Archives mensuelles : septembre 2010

Envie de jouer à l’entrepreneur social ?

Parfois, vous rêvez de vous lancer dans une création d’entreprise ? Qui plus est une entreprise à vocation sociale, pour rendre le monde meilleur ou aider les plus démunis ? Je vous propose de jouer avec moi à l’entrepreneur social en m’aidant à déterminer, sur laquelle des 13 pistes de développement ci-dessous je devrais concentrer l’essentiel de mes efforts. L’objectif est de trouver ensemble le meilleur moyen pour développer les pratiques de mécénat de compétences en entreprises (don de temps de travail au profit d’une association) et, plus particulièrement, de développer le wecena (don de leurs intercontrats par les SSII).

Lisez puis votez pour la piste qui vous paraît la plus prometteuse en laissant un commentaire à la fin de cet article ! Je réunis en octobre un jury composé d’experts en management des SSII et en mécénat de compétences (il s’agit de mon comité consultatif stratégique). Ils désigneront avec moi la piste qui deviendra ma priorité principale pour les semaines à venir. Vous saurez ainsi si vous avez parié sur la piste la plus prometteuse mais, surtout, vos votes et commentaires influenceront ce jury. Ils influenceront aussi peut-être les autres structures qui, comme wecena, essaient de développer le mécénat de compétences (je pense notamment à Mecenova, Koeo, l’Admical, …). Alors participez, commentez !

Le problème

Comment obtenir plus de volontariat en intercontrat de la part des SSII ? Ce problème se décline de différentes manières :

  • comment obtenir un plus grand nombre de volontaires ?
    • soit en convaincant plus de SSII
    • soit au sein des SSII déjà partenaires de Wecena mais qui ne mobilisent pas tous leurs intercontrats
  • comment obtenir des volontaires mobilisés à temps quasi-plein plutôt qu’à temps très partiel ? (en fonction de leur motivation)
  • comment obtenir des volontariats plus longs, non pas en terminant plus tard (le retour en mission lucrative reste prioritaire) mais en commençant plus rapidement dès le premier jour d’intercontrat (optimisation des process et réactivité) au lieu d’attendre plusieurs jours avant le début du volontariat ?

Les pistes

J’ai identifié 13 pistes et j’hésite dans la détermination de la piste sur laquelle concentrer mes efforts. Sur laquelle de ces pistes seriez-vous prêt à parier mon temps et mes efforts ?

  1. Renforcer l’animation du volontariat
    • en animant le volontariat comme un jeu (serious game),
    • en mettant en avant des scores de résultat social (par exemple : « combien de fois les livres que j’ai adapté en braille en tant que volontaire ont été lus par des personnes aveugles ? »)
    • ou d’impact social (par exemple : « les adaptations d’exercices de maths que j’ai faites pour les enfants dyspraxiques ont une valeur de 1.324 euros aux yeux de leurs parents ») via la méthode SROI,
    • en mettant en place une notion de « niveau d’expérience », de difficulté des tâches et de progression des volontaires (comme dans les jeux video ou jeux de rôles)
    • c’est amusant, innovant et prometteur, mais c’est risqué et pas forcément faisable
    • en faisant des endorsements/recommandations/remerciements systématiques via les réseaux sociaux Viadeo, Linked In, Facebook
    • en animant, avec du contenus (interviews, video, …) des groupes de volontaires via les social media, organisé par projet associatif ou par entreprise d’appartenance
    • en systématisant les interviews/demandes de témoignage des volontaires
    • mais ça demande beaucoup de temps
    • en facilitant le bouche à oreille entre collègues pour mobiliser d’autres intercontrats, voire pour introduire le wecena chez le prochain employeur du volontaire (en cas de démission/licenciement pendant l’intercontrat)
    • le bouche à oreilles semble bien marcher aujourd’hui
  2. développer un réseau de prescripteurs parmi les élèves et anciens élèves des écoles d’ingénieur en informatique
    • par exemple en organisant un mini-défi pour élèves ingé au profit des associations soutenues
    • en mobilisant des junior entreprises pour faire du marketing auprès des anciens via les annuaires des anciens
    • comme lors de notre mini-défi organisé avec les élèves de l’ENSEIRB
    • mais peu d’anciens sont dirigeants de SSII et les junior entreprises ont un coût et l’organisation d’animation pour étudiants prend beaucoup de temps pour des résultats incertains
  3. développer un réseau de prescripteurs via les instances représentatives du personnel en SSII

