Archives mensuelles : juin 2014

Apprendre selon ses propres besoins avec l’adaptive learning

A l’occasion d’un échange avec un journaliste intéressé par l’adaptive learning, je vous propose cette petite synthèse des principales infos qui m’ont marqué ces 2 dernières années en matière de technologies de personnalisation des apprentissages, également appelées « adaptive learning » :

  • 2014-06-09 : Un bon article introductif sur l’adaptive learning (abonnement gratuit nécessaire) rappelle que les bénéfices pédagogiques de l’adaptive learning sont parfois ambigüs et nécessitent des travaux complémentaires de recherche scientifique (via Modern Learners).
  • 2014-06-04 : Une entreprise japonaise fournisseur de technologies d’apprentissage adaptatif s’associe avec le petit-fils de Jacques-Yves Cousteau pour proposer des cours d’océanographie gratuits (via Edukwest).
  • 2014-06-03 : Les acteurs américains de l’enseignement privé continuent d’investir des dizaines de millions de dollars sur l’adaptive learning et élaborent des partenariats entre éditeurs de contenus et fournisseurs de technologie logicielle (via Inside Higher Ed).
  • 2014-04-20 : Une autre bonne introduction générale sur l’adaptive learning : elle souligne que ces technologies en sont encore à leurs balbutiements et on ne sait pas encore lequel, parmi différents modèle pédagogique basés sur l’individualisation algorithmique des apprentissages, fera ses preuves et se développera de manière durable (via Distance Educator).
  • 2014-04-13 : Le système éducatif actuel a été organisé pour l’instruction des masses à l’époque de la révolution industrielle. Il n’est plus adapté au fonctionnement de l’économie moderne. L’individualisation des apprentissages permise par les technologies logicielles d’apprentissage adaptatif pourrait être une solution pour remettre ce système en phase avec les besoins d la société d’aujourd’hui (via Distance educator).
  • 2013-12-20 : Les entreprises américaines fournissant des technologies d’ « adaptive learning » continuent à lever des fonds importants mais la recherche scientifique ne prouve pas d’impact pédagogique spécifique pour ces technologies (via Hack education).
  • 2013-04 : La fondation Bill et Melinda Gates finance la production d’un état de l’art en matière d’adaptive learning (via Ed Growth Advisors).
  • 2013-03-21 : Les 2 acteurs qui accumulent le plus de données éducatives individuelles et de technologies de personnalisation adaptative sont Knewton (une entreprise) et la Khan Academy (une association non lucrative). Si l’enseignement (notamment supérieur) et la formation (notamment professionnelle) continuent à s’organiser sous la forme d’un espace mondialisé (marchand et de partage non marchand), alors ces 2 acteurs pourraient en devenir les leaders mondiaux et rompre définitivement l’équilibre économique des institutions éducatives traditionnelles (innovation « de rupture ») (via Forbes).
  • 2013-02-19 : La personnalisation, c’est le coeur de la pédagogie. Les technologies de personnalisation éducative constituent « naturellement » une tendance majeure pour l’innovation technopédagogique depuis quelques années. (via Core-Ed).
  • 2012-06 : La fondation Bill et Melinda Gates finance la création d’un institut universitaire non lucratif, à distance, grâce aux technologies d’apprentissage adaptatif (via la Gates Foundation).
  • 2012-02-22 : L’Inde, pour faire face à son développement économique et à ses besoins croissants en formation doit construire 50.000 instituts universitaires et aurait besoin d’1 million d’enseignants supplémentaires. Pour faire face à l’ampleur de ces besoins, elle pourrait être tentée d’investir massivement dans les technologies logicielles d’apprentissage adaptatif en ligne (via Forbes).

Ne nous y trompons pas : l’actualité sur l’adaptive learning s’accélère nettement ces derniers mois, mais nous sommes sur une tendance de fond et qui prendra encore quelques années avant de trouver sa pleine maturité économique, technologique et pédagogique.

