : la traduction, les passages entre crochets et l’ajout du gras sont de moi.

  • La réputation de l’entreprise est importante pour les candidats à l’embauche.

1993, le Academy of Management Journal publie une étude scientifique (« Corporate Image, Recruitment Image, and Initial Job Choice Decisions ») selon laquelle :

L’image institutionnelle et l’image recrutement sont des prédicteurs significatifs des décisions initiales [des candidats] quant à leur choix de poursuivre ou non leurs contacts [en vue d’une embauche] avec une organisation.

2003, le Journal of Organizational Behavior publie une étude scientifique (Firm reputation and applicant pool characteristics) qui conclut :

Les entreprises avec une meilleure réputation attirent plus de candidats. […] Les entreprises avec une meilleure réputation ont la possibilité de sélectionner des candidats de meilleure qualité.

Septembre 2003, une enquête du cabinet de recrutement Select Appointments indique :

Plus des trois quarts des gens choisiraient de ne pas travailler pour une organisation considérée comme ayant des produits ou services contraires à l’éthique.

En octobre de la même année, le cabinet de chasseurs de tête Korn/Ferry conclut une enquête auprès 257 directeurs généraux en ces termes :

L’impact potentiel d’une mauvaise réputation sur le recrutement et la fidélisation des talents est très présent dans l’esprit des directeurs généraux. […] La réputation institutionnelle est plus importante aujourd’hui que jamais. […] 9 [DG] sur 10 indiquent que la réputation institutionnelle est au moins un peu plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a cinq ans, et 6 sur 10 croient qu’elle est beaucoup plus importante aujourd’hui. […] Ce sentiment est plus fort chez les DG européens.

Août 2006, une enquête internationale de l’agence de marketing RH Bernard Hodes auprès de plus de 500 dirigeants RH conclut :

La qualité ou la réputation des produits et services, la culture institutionnelle et l’environnement de travail sont les caractéristiques les plus importantes d’une entreprise lorsqu’il s’agit d’attirer les meilleurs talents.  […] La réputation éthique fait également un bon score. Mais les avantages en nature et la rémunération, de manière sans doute surprenante, arrivent en queue de peloton.

  • Plus précisément : la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est un atout efficace pour le recrutement

Juin 1997 : le Academy of Management Journal publie une étude scientifique (Corporate Social Performance and Organizational Attractiveness to Prospective Employees) qui conclut, au sujet de la « performance sociétale de l’entreprise » (PSE), un concept précurseur de la RSE :

La performance sociétale de l’entreprise est corélée à sa réputation et à son attractivité en tant qu’employeur. […] La performance sociétale de l’entreprise peut lui octroyer un avantage concurrentiel en matière de recrutement.

En 2000, le Journal of Business Ethics publie une autre étude scientifique (Corporate Social Performance and Attractiveness as an Employer to Different Job Seeking Populations) portant sur le même concept de PSE et qui conclut :

Les entreprises ayant des niveaux élevés de performance sociétale sont avantagées dans leur capacité à attirer les employés les mieux qualifiés.

Toujours en 2000, c’est au tour de la revue scientifique Business & Society de publier une étude complémentaire (Corporate Social Performance As A Competitive Advantage in Attracting a Quality Workforce) qui précise :

Les candidats à l’embauche sont plus susceptibles de rejoindre des postes dans des entreprises socialement responsables que dans des entreprises ayant une mauvaise réputation en matière de performance sociale.

En 2002, la même revue publie une autre étude sur le même sujet (Exploring the Relationship Between Corporate Social Performance and Employer Attractiveness) et qui conclut à son tour :

Les chercheurs d’emploi considèrent que la performance sociétale de l’entreprise est importante dans leur évaluation des entreprises. […] L’environnement, les relations avec [le monde associatif (« the community »)] et la diversité sont les dimensions qui ont la plus grande influence dans leur notation de l’attractivité [des entreprises en tant qu’employeurs].

En 2003, le site web de recherche d’emploi totaljobs publie les résultats d’une enquête auprès de 5000 chercheurs d’emploi britanniques :

Plus de 4 répondants sur 10 considèrent la RSE comme leur principale priorité lorsqu’il s’agit de décider de travailler ou non pour une organisation et les deux tiers disent que la RSE est « très importante ». […] Près de la moitié des chercheurs d’emploi de plus de 50 ans sont intransigeants sur le fait qu’ils ne travailleraient pas pour une entreprise sans politique environnementale ou éthique, même si on leur offrait chaque année 10 000 ¤ de plus que pour un emploi dans une société qui prendrait au sérieux sa responsabilité sociétale. […] Les deux tiers des moins de 18 ans déclarent qu’ils accepteraient de travailler dans une entreprise avec une faible RSE. […] L’attractivité des avantages en nature est sur le déclin : les trois quarts des répondants déclarent qu’une voiture de fonction a peu d’importance à leurs yeux.

En 2006, on rapporte dans la presse britannique que deux enquêtes commanditées par la banque Barclays dans le cadre de son mécénat de compétences conclut ceci :

92% des employés déclarent qu’ils préfèrent travailler pour une entreprise qui a un programme de volontariat des employés plutôt que dans une entreprise qui n’en a pas. […] 42% des entreprises qui autorisent leur personnel à consacrer du temps de travail à du volontariat déclarent que [le mécénat de compétences] aide à réduire les absences maladie.

En 2007, le cabinet de conseil RH Penna interroge 25 professionnels RH seniors lors d’un événement (le Strategic HR Network) au sujet de leurs stratégies de recrutement, du recrutement online, de la marque employeur et de la fidélisation des talents. Les résultats de leur petite enquête indiquent :

Une écrasante majorité [des répondants] (92%) croient que la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise est importante pour leur marque employeur, ce qui est le reflet de l’idée actuelle selon laquelle les candidats cherchent de plus en plus à travailler pour une organisation qui a une responsabilité morale envers la société et l’environnement.

Enfin, des spécialistes australiens et néo-zélandais du concept de marque employeur s’appuient sur le questionnaire « Minchington-Thorne Employer Brand Global Index » adressé à un échantillon de managers d’entreprises et d’administrations australiennes parmi les 100 plus importantes pour confirmer l’importance de la RSE pour le recrutement :

Les répondants étaient interrogés sur l’efficacité perçue de leur organisation en matière de recrutement. […] L’un des plus hauts scores obtenu pour les facteurs d’efficacité concerne la Responsabilité Sociale de l’Entreprise. [Ceci] illustre l’importance globale et croissante […] que revête le besoin d’être un employeur éthique. De plus en plus, les organisations réalisent que la fidélité à la marque [employeur] est créée de multiples façons mais, essentiellement, elle est basée sur les relations qu’une organisation construit avec ses partenaires et [son environnement associatif (its local community)].

  • La RSE est un atout recrutement encore plus efficace chez les jeunes diplômés

En 2006, l’enquête The Guardian’s Grad Facts du journal britannique interroge sur leurs attitudes et leurs projets de carrière un échantillon de 2000 étudiants représentatif en termes de filière, d’université, d’origine ethnique et de sexe de la population étudiante en dernière année d’étude supérieure avant diplôme. Elle conclut alors :

72% des étudiants de dernière année en université déclarent qu’ils ne considèreront que les postes d’employeurs à l’éthique irréprochable. […] Parmi ceux qui indiquent que le salaire est l’un des facteurs principaux pour choisir leur premier emploi, 70% déclarent encore nécessaire d’être satisfait par la politique de responsabilité sociétale d’une entreprise pour envisager d’y travailler. […] Plus un employeur est perçu comme éthique, plus il donne l’impression de bien traiter son personnel et plus il est attirant en tant qu’employeur.

Dans l’extension 2007 de cette enquête, dédiée au monde associatif, on apprend même que :

le secteur associatif croît en popularité en matière de projets de carrière. L’enquête 2002 indiquait qu’environ 8% des jeunes diplômés envisageaient de travailler dans le secteur associatif. En 2006, ce chiffre a doublé pour atteindre 16%. […] Le premier salaire attendu, en moyenne, pour les jeunes diplômés désireux de travailler dans le secteur associatif est de […] 5% de  moins que ceux désireux de travailler dans le secteur privé mais comparable à celui des jeunes diplômés intéressés par le secteur public et de l’éducation.