    • comités d’entreprises
    • CHSCT
    • DP
    • sections syndicales
    • mais les syndicats ont-ils réellement une influence sur les DRH et les DG ? et si cette influence était plutôt négative ?
  4. développer un réseau de prescripteurs parmi les acheteurs de prestations informatiques chez les grands comptes des SSII
    • « le client est roi » et donc influent mais c’est assez indirect et les SSII se méfient de l’importance réelle accordée au critère RSE dans les politiques achats de leurs clients (« est-ce vraiment important à leurs yeux ? »)
    • les acheteurs mettent déjà une pression monstrueuse sur les SSII, faut-il vraiment leur demander d’en faire plus ou autrement ?
    • qu’est-ce que le mécénat de compétences à côté d’un discount de 3%
    • est-ce vraiment faisable et efficace ?
  5. développer un réseau de prescripteurs parmi les prestataires de formation pour informaticiens
    • la formation est une priorité en intercontrat et une pratique courante
    • le mécénat de compétences comme première expérience pratique sur un cas réel ?
    • potentiellement très attractif pour certaines SSII mais les associations ne sont pas là pour essuyer les plâtres des apprentis
  6. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en mécénat ou responsabilité sociétale et environnementale (RSE)
    • mais les SSII représentent justement une part infinitésimale du secteur du conseil en mécénat et RSE
  7. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en stratégie RH et notamment stratégie recrutement
    • mais il faut bien distinguer les recruteurs et les consultants en stratégie RH et ont-ils un vrai pouvoir de prescription sur la gestion de l’intercontrat ?
  8. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants positionnés sur la niche des directions générales des SSII
    • très peu nombreux ?
  9. développer un réseau de prescripteurs via les fédérations professionnelles (Syntec Informatique, 3CSI)
    • bonne relation à renforcer avec Syntec Informatique mais effet très limité jusqu’à présent
  10. créer une petite carotte fiscale en réduisant les prestations aux associations et en laissant les SSII mécènes conserver une partie des économies d’impôts mécénat
    • diminuer de 2,5 ¤ le volume d’assistance aux associations pour faire gagner 1 ¤ seulement aux SSII (car on perd alors le levier fiscal du mécénat), est-ce vraiment judicieux ?
    • il y a un risque potentiel d’abus de droit fiscal en fonction de la motivation des SSII (la carotte est-elle une raison essentielle pour eux ou non ?)
    • ça peut être efficace pour ouvrir les portes ?
  11. renforcer la prospection directe
    • faire tous les salons emploi informatique pour les premiers contacts avec des RH en SSII
    • relancer plus activement les SSII au téléphone et professionnaliser mes techniques de « vente »
    • prendre un stagiaire commercial
    • tenter un publipostage aux DRH des SSII de taille moyenne ?
  12. rassurer davantage sur le plan fiscal
    • en améliorant/clarifiant mes supports de présentation du calcul de l’économie d’impôts mécénat
    • en packageant une étude avec une grande marque du droit fiscal
  13. monter des projets associatifs plus attractifs
    • des thèmes plus « sexy » (projets à caractère humanitaire ?)
    • des projets plus en lien avec les compétences métier hors développement
    • avec des « grandes marques » associatives grand public (Croix-Rouge Française, Restos du Coeur, …)

Voici pour les 13 pistes. J’ai trop tendance à courir 13 lièvres à la fois. Lequel devrais-je courser selon vous ? Qu’en pensez-vous ?

Entrepreneurs en communion

Lutter contre la pauvreté et faire de l’entreprise un lieu d’amour, de partage et don. Voici des objectifs des entrepreneurs de l’économie de communion. L’an dernier, certains d’entre eux se réunissaient, en France, pour faire un point et partager. Avec beaucoup de retard, je retranscris ici quelques témoignages notés lors de ce séminaire :

La transparence

Un promoteur : Dans mon activité, j’achète des maisons à démolir. Elles sont voisines mais je les achète à des prix différents. Il y a bien sûr négociation sur les prix. Et, sur certains projets, je promets une prime de performance secrète aux meilleurs partenaires. Mais ces partenaires sont aussi des voisins. Et, lorsque les secrets sur les primes sont levés, cela créé des jalousies, des tentatives de renégociation, des convoitises. Je me demande comment gérer ces situations. Faut-il couper la poire en 2 ?