Indiscrétions de Faraday et blindage électromagnétique

J’ai un copain qui est un peu parano. Il a peur que la NSA, Apple, son opérateur télécom, le gouvernement ou un pirate malveillant ne le localisent. Faut dire qu’il a une vie amusante… Il va dans des endroits où il n’est pas censé aller. Il va voir des gens qu’il n’est pas censé voir. Alors forcément, le fait d’avoir son iPhone dans sa poche l’inquiète. Si il le laisse allumé, son téléphone va communiquer avec les antennes-relais autour de lui et il laissera des traces électroniques de son passage. Ca ne ferait pas bien sur son CV ou dans les journaux.

Bien sûr, il y a le mode « avion » qui est censé couper toute communication entre son téléphone et l’extérieur. Le problème, c’est que mon copain, il n’a vraiment pas confiance dans la technologie. Et si son téléphone prétendait être en mode avion alors qu’il laisserait derrière lui des traces de petit poucet ? Pas moyen de faire confiance à un morceau d’électronique corrompu.

Bien sûr, il peut carrément éteindre son téléphone. Mais, de nos jours, ce n’est pas parce qu’un écran est éteint qu’un téléphone est silencieux. Pas moyen de faire confiance à un écran. Si son téléphone n’était pas un iPhone, il pourrait toujours en retirer la batterie. Mais, même dans ce cas, les condensateurs dans le téléphone ne suffiraient-ils pas au vicieux téléphone pour, dans un dernier sursaut de malveillance, laisser UN petit caillou blanc mal placé qui le localiserait là où il n’est pas censé aller ?

Bien sûr, il peut d’abord veiller à vider la batterie de son téléphone en le laissant allumé le plus longtemps possible puis en tentant de le rallumer plusieurs fois alors même qu’il s’était éteint faute de courant suffisant. Mais il reste au moins à l’iPhone suffisamment d’énergie pour dire qu’il ne lui en reste plus. Et si il est corrompu, rien ne dit qu’il ne lui en reste pas plus, juste suffisamment pour signaler son passage auprès d’une antenne relais.

Bien sûr, il peut enlever la carte SIM de son téléphone. Il faut appuyer sur le micro-bouton sur la tranche de l’iPhone et retirer la carte SIM pour que celle-ci ne puisse plus l’authentifier sur le réseau. Mais cela suffirait-il à empêcher Big Brother et le téléphone corrompu à échanger un numéro de série auprès d’un antenne réseau mal placé ? Après tout, l’identifiant IMEI de son téléphone est justement là pour ça : pour permettre d’identifier un téléphone sans carte SIM sur le réseau. Alors l’absence de carte SIM ne suffit pas à le rassurer.

Bien sûr, il peut se fier à Mère Nature et ses sacrées lois de la physique pour détériorer la performance de l’antenne du téléphone. Il peut, par exemple, envelopper son iPhone dans une feuille de papier aluminium en veillant à ce que la feuille touche bien la tranche métallique du boîtier (il faut enlever le téléphone de son éventuel étui). Ainsi, il devrait réussir à modifier l’impédance de l’antenne et diminuer la puissance (et la sensibilité ?) de celle-ci. Mais cela risque de ne pas suffire. S’il s’approche trop près d’une antenne relais, le signal risque de passer et sa paranoïa n’aura servi à rien.

Bien sûr, il peut lire plus avant le texte des lois et créer un blindage électromagnétique (cage de Faraday) autour du téléphone pour bloquer toute communication. Pour cela, il doit enfermer hermétiquement son téléphone dans une boîte métallique. Etant données les fréquences de son téléphone (de 900 MHz à 5 GHz), peu importe le métal dont est constitué la boîte du moment qu’il conduit assez bien l’électricité : boîte en fer blanc, en autre type d’acier, en fer, en aluminium, en cuivre, en or, peu importe… Mais si les parties métalliques de son téléphone (ou, dans notre cas, le papier aluminium qui emballe son téléphone) viennent à toucher le métal de la boîte, celle-ci risque alors de se transformer en extension d’antenne et de relayer le signal au lieu de le bloquer.

Bien sûr, il peut veiller à isoler électriquement le téléphone de la boîte en enveloppant téléphone et papier aluminium dans un étui en mousse ou en film plastique (épais si possible). Ainsi isolée électriquement, la boîte métallique peut faire blindage. Mais si sa boîte n’est pas suffisamment hermétique, le signal de son téléphone s’échappera et ses efforts n’auront servi à rien.