En 2007, le cabinet de recrutement Tomdunn interroge ses candidats et rapporte :

Les chercheurs d’emploi ne se satisfont plus des avantages en nature proposés par les employeurs potentiels et placent l’éthique et la sensibilité à l’environnement en tête de leur liste des caractéristiques obligatoires de leur futur employeur. […] Tous les répondants ont indiqué qu’il était « important » ou « très important » que leur employeur soit perçu comme une entreprise éthique. […] Si on leur donne le choix entre deux postes identifiques, tous les répondants choisissent l’organisation qui se préoccupe du changement climatique plutôt que celle qui ne s’en préoccupe pas. […] Qui sont ces chercheurs d’emploi scrupuleux dans le marché de l’emploi [de 2007] ? En tête de peloton se trouve la cuvée actuelle de jeunes diplômés. Nés dans les années 80 et appelés la génération Y, la génération iPod, les enfants de Thatcher ou les Moi-D-Abord, cette promotion se distingue à la fois par ses hautes ambitions et son intransigeance sur les principes.

En septembre 2009, Adecco interroge 2 473 adultes aux USA :

Pour un tiers des répondants, travailler dans une entreprise « verte » serait un facteur de choix pour leur prochain emploi. […] Les chercheurs d’emploi de moins de 35 ans sont les plus intéressés par l’engagement environnemental de l’entreprise. […] L’envie d’une entreprise soucieuse de l’environnement décroît avec l’âge des candidats mais remonte en flèche chez les plus de 55 ans.

Fin 2007, Libération publie un article sur une nouvelle tendance chez les jeunes diplômés, « Ces jeunes qui craquent pour l’éthique » :

Conjuguer morale et affaires. De plus en plus d’actifs surdiplômés font désormais passer le niveau de salaire après la quête de sens dans le travail. Une tendance que les grandes écoles commencent à intégrer dans leurs cursus.

A la même époque, « MonsterTrack, la filiale « jeunes diplômés » du site de recherche d’emploi, publie les résultats d’une enquête :

80% des répondants déclarent être intéressés par un emploi ayant un impact positif sur l’environnement et 92% choisiraient même de travailler pour une entreprise respectueuse de l’environnement.

L’édition française 2007 de l’enquête annuelle The Universum Graduate Survey interroge 966 jeunes diplômés et observe que « contribuer à l’amélioration de la société civile » fait désormais partie des 10 principaux objectifs professionnels que les jeunes diplômés souhaitent atteindre après leurs 3 premières années d’expérience professionnelle.

  • La RSE est également efficace pour mobiliser et satisfaire les employés déjà en place

2004 : la revue scientifique Business & Society publie une étude (The Relationship between Perceptions of Corporate Citizenship and Organizational Commitment) qui conclut ainsi :

[Nous avons] vérifié l’existence d’une relation entre la citoyenneté de l’entreprise [telle qu’elle est perçue par les employés] et leur niveau d’engagement dans l’organisation. […] [La mobilisation] est plus forte pour les employés qui croient fortement à l’importance de la responsabilité des entreprises envers la société. […] L’indicateur « éthique » du niveau de citoyenneté d’entreprise est un prédicteur plus fort du niveau d’engagement des employés dans l’entreprise que ne le sont les indicateurs économiques, juridiques ou arbitraires.

En 2007, le cabinet de conseil Kanexa Research Institute interroge des employés au Brésil, en Chine, en Allemagne, en Inde, en Grande-Bretagne et aux USA et utilise cette enquête sur les facteurs de satisfaction des employés pour affirmer :

Les employés qui travaillent dans des entreprises avec des programmes clairs de Responsabilité d’Entreprise (RSE) dont des programmes environnementaux et sociaux, sont les plus satisfaits. Les employés de ces entreprises restent plus longtemps en poste et sont plus satisfaits de leurs dirigeants que leurs équivalents dans les entreprises avec des programmes de RSE ternes. […] Environ un tiers des employés interrogés ont l’impression que leur organisation a une forte culture RSE et environ un tiers ont l’impression que leur organisation a une culture RSE faible.

  • Cependant, les candidats restent méfiants (surtout en France) et attendent des preuves concrètes de la responsabilité sociétale d’une entreprise

En 2003, une enquête de l’association britannique d’entreprises Business in the Community rapporte que

[…] plus de la moitié des employés se plaignent que le manège du recrutement autour des valeurs et de la RSE, qui a contribué à les attirer à leur employeur, ne se traduit jamais dans les faits.

L’enquête 2005 The Public’s Views of Corporate Responsibility de l’institut britannique d’étude Ipsos-Mori indique que

Sept adultes britanniques sur 10 pensent que l’industrie et le commerce ne portent pas assez d’attention à leur responsabilité sociale. […] 86% déclarent qu’il est important que leur employeur soit responsable envers la société et l’environnement et plus de la moitié (55%) disent que c’est même très important.

En France, la CFDT Cadres et l’école de management Audentia commanditent une enquête en ligne en 2005, adressée aux étudiants et jeunes diplômés des écoles nantaises. 465 réponses sont exploitées : 215 étudiants, 212 cadres en activité et 38 jeunes diplômés. Les résultats sont éloquents :

Le critère de choix de leur premier emploi ou d’une mobilité privilégie la nature du travail, des missions. […]  60% à avoir déjà entendu parler de responsabilité sociale des entreprises. […] Ils matérialisent cette responsabilité par l’écoute des salariés, la formation et le maintien de l’emploi, mais également la lutte contre la pollution, le respect des normes environnementales, le développement économique local, l’insertion.

[Les répondants expriment leur reproches à l’égard de certaines entreprises : ] les excès de la seule et pure logique financière à court terme, la faible considération de l’humain et les effets négatifs des choix des entreprises sur l’emploi et l’environnement.

[Et ils expriment aussi leurs louanges : ] une vision classique (développement, croissance, création de valeur et d’emplois), une vision opérationnelle (production de biens et services de qualité pour leurs clients) et une visions très orientée vers les relations humaines (épanouissement personnel, reconnaissance et réussite sociale)

[Conclusion de l’étude : ] l’enquête révèle en tout premier lieu que la responsabilité sociale des entreprises est une préoccupation importante pour les jeunes, mais ils se montrent assez méfiants à l’égard de l’effectivité des annonces faites par les entreprises dans ce domaine. Ils semblent y voir plus une démarche de marketing qu’un changement réel des pratiques de management. […] Cela signifie sans doute que les entreprises dont certaines ont mis en place des pratiques très innovantes doivent communiquer de façon différente. Pour les étudiants interrogés, il faut qu’elles se montrent assez modestes et qu’elles prouvent leur engagement par des exemples concrets.

  • Tout ceci étant dit, ne nous y trompons pas, la RSE en tant qu’atout pour le recrutement n’est qu’un atout qu’il faut comparer aux autres :

En 2006, Accenture interroge plus de 4100 chercheurs d’emploi dans 21 pays d’Amérique du Nord, du Sud, d’Europe et de la région Asie-Pacifique (voir aussi ici) puis rapporte :

Où qu’ils soient sur la planète, les chercheurs d’emploi déclarent constamment que ce sont les défis et la reconnaissance qui leur fournisse le plus de motivation dans leur vie professionnelle. […] L’attention à la « citoyenneté d’entreprise » et à la diversité est moins importante pour les chasseurs d’emploi que les avantages traditionnels tels que des programmes de prime solides et des occasions d’épanouissement personnel. […] Un travail stimulant et intéressant, c’est la caractéristique la plus importante que les chercheurs d’emploi recherchent chez un employeur potentiel pour 60% des répondants. La possibilité de reconnaissance et de récompenses pour des réalisations arrive en proche deuxième position avec 58% des réponses. En troisième position (44%) arrive la possibilité d’une progression de carrière rapide, suivie (42%) par les preuves que l’employeur est bien établi et susceptible d’avoir une prospérité pérenne et, pour 42%, le fait de porter attention à son personnel. […] Ces points importants pour les recrues potentielles sont remarquablement constant d’une partie du monde à l’autre. […]

La responsabilité sociale de l’entreprise et la diversité sont des caractéristiques importantes de l’employeur – des choses que nos employés exigent et auxquelles ils accordent une grande valeur – [notre étude] valide également ce que nombre d’entre nous savent intuitivement : à savoir, que les avantages concrets tels que les récompenses et la reconnaissance [NDT : l’avancement ?] restent les plus importants du point de vue des recrues externes.