Un artiste : Le secret est illusoire.

Un recycleur : La transparence totale, ce n’est pas facile. Mon objectif à moi, c’est de créer de l’emploi. Ce n’est pas la pratique habituelle dans le secteur car plus les volumes de recyclage augmentent plus la tentation est forte de réduire la main d’oeuvre. Notre politique, c’est donc d’être transparent et de « jouer » sur le relationnel avec les fournisseurs. Mes concurrents, ce sont de grands groupes qui ne sont intéressés que par le profit. Mais moi, je maintiens mes prix au-dessus des prix du marché. Mes fournisseurs ont peur que des grands groupes, si ils obtiennent une situation de monopole, se mettent à imposer leurs prix à la baisse.

On a mis en place une forte stratégie de traçabilité, c’est super pour offrir de la transparence. Mon rêve, ce serait d’arriver à créer un écosystème local dans lequel les produits de nos clients (fabriqués à nos matériaux recyclés) termineraient leur vie comme matière première de nos fournisseurs.

Le juste prix

Un artisan du Sud : Vera dit que l’économie de communion doit être plus productive pour se développer. Mais comment passer le cap des 5 ou 10 salariés ? J’ai négocié mes accords commerciaux 2010 avec un de mes distributeurs de produits bio, il a accepté et il y a eu un miracle : il ne m’a fait aucune demande de remise de fin d’année car il aime notre relation et notre attitude partenariale !

Un grossiste : Si tu te développes, c’est bien car tu développes aussi l’économie de communion. Mais, en même temps, tu nuis au concurrent si tu es sur un marché saturé et qui n’est pas en croissance. Par exemple, sur mon marché, le leader vient de déposer le bilan.

Un industriel du Nord : L’important, c’est de se développer de façon juste. La fin ne justifie pas les moyens donc le développement de l’entreprise ne peut pas être justifié par le développement de l’économie de communion, ce n’est pas suffisant. Qu’est-ce qu’un prix juste ?

Un grossiste : Celui sur lequel on s’accorde ?

Un industriel du Nord : Je viens justement de perdre un marché en cours de négociation car j’ai refusé de poursuivre des enchères sans fin…

Un grossiste : C’est plutôt normal de vouloir enchérir à la baisse pour emporter un marché. Maintenant, un client qui ne négocie pas sans fin et accepte les prix initiaux, c’est bien … Mais quand un nouvel entrant propose un prix plus bas, je préfère une ré-ouverture des négociations ! Par exemple, mon prix initial était juste mais il pouvait s’ajuster encore un peu. La question n’est pas « quel est le prix juste ? » mais plutôt « quel est le bénéfice juste ? » alors qu’on veut justement maximiser le bénéfice [pour l’offrir aux plus pauvres]. Je témoigne actuellement pour l’économie de communion dans un lycée. Et on me demande « Est-ce que la recherche de bénéfices dans l’économie de communion peut justifier des sacrifices sur les salaires ? ». Ca, c’est une vraie question !

Un artisan du Sud : La justice précède l’amour ! Avant de penser au partage avec les pauvres, il y a la justice sociale. L’exigence de l’économie de communion, c’est de devoir être plus créatif. Par exemple, il faut trouver des solutions financières créatives pour couvrir ses achats de matières premières (risques de fluctuation des cours sur les matières premières). »

Un paysagiste, soutenu par un assureur : Béni le concurrent qui vient de gagner l’affaire ! Je travaille avec un architecte qui vit mal de ses études. Je sais qu’avec certains concurrents, il demande donc des marges arrières ou une commission d’apporteur d’affaire. Moi, l’opacité de ce mode de fonctionnement (vis-à -vis du client) me gêne. Il le sait. Alors il n’a pas osé me proposer cette technique. Ca m’a touché !

Un recycleur : Moi aussi, je suis mal à l’aise de cette tension entre salaires et bénéfices…

Un paysagiste : Il ne faut pas trop s’en faire non plus : peut-être que ton salarié va faire un don à son tour, avec son augmentation ?