Bien sûr, il peut veiller à la boîte soit hermétiquement close. En fait, la boîte peut avoir des trous de petit périmètre, ce n’est pas bien grave. Mais elle ne doit pas présenter de fente longue, de plaques disjointes entre elles, de fil ou prise qui entre ou sort de la boîte, et encore moins de couvercle mal ajusté ou mal posé sur la boîte. Puisqu’il faut ouvrir la boîte pour y mettre le téléphone, il y a forcément un couvercle ou une trappe. Ce couvercle, lui-même doit alors assurer un excellent contact électrique avec la boîte : pas de couvercle tordu, bosselé ou ne touchant la boîte que sur un demi-millimètre carré. Il doit toucher la boîte sur l’ensemble de son pourtour et la surface de contact entre le couvercle et la boîte doit être la plus grande possible, et sans peinture ni vernis. Les radio-amateurs ayant besoin de blindage utiliseraient souvent un pot de peinture vide et métallique car le couvercle (lui-même métallique) s’y ajuste hermétiquement et par contact métal sur métal. Mais si, malgré ses efforts, le couvercle n’est pas en contact électrique suffisant avec la boîte, ses efforts auront été vain.

Bien sûr, il peut compléter le contact électrique entre la boîte et son couvercle en enveloppant ceux-ci dans du papier aluminium ou du rouleau métallique adhésif de plombier (à condition que la colle de l’adhésif ne soit pas isolante…). Avec un bon blindage électromagnétique, la puissance de son téléphone peut être atténuée de plusieurs dizaines voire centaines de decibels. Mais ces bestioles électromagnétiques sont tellement puissantes et sensibles que, si il passe à proximité immédiate d’un antenne relais (quelques mètres, voire quelques dizaines de centimètres), le blindage risque de ne pas suffire et le signal risque de réussir à traverser.

Bien sûr, il peut multiplier l’efficacité du blindage en choisissant une boîte au métal épais : plutôt qu’avec l’épaisseur de métal d’une cannette de soda ou d’une boîte de conserve, il peut choisir une bonne vieille boîte en acier épais de 1 ou 2 millimètres et mutiplier d’autant l’atténuation permise par son blindage. Mais, vues les hautes fréquences utilisées par les téléphones, un pouième de millimètre d’épaisseur devrait suffire.

Résumons ce à quoi sa paranoïa devrait le mener :

  • mettre son téléphone en mode avion,
  • laisser son téléphone allumé jusqu’à ce que la batterie soit vide puis tenter plusieurs fois de le rallumer pour l’épuiser un peu plus encore,
  • éteindre son téléphone,
  • retirer la carte SIM,
  • emballer son téléphone dans quelques épaisseurs de papier aluminium bien en contact avec la tranche métallique du téléphone,
  • glisser le tout dans un étui de mousse ou de plastique isolant et épais,
  • choisir une boîte au métal épais et au couvercle (lui-même au métal épais) très largement en contact avec la boîte sur tout son périmètre et glisser le téléphone dedans,
  • parfaire le contact électrique entre la boîte et son couvercle en enveloppant à nouveau le tout dans du papier aluminium,
  • à ce stade de paranoïa, il peut également brûler un cierge et faire une prière vaudou ou encore, plus simplement, laisser son téléphone chez lui !

D’ailleurs, si il veut tester l’efficacité de ces divers emballages, il peut d’abord y mettre son téléphone allumé et avec carte SIM, se mettre à proximité immédiate d’une antenne relais et essayer d’appeler son téléphone depuis un autre téléphone pour voir si celui-ci se met à sonner.

Mais tout cela n’aura servi à rien si il a ignoré une règle de base de la sécurité informatique : la plupart des fuites d’information ne sont pas dues à des dispositifs numériques défaillants mais à des faiblesses bien humaines. Avait-il imaginé que la bonne amie à qui il allait ainsi discrètement rendre visite, une fois abandonnée par lui suite à un revers de fortune amoureuse, se consolerait dans les bras du cousin de la grand-mère du concierge d’un journaliste influent ?

Et vous, que conseilleriez-vous à mon copain parano ?

Quelques liens complémentaires pour en savoir plus :