Le cabinet de recrutement Hudson indique en 2007 (voir aussi ici), dans une même tendace à la modération :

Les employés accordent de la valeur à la responsabilité sociale de l’entreprise, mais pas pour prendre des décision de carrière. […] 75% des travailleurs américains pensent que les entreprises ont des responsabilités envers la société civile. […] 70%s ne considèrent pas comme très important le programme de RSE d’un employeur potentiel lorsqu’il s’agit d’évaluer des offres d’emploi. […] Seuls 7% d’entre eux ont déjà rejeté une offre d’emploi à cause de l’absence de tels programmes. […] 46% croient qu’il est très important qu’une organisation ait pris de telles initiatives. […]

Les travailleurs apprécient les occasions de s’investir auprès du monde associatif lorsqu’ils en ont la possibilité [dans le cadre de leur travail.] […] Parmi les 46% de salariés qui travaillent pour une organisation avec un programme de RSE, environ les deux tiers (64%) y participent activement. […] Seuls 20% des travailleurs déclarent que leur employeur les autorisent à consacrer du temps de travail à du volontariat [(« mécénat de compétences« ).] Mais, parmi ceux-ci, 70% choisissent [d’y participer.] […]

Les programmes formels de RSE sont plus fréquents dans les grandes entreprises. […] 58% des répondants qui travaillent pour une entreprise de plus de 500 employés indiquent que leur entreprise a un programme de RSE, à comparer avec une moyenne de 45% des employés, toutes tailles d’entreprises confondues. A peu près un tiers des salariés des entreprises de moins de 100 employés en disent autant.

Les recruteurs qui apprécient le goût d’un MBA pour la RSE que même les candidats les plus férus de RSE peuvent n’accorder qu’une priorité réduite aux réalisations effectives de leur employeur en matière de RSE.

En 2007, le groupe British Telecom interroge quant à lui 120 jeunes professionnels (voir aussi ici) :

Plus d’un tiers des répondants déclarent que travailler pour un employeur responsable et attentif aux employés est plus important que le salaire qu’ils touchent. […] 44% disent qu’ils refuseraient un employeur qui aurait mauvaise réputation et presque la moitié dit que les politiques de responsabilité sociétale de l’entreprise devrait être rendues obligatoires. […] Un tiers croit que les préoccupations pour l’environnement devrait être le sujet le plus important sur l’agenda de l’entreprise, devant l’innovation commerciale, la flexibilité du travail, le bien-être du personnel et l’investissement auprès de la société civile. […]

Un quart des répondants croient que les entreprises ont une influence majeure sur l’avenir de la planète, ne cédant en cela qu’à celle des gouvernements. […] La responsabilité sociale de l’entreprise – y compris la durabilité – est plus importante pour eux que le salaire pour un tiers des participants.

Enfin, selon les résultats de l’enquête 2007 du site d’emploi américain JobFox :

Seuls 5% des répondants préfèrent une entreprise qui est respectueuse de l’environnement – en classant cette caractéristique comme 18ème sur une liste de 20 critères que les chercheurs d’emploi utilisent lorsqu’ils envisagent un changement de carrière. […] Les deux priorités principales des chercheurs d’emploi sont les possibilité d’avancement (55%) et des responsabilités accrues en matière de leadership (41%). Les autres priorités sont l’équilibre vie privée/vie professionnelle (38%), des dirigeants respectés ou admirés (36%), un sentiment d’épanouissement personnel (36%) et un meilleur salaire (28%).

Alors que faut-il en penser et ces résultats-là se contentent-ils de modérer les conclusions des études citées plus haut ou viennent-ils carrément les contredire ? Il me semble que l’âge des candidats à l’embauche et leur niveau de qualification soit les deux variables qui permettent le mieux de concilier ces contradictions apparentes : la RSE est plus efficace, en tant qu’argument recrutement, auprès des jeunes (et des plus de 55 ans !) ainsi qu’auprès des plus hauts diplômes (MBA, grandes écoles…). C’est ce qu’indiquent les études qui chiffrent la RSE par rapport au différentiel de salaire qu’un candidat est prêt à concédé en faveur d’une entreprise à meilleure RSE.

  • Pour recruter, une meilleure RSE vaut plus de 10% du salaire des meilleurs jeunes diplômés.

Le cabinet de conseil RH Seldon Gill interroge une populationde 156 individus entre 18 et 32 ans (c’est-à-dire la Génération Y), constituée d’étudiants, de jeunes diplômés et de jeunes cadres dont 46% travaillent alors que les autres finissent leurs études :

Nous avons proposé un scénario aux participants. L’organisation A ne promeut pas de manière activité l’équilibre vie privée/vie professionnelles, les activités sociales, le développement personnel et la formation, la responsabilité sociale de l’entreprise et une communication ouverte au sein de l’entreprise. Au contraire, l’organisation B le fait. Si A payait 10% de plus que B, seuls 15% des participants la rejoindraient. Si A payait 20% de plus que B, 57% la rejoindraient et 43% ne le feraient pas.

En 2007, le cabinet d’étude Best Companies publie pour le Sunday Times une étude selon laquelle la perception selon laquelle l’employeur a un impact positif sur la société influence tous les autres facteurs de relation à leur employeur, ce qui inclut leur sentiment à l’égard de leurs dirigeants, des valeurs et principes de l’entreprise, à l’agard de leur supérieur direct, à l’égard de leurs perspectives d’évolution, de leur bien-être professionnel, de leur collègues et de la manière de travailler avec eux, de leur motivation dans leur travail, de leur rémunération :

De manière à pouoir travailler pour une entreprise éthique, les gens sont prêts à demander moins d’argent. [L’éthique et la RSE] constituent la voie royale pour atteindre de meilleurs niveaux de motivation et de mobilisation professionnelle.

En janvier 2004, la Stanford Graduate School Of Business publie les résultats d’une étude menée auprès de 800 diplômés de MBA des « meilleures écoles » d’Amérique du Nord et d’Europe (voir aussi ici) :

Les diplômés de MBA veulent travailler pour des employeurs attentionnés et éthiques. […] Un nombre substantiel [des diplomés des meilleurs MBA] sont prêts à sacrifier quelques avantages financiers pour pouvoir travailler pour une organisation avec une meilleure réputation en matière d’éthique et de responsabilité sociétale de l’entreprise. [Plus précisément, les MBAs sont, en moyenne,] prêts à sacrifier 14% de leur rémunération. […] Les défis intellectuels sont en tête de leur liste des plus importants critères de choix en matière d’emploi. […] Chose plutôt intéressante, la rémunération n’est qu’à 80% aussi  importante que les défis intellectuels […alors que] la réputation en matière d’éthique et d’attention aux employés fait partie du tiers supérieur de la liste des 14 critères de choix de carrière, soit un critère qui est à 77% aussi important que les défis intellectuels.

Et  voila ! Si vous avez connaissance d’autres études ou enquêtes allant dans le même sens, précisant ou contredisant certains de ces points, merci de les indiquer dans un commentaire !

EuroGIKI: l’agence du don en nature

Le mécénat « en nature » consiste à offrir à une organisation d’intérêt général non pas de l’argent mais des produits ou des services. Plus précisément, on peut distinguer les dons de prestations de service (également appelés « mécénat de compétences »), les dons de produits alimentaires (banques alimentaires pour les associations du type Restos du coeur) et les dons de produits non alimentaires. Bien souvent, les produits donnés sont des invendus (pas périmés pour autant !) qui, autrement, seraient destinés à être détruits. Le mécénat en nature permet donc non seulement d’aider une bonne cause mais aussi d’éviter le gaspillage. Pour le don de produits, cela permet de diminuer (un peu) son empreinte écologique.

Les échos publient une courte « éloge du mécénat produit » qui rappelle ces faits et mentionne une association qui vient d’être créée pour aider les entreprises à gérer la logistique des dons de produits à des organismes d’intérêt général. Il s’agit d’Euro GIKI, « l’agence du don en nature », le représentant européen d’une association américaine : Gifts In Kind International.