Une consultante : Pour moi, les bénéfices, ce sont vraiment les surplus. Et le plus important, ce n’est pas le don lui-même mais le désir du don dans la liberté.

Chacun sa crise

Un promoteur : En 2008, j’ai failli mettre la clef sous la porte car mon marché était en crise. Mais je n’ai pas licencié grâce à la loi d’aide à l’accession à la propriété.

Une apicultrice : J’ai embauché un saisonnier agricole sur un contrat précaire (pas d’ASSEDIC pour lui !). Notre état moral était dramatique en fin de saison. L’interlocutrice des administrations que j’avais au bout du fil a réalisé la situation. Comment faire un contrat annuel pour cet ouvrier ? Mon comptable me dit que mon entreprise n’a aucun intérêt à « déprécariser » cet ouvrier agricole !

Le problème de mon entreprise, ce n’est pas le manque de client, au contraire : je refuse un client par semaine faute de marchandise ! Les clients sont très contents des produits. Par exemple j’ai eu une commande d’un client suisse. La DGCCRF a fait une analyse de mon miel en labo et les résultats étaient tous positifs alors le client a pris la peine de me remercier. Non, mon problème, ce sont mes ouvrières ! Mes populations d’abeille se sont effondrées. C’est la grève générale !

La marge, le bio et la qualité

Un artisan du Sud : Nous avons une nouvelle gamme bio qu’on a lancé avec un positionnement haut de gamme et qualité. On a pris une super raclée car nous ne sommes pas les premiers et l’offre concurrente sur ce segment est trop large. Alors nous nous sommes remis en question et avons décidé de faire plus attention à la concurrence. On avait trop envie d’une marge plus grosse. Finalement, on a décidé de garder la qualité et de casser les prix pour chercher des gros volumes.

Nous n’avons pas de scrupules à adopter cette stratégie par rapport à la concurrence car la marge médiane du secteur est trop élevée. Nous voulons « proposer un prix honnête pour de la qualité ».

Un agriculteur : Moi, je ne vais pas baisser mes prix car il y a plein d’amour et de savoir-faire dans mes produits. Les consommateurs n’achètent pas qu’un produit mais aussi un savoir sur le produit (savoir comment il est fait). Les consommateurs ne sont pas prêts à payer vraiment plus cher pour du bio, ils vont au moins cher.

Un recycleur : Mon fils est agriculteur. Pour pouvoir vendre du bio (plus cher à produire), il invite ses clients à venir arracher les mauvaises herbes le samedi et il en profite pour leur expliquer le produit.

Innover en cohérence

? : Beaucoup de nos questions sur les alternatives, les tensions entre les contraires et les justes compromis se sont résolues par un sursaut de créativié. Dans ma paroisse, je parle souvent de cette approche de l’économie de communion. J’aimerais qu’on témoigne plus souvent et plus largement, et pas simplement à l’occasion de grands colloques. On devrait valoriser plus largement la créativité des entrepreneurs de l’économie de communion.

Une consultante : Et leur recherche de cohérence.

Un promoteur : Les bâtiments « basse consommation », ça coûte plus cher. Est-ce trop cher ? Ca coûte plus cher en matière grise (bureaux d’études) mais pas en matériaux de construction. Alors, il y a un peu plus de risque et il y a les habitudes, du coup on peut hésiter à se lancer sur ce créneau et préférer rester accrochés à ses vieilles pratiques de constructions. Innover, c’est aussi se battre contre soi-même.

Un artisan du Sud : L’économie de communion est à inventer dans l’entreprise mais aussi dans notre métier : ça demande des compétences en marketing et de la matière grise.

Un minier : Il y a un projet de TGV proche de notre carrière de sable et gravier. Alors on se demande si on ne devrait pas investir sur une centrale à béton sur notre carrière vu qu’on a déjà 50% de la matière première et je pourrais vendre 25% de ma production à la cimenterie proche. Mais pour rentabiliser cette centrale, il faudrait piquer des marchés locaux voire concurrencer mes clients… Est-ce la meilleure chose à faire ? Pour me développer, je dois choisir entre concurrencer ou innover en proposant de nouveaux produits de construction. Pas facile…

Un recycleur : Pourquoi je bosse ? Pas pour gagner mais pour créer ! Pour le plaisir de sortir de nouveaux produits.