EuroGIKI est soutenu par des grandes entreprises telles que Carrefour et par une personnalité du monde des affaires. On trouve plus d’infos sur les projets d’EuroGiki via sa collaboration avec des étudiants d’un mastère de sciences-po.

Coincidence amusante (mais ça peut n’amuser que moi) : je regrettais justement, il y a quelques jours via le blog de la fondation BNP Paribas :

Peut-être que ce qui manque le plus aux entreprises, c’est de pouvoir s’appuyer sur des réseaux de distribution qui pourraient les aider à “recycler” certains de leurs actifs auprès d’organismes d’intérêt général dans le besoin.

Peut-être est-ce le Père Noël qui m’a entendu ?

Des informaticiens gratuits pour votre projet : pouvez-vous en bénéficier ?

Je viens de publier un questionnaire d’auto-diagnostic pour aider les porteurs de projets informatiques d’intérêt général à déterminer si, oui ou non, ils peuvent bénéficier de l’aide gratuite d’informaticiens sur leur temps de travail, grâce au wecena.

Le wecena est une formule innovante de mécénat des SSII et sociétés de conseil qui consiste à mettre les intercontrats de ces sociétés au service de projets informatiques d’intérêt général, portés notamment par le monde associatif.

J’avais rédigé un appel à projets. Il reste toujours valable et je vous recommande d’y jeter un oeil si vous avez un projet informatique solidaire, scientifique, éducatif, culturel et si vous manquez de main d’oeuvre… Le questionnaire d’auto-diagnostic devrait vous aider à vérifier point par point si votre projet rempli toutes les conditions requises pour pouvoir bénéficier du wecena.

SSII: scénario de crise vs. développement durable

NB: ce message a un caractère promotionnel, il n’y pas de doute.

La question n’est plus de savoir si les SSII souffriront aussi de la crise mais de savoir si ce sera pour 2009 ou pour 2010. Le scénario catastrophe qui se dessine donc lorsqu’on suit la presse spécialisée est le suivant.

Faisons-nous peur, le scénario catastrophe pour le secteur des services

Actuellement, les SSII recrutent avec prudence : uniquement lorsqu’elles ont déjà un contrat client signé et donc un besoin sûr de personnel. La crise touchant les secteurs financiers puis de l’automobile et, par contagion, toute l’économie ou presque, les affaires se font plus rares qu’à l’habitude. Par conséquent, les taux d’intercontrat augmentent. Et, pour maintenir ces taux au plus bas malgré tout, les prix sont à la baisse. Dès maintenant, et comme dans les autres secteurs, les SSII se sont mises sur la défensive. Ces mesures suffiront un temps.

Fin 2009 ou courant 2010, imaginons que les SSII seront « au taquet » : elles auront fait le maximum pour limiter la casse. Malheureusement pour le secteur, certaines entreprises du secteur ont terni l’image de la profession par des comportements souvent qualifiés de « vendeurs de viande » : on embauche de la compétence « au kilo » et non des femmes et des hommes puis on met une pression abusive sur les ingénieurs en intercontrat pour qu’ils démissionnent lorsque l’entreprise va mal. Et lorsque les SSII seront vraiment au plus mal, ces situations d’abus se multiplieront chez les « vendeurs de viande ». Même les sociétés les plus responsables risquent d’être tentées par la facilité. Et l’image du secteur, déjà pas vraiment folichonne chez les jeunes diplômés, en prendra encore un coup ! Si bien que lorsque les beaux jours reviendront (2011 ?), les SSII seront bien en mal de faire face au rebond de la demande. Les jeunes diplômés, encore moins qu’auparavant, ne voudront pas s’y faire embaucher.

Que faire ?

A mon avis, celles qui s’en sortiront seront les SSII responsables, celles qui auront su se distinguer au mieux du lot des vendeurs de viande, celles qui auront su mériter non seulement la confiance de leurs clients mais aussi la confiance de leurs salariés et de leurs futures recrues. Une gestion prudente (pas d’embauche inconsidérée) et une commercialisation aggressive ne suffiront pas : les vendeurs de viande aussi peuvent le faire. Seules les SSII au comportement responsable et engagé dans une solidarité de crise sauront bâtir une réputation de fournisseur et d’employeur de confiance. Cette dimension d’engagement, c’est ce qu’on appelle la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), la déclinaison « entreprise » du développement durable.

Le problème avec la RSE, c’est ce que ça reste trop souvent de l’ordre du discours joli, des voeux pieux, de quelque chose d’un peu vague, aux contours mal cernés, ou bien encore d’effets de manches et d’image franchement déconnectés de la vie de l’entreprise. Au final, la RSE est vue comme quelque chose qui coûte cher losque l’on passe du discours aux actes, sans certitude du résultat sur la réputation de l’entreprise ni sur l’utilité sociale ou environnementale de ses engagements.

Dans les métiers du services informatique, la RSE devient encore plus compliquée et difficile à cerner : quels actes tangibles vont permettre d’exercer sa RSE et de mériter la confiance des marchés ? La tendance « Green IT » (informatique moins énergivore et moins polluante) concerne avant tout les grands centres de données, les éditeurs et les équipementiers. Que peut-on faire de réellement bien pour la planète lorsque l’on est dans l’économie de la matière grise plutôt que dans celle du silicone ? Inciter ses collaborateurs à moins imprimer ses mails ne mène pas très loin : au mieux quelques économies de consommation d’eau car l’industrie du papier consomme trop d’eau à ce qu’il paraît… Encourager ses salariés à faire du bénévolat, sur leur temps libre, c’est très bien mais, franchement, ça n’est pas très engageant pour l’entreprise ! Offrir à tous ses salariés une journée dans l’année à consacrer à une grande cause, sur leur temps de travail ? C’est très sympathique, mais l’utilité sociale (l’impact social disent certains) reste limité et, malgré tout, ça fait quand-même une journée de manque à gagner !

Depuis quelques années, le mécénat est pourtant bien la voie royale qui se dégage pour les entreprises en quête d’une meilleure RSE. (Vous voyez où je veux en venir depuis le début : je suis prestataire en mécénat informatique…). Et oui, le mécénat, c’est un engagement concret d’une entreprise auprès d’une grande cause. Une étude de Stanford auprès de 750 diplômés de MBAs conclut que ceux-ci sont prêts à sacrifier plus de 10% de leur salaire pour rejoindre une entreprise ayant une meilleure réputation en matière d’engagement citoyen, social et environnemental. Plus les jeunes diplômés sont qualifiés (écoles du groupe A par exemple), plus ils sont sensibles aux preuves concrètes que leur employeur peut leur présenter en matière de RSE. Et plus leur salaire est élevé plus ils sont, bien entendu, prêts à rogner un peu dessus, au profit d’un employeur plus généreux envers les autres, du moment que ce mécénat d’entreprise est réel, tangible, concret, loin des beaux rapports annuels et des effets de manche.

Oui mais… faire des dons à des associations humanitaires, ça coûte cher ! Et quand c’est la crise, on a plutôt envie de consacrer son argent à préserver un emploi plutôt qu’à envoyer des dons (et des emplois, aussi) à l’autre bout du monde. D’un autre côté, c’est aussi en période de crise que les associations de solidarité et de lutte contre la pauvreté, à l’étranger comme en France, ont le plus besoin de la solidarité des entreprises. Cruels dilemmes, non ?

Ma proposition : le wecena

C’est là que j’ai ma sauce à proposer : le wecena. En effet, je suis persuadé que les SSII dorment sur une mine d’or en matière de RSE : leurs intercontrats. Chaque jour, 10.000 à 20.000 consultants et ingénieurs sont en situation d’intercontrat en France. Mettons-les au service de l’intérêt général le temps de leur retrouver une mission !

En intercontrat, on doute, on stresse, on a envie de partir chez le concurrent pour voir si l’herbe est plus verte mais, crise oblige, on a peur de partir. Alors on reste, on se morfond et on a envie de râler contre cet employeur qui ne nous propose pas de mission à la hauteur de nos compétences. Alors on reste, on passe le temps en s’autoformant comme on peut, on cherche à se rendre utile dans la boîte ou bien à échapper à son commercial, c’est selon… C’est pas bon pour le moral en tout cas. Et pas bon non plus pour le portefeuille de l’actionnaire que d’avoir des salariés qui ne créent pas de la valeur.

Et si ces intercontrats pouvaient permettre à la SSII de mieux mériter confiance ? d’exercer sa RSE de manière exemplaire ? de rompre définitivement avec les « vendeurs de viande » qui sévissent encore sur le marché ?

Et si ces intercontrats pouvaient s’engager concrètement, grâce à leurs compétences professionnelles et à leur créativité technologique, au côté de ceux qui luttent contre la pauvreté, pour protéger l’enfance en difficulté, pour rendre l’éducation et le savoir accessible à tous, pour faire progresser les sciences… ? Et si il existait un moyen de faire en sorte que ces intercontrats mis au service des autres le soient « sans durée d’engagement », en restant disponibles à 100% pour une nouvelle mission commerciale et donc sans interférer avec le business et sans générer aucun manque à gagner ?

L’intérêt de mon offre de wecena, pour les SSII en crise, c’est d’exploiter au mieux leur capital humain en le mettant au service des Autres sans que cela ne lui coûte un seul euro et sans interférance avec les affaires. L’intérêt pour les SSII, c’est aussi d’exercer sa responsabilité et sa citoyenneté d’entreprise même lorsque l’économie est au plus mal, de  montrer que l’on reste présent aux côtés de ceux qui souffrent lorsque, soit-même, on n’est pas forcément au mieux de sa forme. C’est aussi une manière de goûter au mécénat à moindre coût et de se découvrir une âme (et une stratégie bien pensée) de philanthrope. C’est marier le coeur et la raison.

L’intérêt de ma proposition, pour l’ingénieur en intercontrat, c’est de se rendre utile auprès de clients d’un genre nouveau : les entrepreneurs sociaux et les acteurs de la solidarité. C’est de découvrir qu’à travers son métier, on peut donner un véritable coup de pouce, sur le terrain, à des causes qui le méritent. C’est goûter à l’engagement associatif et peut-être, un jour, devenir bénévole. C’est aussi de se rendre compte qu’avec ses collègues, on peut partager quelque chose de différent, de solidaire et d’utile, loin des considérations commerciales habituelles. Peut-être est-ce aussi apprendre à porter un regard nouveau sur son employeur ?

Conclusion, pour les SSII, c’est aussi la crise et c’est une bonne raison pour devenir mécènes, non ?

Je vous invite à modérer mon enthousiasme en réagissant via un commentaire ci-dessous, et à participer au wecena à votre niveau.

Que pensez-vous du wecena ?

J’ai mis sur le site du wecena un mini-sondage que je vous invite à compléter. Cela vous permettra de découvrir ce qu’est le wecena (le mécénat de compétences des SSII, pour ceux qui ne savent pas encore), de dire ce que vous en pensez et, surtout, de m’aider à faire connaîter le wecena auprès de vos collègues et amis informaticiens. A vot’ bon coeur M’Sieur Dame, cliquez ici s’il vous plaît.

Rescrit fiscal pour mécénat : est-ce vraiment une bonne idée ?

Le rescrit pour dons aux oeuvres ? En ayant lu le site mécénat du ministère de la culture et le guide juridique et fiscal de l’Admical (association pour le développement du mécénat), je pensais qu’il était recommendé pour les associations de suivre cette procédure. C’est en tout cas ce que recommendent les impôts. Une association qui veut faire bénéficier ses mécènes et donateurs d’avantages fiscaux peut demander au préalable l’avis de l’administration fiscale : « pouvons-nous émettre des reçus fiscaux pour dons ? ». C’est ce qu’on appelle une procédure de rescrit fiscal.

Son intérêt est que, si le fisc répond oui, alors l’association peut se prémunir de cette réponse et est donc théoriquement protégée contre toute procédure de redressement qui viendrait par la suite contester l’intérêt général de ses activités. J’avais donc tendance à recommander aux associations pour lesquelles je travaille de faire cette procédure de rescrit pour avoir l’avis des impôts sur leur situation.

Cependant, j’ai récemment rencontré un avocat expérimenté et spécialisé en fiscalité des associations. Et j’ai été surpris de son conseil :  » Associations, évitez la procédure de rescrit pour dons ! « 

Il raconte l’anecdote d’une association qui oeuvre pour les malades du sida. Le fisc leur a répondu :  » Vous n’êtes pas d’intérêt général car vos activités bénéficient à un cercle restreint de personnes : les malades du sida « .

En effet, le droit dit que si on bénéficie à un cercle restreint de personnes, on n’est pas d’intérêt général. Mais cette conditino a surtout été pensée pour des organismes tels que des clubs fermés, syndicats (défense d’intérêt « corporatistes ») ou les associations d’anciens élèves d’une grande école (idem, réseau a priori fermé). L’intérêt particulier n’est pas l’intérêt général.

L’asso en question ne savait plus trop quoi faire et pouvait être scandalisée de la réponse du correspondant associations de son centre des impôts. Cet avocat les a donc rassurés : les réponses des impôts aux procédures de rescrit sont fréquemment fausses voire abusives. Après tout, l’administration fiscale a pour rôle de veiller à ce que l’Etat ait plus d’argent, pas à ce qu’il le jette par les fenêtres, alors on aurait pu s’y attendre, non ? Donc l’asso a continué à émettre des reçus pour dons, en s’énervant (ou en se réjouissant ?) d’avance à l’idée du scandale médiatique qu’entraînerait toute procédure de redressement les concernant : les impôts oseraient-ils prétendre publiquement qu’aider des malades ne relève pas de l’intérêt général ??? Ils n’ont bien sûr jamais été embêtés.

Bref, le rescrit semble être une arme à double tranchant :

  • si on obtient un « oui » ou une absence de réponse au bout de 6 mois (ce qui équivaut à un oui), on n’est protégé que dans la mesure où le contenu du dossier est suffisamment bien ficelé pour que le fisc ne puisse pas dire, plus tard : « oui mais votre situation actuelle ne correspond plus à 100% à celle que vous aviez décrite dans votre dossier » ; autrement dit, on a intérêt à avoir préparé le dossier avec un avocat (ou un expert-comptable compétent)
  • et si on obtient un « non », il peut s’agir d’une réponse abusive, ce qui n’est donc pas si rare ; mais alors on s’expose à un risque additionnel en cas de litige car le fisc pourra alors prétendre que l’on a émis des reçus malgré l’avis formellement négatif du fisc et donc avec une volonté manifestement frauduleuse, ce qui augmente l’enjeu du redressement.

L’idéal pour l’association semblerait donc d’avoir un avocat dans sa manche (ou un budget pour faire appel aux services d’un avocat ou encore expert-comptable compétent et sûr de lui) et de se fier uniquement à l’avis de celui-ci :  » Sommes-nous d’intérêt général aux yeux de la loi oui ou non ? « 

Si oui, alors inutile de faire un rescrit, d’avoir à attendre 6 mois et de risquer de se faire reprocher d’avoir une volonté de frauder le fisc (en cas de réponse abusivement négative de sa part). Si non, alors on sait à quoi s’en tenir et inutile d’embêter le fisc avec ça : on ne travaille pas pour l’intérêt général.

Petite précision : vous aurez compris en regardant ce blog que je ne suis pas juriste (IANAL, comme on dit chez les anglophones) mais juste un ingénieur qui découvre ce monde magnifique (mais un peu compliqué) qu’est celui du droit fiscal !

Conclusion : Associations, commencez par demander l’avis de votre expert-comptable. Et ne croyez pas que la procédure de rescrit est obligatoire. Au contraire, mieux vaut parfois (toujours ?) l’éviter !

109 bébés et enfants de moins de 5 ans sont morts…

… dans des accidents de la route aux USA en 2002 faute d’avoir été protégés par un siège auto. 376 enfants ont eu la vie sauve grâce à leur siège auto. 109 n’ont pas eu cette chance. C’est ce qu’on peut lire dans cette étude statistique du ministère américain des transports (page 4). Heureusement, cette même étude montre que bien plus de 80% des enfants transportés aux USA cette année-là étaient déjà protégés dans un siège auto adapté à leur âge.