Une hôtellière : Ma nouvelle activité, depuis 2009 (chambres d’hôtes + maraîchage) démarre bien mais je manque de visibilité car les réservations sont rares et les clients viennent plutôt « à la dernière minute ». 50% de mes clients viennent du réseau perso et 50% par les Gîtes de France.

Un artiste : Je voudrais acheter une maison pour accueillir les gens qui sont à la rue, peut-être dans le centre de Fontainebleau ? Ca coûterait entre 700 kEUR et 1MEUR. J’ai écrit 3 livres et disques pour commencer à financer ce projet. J’ai acheté beaucoup de publicité pour mon livre. Le livre est vendu à 15 EUR mais une personne m’en a donné 100 EUR ! Et les personnes à la rue l’achètent à 20 EUR ! Pour pouvoir participer à un salon promotionnel, j’ai été hébergé gratuitement par la mère d’un gars à la rue avec qui je travaille. C’est ce qui m’a décidé à aller à ce salon car j’hésitais beaucoup… En fait, le résultat de ce projet m’importe peu. Ce n’est pas mon argent qui est en jeu, c’est le Sien. Je fais juste ce que j’ai à faire. La plupart des journalistes chrétiens et professionnels de l’édition catholique me disent « vous êtes trop illuminé, trop déconnecté. » Mais ça ne m’empêche pas d’être confiant : la maison va venir en 2010.

L’un de mes principaux clients vient de rompre son contrat avec moi après 5 ans de bon fonctionnement car « vous êtes trop cher » m’ont-ils dit. Mais ils ont pris un musicien concurrent au même prix que moi ! Cette année, ce client m’a rappelé et m’a demandé de revenir 100% du temps puis une fois sur 2.

Un inventeur : Je mène un projet d’innovation industrielle en éco-conception d’emballage carton. C’est difficile. Ces innovations ne sont pas protégeables par brevet mais par les droits d’auteur (dépôt de modèle). Et il faut 5 à 6 ans pour qu’un projet de ce genre aboutisse à des royalties. Pour autant, je suis transparent sur ma marge espérée mais ce n’est pas la pratique du secteur. Ma transparence un peu débile en fait, mais mon business model me permet d’être débile sur ce point. C’est un peu de la provoc vis-à-vis des multinationales du secteur. Il faut dire que mes partenaires sont mes concurrents car ils ont leurs propres bureaux d’études internes. Je ne vis pas l’amour avec eux. Ce sont des multinationales. J’essaie juste de rester cohérent en leur parlant de l’économie de communion. La prière de l’économie de communion qu’avait proposé F me sert. En attendant les royalties possibles de mon innovation, je vis d’une activité de maître de conférences et d’un projet Internet. La prière m’a aidé à réaliser ma cupidité.

Une restauratrice : Je vais créer mon entreprise le mois prochain. Je suis habituée à la sécurité financière et je commence à réalise le risque financier que je prends. Je vais perdre ma sécurité et ça me fait peur. J’ai eu une boule au ventre quand la banque m’a accordé son prêt.

Un recycleur : Tes craintes sont la preuve que tu es responsable.

Une restauratrice : J’organisais des événements sportifs, comme salariée, dans le Nord. Je me suis recyclée dans la restauration (traiter pour les fêtes des particuliers et plateaux repas pour les entreprises). J’ai hésité entre plusieurs projets (resto ? traiteur ? camion de restauration ?) J’ai eu des hauts et des bas. Je me suis remise en question. J’ai décidé de « me laisser conduire ». L’entreprise que je vais créer sera le fruit de cela… A titre de formation, j’ai fait des repas événementiels.

Un industriel du Nord : Vive le Nord !

L’engagement

Un consultant : Nous avons réfléchi à ce qui fait les spécificités de l’économie de communion. Ce n’est pas un label mais ces spécificités méritent une attention suivie de notre part pour savoir où chacun se positionne. Nous avons identifié 5 critères :

  1. Mettre l’Homme à la 1ère place dans l’entreprise (ou prendre Dieu comme associé, si on est croyant.)
  2. Donner les bénéfices de l’entreprise aux plus pauvres et à la formation à la culture du Don
  3. Être cohérent dans son entreprise et dans sa vie. Ce n’est pas avoir une entreprise parfaite. Ce n’est pas un résultat mais une volonté, un engagement de moyen.
  4. Se former, se transformer, progresser. Participer aux 2 rencontres annuelles.
  5. Témoigner, accepter de témoigner publiquement, avec d’autres.