Mais pourquoi y a-t-il encore quelques pourcents d’irréductibles adultes qui pensent que l’on peut se passer d’un siège auto pour transporter un enfant en voiture ?! Je ne fais pas cet article en l’air mais sous le coup de l’énervement : toute ma famille ne semble pas comprendre l’importance des sièges autos… Dans ces conditions, difficile de se sentir complètement à l’aise lorsqu’on confie ses enfants à des proches le temps d’un week-end. Grrr… C’est comme les gens qui croient encore que le réchauffement climatique n’est pas le résultat de l’activité humaine, alors qu’il y a un consensus de la communauté scientifique sur ce point !

Pourtant (je reviens à l’efficacité des sièges auto), l’Organisation Mondiale de la Santé est formelle (page 26 du chapitre 3 du Rapport Mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la route) :

Du point de vue de la prévention des accidents mortels, les sièges d’auto pour enfants offrent une très bonne protection. Il a été démontré qu’ils contribuent à réduire d’environ 71% le nombre de décès de nourrissons et de 54% celui des jeunes enfants transportés en voiture.

Ce même rapport de l’OMS rapporte que les sièges autos tournés vers l’avant (réhausseurs et autres sièges « pour les plus grands ») réduisent de 60% les blessures graves. Les sièges tournés vers l’arrière (notamment pour les bébés) sont les plus efficaces (92% de blessures graves en moins).

Cette publication « L’enfant, victime de l’insécurité routière », de l’INRETS rapporte en particulier (page 23) qu’un enfant de 4 à 8 ceinturé voit son risque de blessure diminué de 38% (par rapport à un enfant sans ceinture). Dans un siège auto, il a encore 59% de risque de blessure en moins qu’un enfant avec ceinture mais sans siège auto ! La publication ajoute :

Les enfants de 5 à 9 ans utilisent de manière prématurée la ceinture de sécurité sans rehausseur. La ceinture ventrale est alors mal positionnée puisqu’elle passe au dessus des crêtes iliaques, au niveau abdominal. Lors d’un choc violent, en particulier frontal, le risque de lésions des organes intra-abdominaux (intestin, foie et rate) mais aussi de la colonne lombo-dorsale (lésions médullaires avec risque de paraplégie voire de tétraplégie en l’absence de ceinture diagonale) est alors important. C’est ce qu’on appelle le syndrome de la ceinture de sécurité.

Pour en savoir plus, le gouvernement français présente les dispositifs de protection adaptés à chaque âge.

Si vous connaissez de bonnes astuces pour convaincre grands-parents, oncles et tantes de l’importance des sièges auto, je suis preneur… J’essaie via cet article mais je ne suis pas sûr du résultat. :(

Chauffage résidentiel à air pulsé et VMC double flux

Une fois n’est pas coutume, parlons de mon chez moi et de mes soucis d’économie d’énergie et de facture de chauffage… Mon pavillon en région parisienne est chauffé avec une chaudière à air pulsé aircalo Languedoc 200m. C’est le cas de la majorité des habitants de mon quartier, à ce que j’ai pu voir. Des brûleurs à gaz naturel chauffent l’air qu’une pompe assez vigoureuse envoie dans un réseau de gaines près des plafonds. L’air est ainsi redistribué à grande vitesse dans toutes les pièces de la maison. Or j’aimerais améliorer la qualité de l’air (la pollution intérieure est source d’allergies et c’est pas cool pour les enfants) et diminuer ma facture de chauffage et ma contribution au réchauffement de la planète. Donc j’envisage l’installation d’une VMC double-flux. Le principe d’une VMC double-flux, c’est de récupérer l’air chaud et vicié des pièces humides (comme une VMC normale) et, avant de l’évacuer vers l’extérieur, d’en transférer la chaleur à de l’air frais pris dehors, puis de pousser cet air neuf et pré-chauffé dans ma maison. Dans l’idéal, cette VMC enverrait son air neuf dans le même réseau de gaines que celles de mon chauffage à air pulsé mais disposerait de son propre réseau de récupération de l’air vicié, depuis les pièces humides.

Problème : peut-on vraiment coupler une VMC double-flux et une chaudière à air pulsé pour qu’elles partagent le même réseau de distribution d’air dans les pièces (les mêmes tuyaux) ? Ce serait vraiment trop bête d’avoir 3 réseaux de gaines : un pour l’air vicié (c’est normal), un pour l’air neuf, et un pour le chauffage. En avoir deux me semble déjà pas mal encombrant (et coûteur à mettre en place) !

Sauriez-vous m’aider à trouver laquelle des solutions suivantes est la meilleure pour coupler une Languedoc 200m avec une VMC double-flux ? Ou à trouver une meilleur solution ? Ou à m’aider à renoncer à une VMC double-flux pour prendre une simple flux hygroréglable à la place ?

Solution 1, le simple clapet : brancher la sortie d’air neuf de la VMC double-flux sur le réseau d’air pulsé (chauffage) avec un simple clapet anti-retour sur la VMC et peut-être assez loin de la sortie de la chaudière (dans un emplacement à moindre pression, par exemple à l’étage alors que la chaudière est au rez-de-chaussée) et laisser la VMC risquer de « forcer » si le chauffage est en marche et que le clapet anti-retour empêche l’air de la VMC de sortir. Pas terrible pour la santé du ventilateur la VMC et pour ma facture électrique (plus forte consommation électrique, quand on « force ») ?

Solution 2, le couplage électrique : comme dans la solution 1, ajouter un clapet anti-retour pour éviter que la chaudière ne souffle à rebours dans la VMC puis coupler électriquement la VMC et la chaudière Languedoc 200m pour que la VMC s’arrête dès que la Languedoc se met en marche. Mais la Languedoc ou son thermostat permettent-ils de récupérer un signal électrique qui pourrait être envoyé sur la commande à distance d’une VMC double-flux ? Un petit accessoire électrique supplémentaire ferait-il l’affaire et où en trouver ? faudra-t-il passer un câble ou existerait-il une solution sans fil ?

Solution 3, le couplage Venturi : connecter la sortie d’air neuf de la VMC dans la gaine de sortie de la chaudière à air pulsé en ajoutant, à l’intérieur de la gaine, une plaque ou un rétrécissement qui, par effet Venturi, va créer un appel d’air suffisant pour que la VMC puisse souffler dans la même gaine même lorque la chaudière est en marche malgré le fait que la chaudière génère une pression supérieure à la pression de sortie de la VMC ; faut-il dans ce cas ajouter un clapet anti-retour sur la sortie d’air pulsé de la chaudière pour éviter que l’air ne circule « à l’envers » dans celle-ci lorsque elle est à l’arrêt et que la VMC met un peu de pression ? un tel clapet anti-retour sur la sortie d’air pulsé du chauffage ne va-t-il pas créer une perte de charge trop importante ? idem pour le rétrécissement pour le Venturi ? La pompe de la chaudière pourra-t-elle supporter cela et garder son efficacité ?

Solution 4, « à l’américaine »: brancher la sortie d’air neuf de la VMC (heat recovery ventilor ou HRV en anglais) sur l’entrée d’air de la chaudière à air pulsé (forced-air furnace) plutôt que sur sa sortie et laisser le ventilateur de la chaudière fonctionner en permanence à faible vitesse (et sans chauffage, brûleurs éteints) pour laisser l’air se distribuer dans le réseau, en passant d’abord au travers de la chaudière; l’inconvénient, c’est un surplus de consommation électrique car la pompe de la chaudière tourne alors en permanence (peut-être un surcoût d’un peu moins d’un euro par jour ?) …

Ce rapport de recherche canadien semble suggérer que les solutions 1 à 3 ne sont pas terribles du point de vue quantité de ventilation dans les pièces et que, de toutes façons, c’est super dur d’arriver à trouver une bonne solution. D’un autre côté, les ventilateurs des double-flux américains (les HRV) ne semblent pas dimensionnés pour distribuer par eux-même l’air dans toute une maison mais juste pour alimenter l’entrée d’air d’une chaudière à air pulsé. Alors la situation est-elle réellement comparable ? D’autant moins que les contraintes climatiques ne sont pas les mêmes au Canada et en région parisienne…

Quelques autres liens instructifs au sujet des couplages chaudière/VMC double-flux :

  • la brochure technique de cette double-flux de chez Aldes distingue trois modes d’installation : fully ducted (la double-flux possède son propre réseau), half-ducted (le réseau d’alimentation ou de distribution de la double-flux est partagé avec le chauffage) et fully integrated (la double-flux utilise le réseau de gaines de chauffage à la fois pour son alimentation et pour la distribution). Dans mon cas, je serais probablement en half-ducted (réseau d’aspiration/alimentation indépendant). Ou sinon fully integrated (je pompe et je souffle dans la gaine de chauffage) ?
  • la documentation d’installation de certaines double-flux commercialsiées au Canada parlent d’un couplage soit sur le circuit d’entrée de la chaudière soit sur le circuit de sortie (utilisant l’effet Venturi ?), avec ou sans couplage électrique,
  • la page 15 de la documentation d’installation de cet ERV (double-flux avec échange d’humidité) de chez Fantech (de même que la page 16 de la doc de ce « TRV » de chez Lifebreath, probablement du même fabricant) montre un beau schéma de couplage avec chaudière à air pulsé dans laquelle la sortie de la VMC est branchée sur la sortie de la chaudière, option qui m’intéresse car je n’ai pas, à proprement parler, de circuit d’entrée de la chaudière à air pulsé vu qu’il s’agit principalement d’une grande grille qui prend l’air de la pièce d’entrée de la maison avec complément d’air frais ; je trouve juste curieux que, dans cette documentation, ils disent qu’avec ce type de montage, il faut soit que la pompe de la chaudière tourne en permanence soit que VMC et pompe soient couplées électriquement (pour fonctionner en même temps je suppose) ; pourquoi ne pas mettre un clapet anti-retour sur la sortie de la pompe de la chaudière et se passer de couplage électrique ?
  • Ce rapport de recherche indique que l’économie d’énergie de chauffage obtenue par la double-flux est annulée par le surplus de consommation électrique de la pompe de la chaudière lorsque la sortie d’air de la VMC est branchée sur l’entrée d’air de la chaudière et que la pompe de celle-ci fonctionne en permanence pour distribuer l’air.
  • Il y a une discussion de 50 pages au sujet des avantages et inconvénients des double-flux, sur futura-sciences ! pioufff… trop d’info tue l’info…

J’aurais pensé que, disposant d’un réseau de chauffage à air pulsé, j’étais dans la situation idéale pour installer une double-flux à moindre frais (puisque moins de besoin de main d’oeuvre si j’utilise les gaines existantes) et faire ainsi un bon geste pour l’environnement. Mais la partie ne semble pas gagnée. Tiens, je vais demander l’avis à aircalo, le constructeur de ma chaudière…

Participez au wecena

Si vous pensez que les entrepreneurs sociaux, les associations d’intérêt général les plus innovantes et la recherche scientifique publique devraient disposer d’une « armée » d’ingénieurs et consultants volontaires pour les aider à rendre le monde meilleur, alors vous pouvez m’aider en participant au wecena :

  • Dites-moi ce que vous pensez du wecena, via un commentaire sur mon blog perso ou sur votre propre blog qui sera repris sur planète wecena : dites-moi que vous aimez ce que je fais et que vous m’encouragez, que vous détestez ce que je fais, que vous ne comprenez pas le wecena, que vous aimez les films de gladiateurs… dites-le.
  • Aidez-moi à lever 60 000 dollars pour faire décoller le wecena, financer des embauches et accélérer le développement: je suis candidat à un concours de projets organisé par une association américaine et j’ai besoin que vous relisiez et commentez les éléments de ma candidature, en anglais, pour l’améliorer (avant le 1er décembre 2008 !)
  • Mettez-moi en relation avec d’autres porteurs de projets informatiques d’intérêt général : j’ai publié un appel à projet, vous pouvez le faire connaître en le transmettant à vos amis informaticiens ou responsables d’associations ayant des besoins informatiques, vous pouvez me contacter pour me signaler tout projet qui mériterait de recevoir des équipes gratuites d’ingénieurs en wecena
  • Mettez-moi en relation avec d’autres dirigeants de société de services en informatique (SSII) : je leur présenterai tous les avantages que représente le wecena pour leur société et leur expliquerai pourquoi cette forme innovante de mécénat est le meilleur moyen pour booster leurs efforts de recrutement et de fidélisation des ingénieurs, pour créer de la cohésion interne autour d’un développement durable « de terrain ». Je leur expliquerai pourquoi le wecena ne leur coûtera pas un seul euro (ce qui ne les empêchera pas de donner plus encore, si ils le souhaitent) je vous rendrai des comptes sur l’avancement de ces contacts.

Le wecena remporte le 1er prix du concours Antropia de l’ESSEC

Le wecena a remporté le premier prix du concours d’entrepreneuriat social d’Antropia, l’incubateur d’entreprises de la chaire d’entrepreneuriat social de l’ESSEC et de la Caisse d’Epargne. C’était vendredi dernier (10 octobre 2008), à l’occasion de la journée de l’entrepreneuriat social organisée à Paris par le réseau associatif Ashoka. Antropia, en tant que contributeur a cet évènement avait invité les porteurs de projets d’entrepreneuriat social à présenter leurs idées à l’aide d’un petit questionnaire : quel problème de société le projet vise-t-il à résoudre ? de quelle manière ? comment en assurer la viabilité économique ?

C’est donc mon concept du wecena qui l’a remporté. Le wecena est une forme innovante de mécénat de compétences en informatique pour mettre gratuitement les ingénieurs en informatique au service des meilleurs projets d’intérêt général portés par le monde associatif. Le prix remporté ? Une journée gratuite d’expertise par les enseignants et experts de l’ESSEC pour m’aider à faire décoller ce projet.

Mécénat open source

[J’ai la flemme de faire un nouveau billet alors je remets celui-ci à jour, en gras.] Ce lundi 13 octobre [puis, après report, ce lundi 20 octobre], Nicolas Sarkozy devrait rendre public le rapport « Plan Numérique 2012 » d’Eric Besson, le secrétaire d’Etat français en charge du développement de l’économie numérique. [Finalement, c’est Eric Besson qui a fait la présentation car M. Sarkozy était occupé par l’actualité de la crise financière]. L‘une des mesures phares consisterait [aurait pu consister] à faire bénéficier du régime fiscal du mécénat toute contribution aux logiciels libres. Cette recommandation reprendrait alors [aurait alors repris] celle formulée par Jacques Attali dans son rapport sur les freins de la croissance.

[Finalement, le gouvernement a préféré éliminé du rapport toute proposition relative aux logiciels libres, ce que je regrette, comme l’April.]

Si cette [une] recommandation [de ce type] est un jour traduite dans la loi (et il faut [on aurait pu] l’espérer), cela signifierait que toute entreprise distribuant sous licence libre les résultats de certains de ses travaux pourrait bénéficier d’une réduction d’impôt nette de 26,67% de la valeur de ces travaux (60% moins le surplus d’impôt sur les sociétés qu’il faudra alors payer sur la valeur de ce don) et un peu plus encore dans le cas des très petites entreprises (car l’impôt sur les sociétés y est plus bas). La valeur des contributions est habituellement égale à leur coût de revient (rémunération et charges sociales des développeurs, au prorata temporis), dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires de la société contributrice. Cette économie d’impôts est reportable sur 5 ans en cas de dépassement du plafond ou de résultats négatifs.

Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ?

Le mécénat open source serait, à mon avis, une excellente nouvelle pour les communautés du libre puisque cela inciterait les sociétés utilisatrices et les sociétés de service à porter encore plus d’attention à l’importance de leur engagement open source et les encouragerait à partager davantage de leurs travaux. Mais ce serait aussi un bel espoir pour l’industrie française des services informatiques qui pourrait ainsi s’afficher en première place mondiale des pays soutenant le plus l’informatique libre. On pourrait même espérer que le dispositif soit étendu aux contenus libres, au cinéma open source, à la science libre, à l’architecture libre… Bref, ce serait une belle évolution de l’économie de la propriété intellectuelle.