Nous avons fait des fiches de reporting par entreprise et un dialogue annuel pour faire le point avec chaque entrepreneur. D’autres critères sont importants :

  • l’entreprise doit exister
  • la famille doit pouvoir en vivre
  • la personne doit bien sûr être demandeur

Si l’entrepreneur ne vient pas du mouvement des Focolari, il y a une phase probatoire appelée « en phase d’être lié à la Mariapolis permanente ».

Un assureur : C’est un engagement vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des hommes.

Un grossiste : Au début, c’est flou ces critères et on besoin de savoir.

Philippe : La priorité, pour moi, c’est de témoigner par les actes (plus que par les discours).

Un grossiste : On me demande souvent si mes salariés sont parties prenantes de mon engagement. Ce n’est pas facile de les impliquer.

Un assureur : Il faut que ça transpire au fil du temps à notre insu.

La sociologue : Le vivre, ce n’est pas forcément l’afficher. Il y a un vrai risque de ne pas avoir des pratiques à la hauteur du discours.

L’implication des salariés

Un grossiste : Nous allons ouvrir notre capital aux salariés. On se demande comment le leur expliquer.

Un assureur : Il faut être très clair avec les futurs actionnaires.

Un grossiste : Si l’économie de communion est un critère d’entrée à l’actionnariat, il y a un vrai risque de scission entre salariés et donc un risque de ségrégation.

Une sociologue : La Banco Kabayan a des actionnaires et les dons se font sur les dividendes, pas sur les bénéfices. Chaque actionnaire est libre de donner ou non.

Un assureur : J’essaie de ne pas être fleur bleue en matière de confiance aux associés. La confiance n’empêche ni le contrôle ni le discernement. L’important est déjà de ne pas faire entrer au capital un associé qui mettrait les salariés en souffrance. Par exemple par sa manière de manager.

Une sociologue : Ca me rappelle cette expérience qui avait été racontée au journaliste de la chaîne KTO : un entrepreneur avait priait « que Dieu nous envoie les pauvres » puis avait reçu une demande d’embauche d’un sans-papier. Il ne l’avait pas embauché car il avait l’air « louche ». Puis un jeune drogué avait candidaté. Il l’a embauché car il a senti qu’il pouvait quelque chose pour lui (un peu par paternalisme ?).

Un assureur : Nous sommes des chrétiens sous-développés ! D’ici quelques années, soit l’économie de communion décolle, soit on va au crash. Nous avons dépassé un point de non-retour et nous avons une « bombe d’amour à bord » ! Il n’y a pas de pôle d’économie de communion (de laboratoire) sans Mariapolis. Il nous en faut une ! Pour enrichir notre manière de vivre par une expérience de vie qui inclue la vie de famille.

Un assureur : Je fais 2 propositions :

  1. engageons-nous tous à prier quotidiennement pour faire grandir notre désir d’une Mariapolis
  2. il nous manque de l’argent alors mettons chacun entre 1.000 et 100.000 EUR dans un tronc pour construire le bâtiment qui nous permettrait d’avoir une Mariapolis à Arny.

Une sociologue : On pourrait construire un local industriel et commercial et mettre en place un fonds financier à 50 EUR par action ?

Fin

Et voila pour mes notes… Je regrette de ne pas pouvoir participer aux autres rencontres qui ont lieu à l’étranger (la prochaine est en Suisse) pour mieux se connecter avec les entrepreneurs de l’économie de communion à travers l’Europe. Pour ma part, mon objectif avec Wecena reste de trouver pleinement ma place dans l’économie de communion. Ce n’est pas chose faite tant que je n’ai pas atteint mon seuil de rentabilité (entre 3 et 4 volontaires en équivalent-temps plein) et donc tant que je n’ai pas de bénéfices à partager avec notre associé invisible

Retrouvez les entrepreneurs français de l’économie de communion sur Linked In, Viadeo et Facebook.