Cependant, les SSII et certaines communautés du libre ignorent sans doute qu’elles peuvent dores et déjà se lancer dans le mécénat open source, sans attendre de nouvelle loi. En effet, la loi actuelle sur le mécénat impose « seulement », comme condition supplémentaire, que le projet open source soutenu par un mécène soit d’intérêt général. Un projet est d’intérêt général lorsqu’il est non lucratif (non commercial, à nette utilité sociale), à vocation philanthropique, humanitaire, éducative, scientifique, sociale, culturelle ou environnementale (etc.) et lorsqu’il est piloté par une organisation (par exemple une association) dont les véritables dirigeants ne sont pas rémunérés (gestion désintéressée) ou bien encore lorsqu’il s’agit d’un projet de recherche se traduisant par une thèse de doctorat.

C’est pourquoi j’ai créé une entreprise dont la vocation est de faire avancer les projets informatiques d’associations d’intérêt général en leur donnant accès au mécénat de sociétés de services informatiques.

L’important, à mes yeux et à ceux des SSII que je mobilise comme mécènes de ces associations, est que le projet soutenu ait un véritable impact social: qu’il change la vie de personnes en difficulté, qu’il rende efficacement le monde meilleur, bref que ce ne soit pas qu’un projet cool du point de vue technologique mais aussi du point de vue social, environnemental ou culturel. La loi actuelle sur le mécénat favorise déjà cela avec le mécanisme fiscal décrit plus haut. Et de plus en plus d’associations d’intérêt général appuient toute leur stratégie de croissance sur les technologies du libre, en tant que créatrices/contributrices du libre ou en tant que simples utilisatrices.

Bref, sans attendre le plan numérique 2012, communautés du libre et sociétés de services soucieuses de leur responsabilité sociale (développement durable) peuvent déjà se lancer dans l’aventure du mécénat informatique. Pour cela, elles peuvent s’appuyer sur l’effort fiscal consenti par l’Etat à travers la loi de 2003 sur le mécénat et… sur moi !

Wow, 10 millions de dollar pour rendre le monde meilleur

C’est Noël ? C’est la surenchère ? Nokia promet 150 000 dollars dans un concours d’idées d’applications innovantes et solidaires. Et voilà-t-y pas que Google en promet 10 millions, pour réaliser les cinq de vos projets qui sont les plus susceptibles de rendre le monde meilleur. De quoi être époustouflifié même quand on sait que la X-Prize foundation envisage des concours d’innovations avec des récompenses allant de 100 millions à 1 milliard de dollars ! Google est d’ailleurs un membre actif des concours de cette fondation.

Allez, avec un peu de chances, j’aurai peut-être le plaisir d’offrir un lot de consolation à quelques innovateurs solidaires français ? Quelques équivalents-temps plein d’ingénieurs et consultants informaticiens, gratuitement, pour votre projet d’intérêt général, ça vous tente ?

Au passage, je remercie Monsieur D., de Chambéry d’Albertville, qui a bien voulu me signaler cette initiative de Google que j’avais loupée. Monsieur D. est parfois timide alors il m’avait contacté par mail plutôt que via un commentaire sur ce blog. ;-)

150 000 dollars pour l’innovation technologique à vocation sociale ou environnementale

Nokia lance un concours pour développeurs d’applications solidaires pour téléphones portables. 150 000 dollars seront offerts aux développeurs des applications mobiles qui seront les plus susceptibles de rendre le monde meilleur. N’oublions pas que les populations des pays du tiers-monde sont bien plus équipées en téléphones portables qu’en ordinateur, par exemple.

Alors, forcément, ça me donne envie d’en rajouter une couche. C’est pourquoi je propose aux candidats français de ce concours de bénéficier du wecena pour développer leur projet : je vous propose gratuitement les compétences de nombreux ingénieurs et consultants, au titre d’une forme innovante de mécénat, le wecena. Les conditions à remplir sont détaillées dans mon appel à projet. Dans le cas d’un concours comme celui de Nokia, cela veut avant tout dire qu’il faut déclarer en préfecture une association d’intérêt général en France pour porter le projet, ou s’associer à une association existante.

via WorldChanging

Un bug et, hop, United Airlines fait faillite ?

Cet article édifiant de Revealing Errors raconte comment United Airlines vient de frôler la faillite lorsque, suite à un bug, des automates informatiques (relayés par des traders peu attentifs) ont propagé sur toute la planète une rumeur selon laquelle… United Airlines était en train de faire faillite !

De quoi faire boule de neige, déclencher une petite panique boursière et faire évaporer une partie significative de la capitalisation de cette société… Le tout en quelques minutes seulement.

Morale de l’histoire ? Je ne sais pas… Et vous ?

Empruntez un arabe…

… ou empruntez un juif ? un néo-nazi ? un catho ? une bourge ? un djeun de la té-ci ? un patron ? une RMIste ? un ancien combattant ? un homo ? un flic ? un ex-dealer ? une handicapée ? Vous pouvez l’emprunter (gratuitement) à la bibliothèque du coin, pour 30 à 45 minutes de discussion franche et sans tabou. C’est le concept que propose les « Living Library ».

En plus de prêter des bouquins, certaines bibliothèques vous proposent d’emprunter des personnes. L’objectif est de vous permettre de rencontrer des personnes, des cultures et des savoirs auxquels vous n’auriez pas accès « dans la vie courante », histoire d’aller voir au-delà des préjugés et de rencontrer l’autre. Histoire d’explorer la diversité humaine dans un lieu neutre et sans risque : 30 minutes de discussion à la bibliothèque.

Le concept est original et expérimenté dans divers endroits à travers le monde : aux USA, en Suède, au Canada, en Australie et en Grande-Bretagne. Mais rien en France ??? Si la médiathèque de ma ville se lançait dans ce jeu-là, je n’hésiterais pas à jeter un coup d’oeil à leur catalogue, voire à me « proposer à l’emprunt » dans les catégories « un geek », « un ptit bourge », « un entrepreneur », « un papa de triplés »… :-)

Ces initiatives me rappellent ce que fait depuis de nombreuses années, dans un style un peu kitsch mais très pionnier (à l’époque…), sans jamais vraiment « décoller » ni se marier vraiment avec l’Internet, le mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs. Dans un registre différent, cela me fait aussi penser à ce que font certaines startups qui proposent aux personnes de monnayer le temps passé avec elles au téléphone : conseil de bricolage ou d’informatique, soutien scolaire ponctuel, voyance, astrologie, téléphone rose !

J’imagine que, pour une bibliothèque municipale moyenne, il « suffirait » de lancer un appel aux associations locales en leur demandant si elles ont des préjugés à faire tomber et donc des personnes-livres à « prêter » pour des entretiens de 30 minutes chaque. La municipalité pourrait en faire un événement sur un week-end au cours duquel se feraient les « emprunts » (discussions), dans les locaux de la bibliothèque.

Au-delà d’une formule événementielle, l’idéal serait quand-même d’avoir un système d’information public par le biais duquel les bibliothèques adhérentes non seulement accèderaient à un catalogue des personnes « empruntables » dans les environs (pour le proposer à la consultation dans leurs locaux et avec leur assistance) mais aussi aideraient les « demandeurs » à faire leur choix et à s’inscrire dans l’agenda des personnes qui se proposeraient à l’emprunt. Sans obligation de réciprocité. (Ma pub: si une association avec les reins un peu solides était intéressée par un tel projet, je pourrais lui fournir gratuitement les ingénieurs pour réaliser toute la partie technique de ce projet).

Bref, je trouve que c’est une idée sympa et à laquelle j’aimerais bien goûter dans une humanithèque près de chez moi.(Oh mais j’y pense, c’est ATD Quart-Monde qui devrait se lancer là-dedans, pour apprendre aux moins pauvres et aux plus pauvres à mieux vivre ensemble, en commençant par s’emprunter dans une bibliothèque ? ouais, non, c’est pas forcément une bonne piste…).

Je pense aussi à tout le savoir et la richesse de nos petits et grands vieux et au plaisir qu’a mon grand-père à ressasser les épisodes les plus remarquables de sa carrière militaire… Peut-être qu’il serait prêt à aller jusqu’à la bibliothèque municipale, certains samedis, pour répondre à la curiosité d’éventuels emprunteurs ? Mais est-ce qu’il y aurait des emprunteurs ? Les « best-sellers » seraient peut-être plutôt un ex-taulard ? une jeune femme qui porte le tchador (ou la burqa ?) ? … A votre avis, quels seraients les best-sellers si une humanithèque ouvrait prêt de chez vous ?

[via Designing for civil society], voir aussi cet article du Times