Archives mensuelles : septembre 2006

Liens du jour sur la dyspraxie

Je me suis abonné à un flux d’information sur la dyspraxie via le service Technorati. J’ai ainsi attrapé dans mon filet du jour:

Bref, la pêche du jour n’est peut-être pas très intéressante. Mais j’ai l’impression, au fil du temps, que les gens parlent de plus en plus de la dyspraxie, même si le sujet reste largement méconnu.

Prior art search for patents

Here is a « random patent generator« . The basic idea is to randomly generate ideas of inventions in the hope that they would constitute prior art capable of invalidating some of the stupid patents that get granted by patent offices. It is even inspiring some novel business models. Of course, it’s meant to be a joke and a surrealist poetry exercise.
But beyond the joke, random sentence generators that can be fed with corpus of documents raise questions about the nature of prior art in patenting issues, as the author of the random patent generator says. How far are we from leaving the domains of jokes and entering the domain of possible threats to the legal patent system?

Etumnamboa veut financer les mini-entrepreneurs sociaux africains

J’ai eu le plaisir de déjeuner cette semaine avec Etumnamboa (c’est son pseudo: « celui qui est loin du pays »). Nous avons parlé de son projet: créer une société de capital risque dédiée au financement des mini-entreprises sociales de l’Afrique noire francophone. Etum connaît bien son affaire: Camerounais, il a fait une bonne partie de ses études supérieures en informatique en Afrique. Il s’est ensuite lancé dans l’entreprenariat, toujours en Afrique, avec une activité de services autour des nouvelles technologies. Après quelques années, grâce à la revente de sa société, il a pu se payer des études d’ingénieur informaticien en France. Aujourd’hui, il rejoint à Paris l’un des leaders mondiaux de l’informatique pour y développer de nouveaux marchés. Ca, c’est un début de parcours qui force l’admiration !

Mais ce n’est pas tout. Ce qui semble le démanger, c’est de partager et d’aider. Alors, bien sûr, il aide comme il peut: il envoie un container d’ordinateurs recyclés en Afrique, il s’engage dans quelques actions d’aide communautaire comme le font nombre d’africains établis en France. Mais ça ne lui suffit pas! Quelques copains restés au pays lui soumettent un problème intéressant: pour développer leurs propres boîtes, connaîtrait-il une solution qui leur permette de trouver des actionnaires pour des montants de l’ordre de 1 000 ou 2 000 euros par exemple? Et c’est la que naît la nouvelle idée d’Etumnamboa: lancer une activité de capital risque pour développer en Afrique des mini-entreprises à forte fibre sociale et environnementale.

En effet, il existe des solutions pour obtenir des « gros » financements: fondations pour l’entreprenariat social, organismes internationaux, … Mais aller les démarcher coûte du temps et de l’argent et représente une certaine prise de risque (risque de ne rien obtenir malgré les efforts consentis). Et lorsqu’il s’agit de développer des dizaines, des centaines, des milliers ou plus de PMEs à forte croissance en Afrique, les circuits de demande de subvention privée ne semblent pas constituer une solution qui permette de passer à grande échelle. Inutile même de penser à l’argent de l’Etat ou des collectivités locales: la corruption semble omniprésente. Et les banques « ne prêtent qu’aux riches », à ceux qui sont capables de fournir des garanties à la hauteur des prêts consentis. Bref, il y a des solutions pour emprunter beaucoup lorsque l’on est déjà un entrepreneur établi ou prêt à explorer les circuits des donateurs philantropes. Mais rien de très satisfaisant pour une foule immense de mini-entreprises à forte croissance.

D’un autre côté, il y a un grand nombre d’organismes de micro-crédit qui se sont développés en Afrique (« banque des pauvres » sur le modèle de la Grameen Bank). Ces banques prêtent à des micro-entrepreneurs, quelques dizaines d’euros maximum, par exemple pour acheter une charette de manière à vendre des cacahuètes sur le bord de la route. Le micro-crédit permet à une foultitude de micro-entrepreneurs de retrousser leurs manches pour sortir de la misère. Sous la pression sociale d’un petit groupe de co-emprunteurs, ils remboursent ensuite avec les intérêts et ainsi se développe le micro-crédit. Mais là encore, l’offre de financement ne correspond pas aux besoins des mini-entrepreneurs. Un représentant d’un organisme de micro-crédit a répondu à Etum que leur coeur de métier, c’est la sortie de la misère, pas l’amorçage ou le développement des entreprises à forte croissance. Les montants dont ont besoin les mini-entrepreneurs excèdent les plafonds du micro-crédit.

D’où l’idée d’Etum: couvrir les besoins de financement des mini-entrepreneurs et ce par la seule voie qui lui semble faire sens: dans une démarche fortement ancrée dans la philosophie du développement durable. Investir 2000 euros dans une PME high-tech et contrôler que cet argent est employé sagement: en ancrant le développement de l’entreprise dans celui de sa communauté de clients, fournisseurs et partenaires, et dans celui de son environnement. Exemple cité par Etum: un réseau de cybercafés qui offrent de l’accompagnement parascolaire à des enfants en se finançant par le paiement des minutes de communication en ligne. Pourquoi pas?

Cette idée étant donnée, il lui reste un tas de problèmes à résoudre. Voici quelques unes des problématiques que nous avons évoquées ensemble. Dites-nous ce que vous en pensez SVP!

Où trouver l’argent? Les grandes multinationales du Nord, établies en Afrique, déclarent comprendre l’intérêt du développement durable. Etum peut leur offrir les moyens d’investir dans les communautés locales par le biais des entrepreneurs qui pourront, à long terme, contribuer à faire émerger des classes moyennes de consommateurs susceptibles de représenter autant de marchés nouveaux pour les multinationales. En France ou aux USA, des entrepreneurs à succès cherchent les bonnes occasions de rentabiliser les cagnottes qu’ils se sont constitués tout en privilégiant le sens dans leurs investissements. Les eco-business-angels en sont un exemple intéressant.

Comment sortir du capital des mini-entrepreneurs? Le capital risque fonctionne de la manière suivante (à ce que j’en sais). Le financeur reçoit des centaines de dossiers de projets de développement. Il en sélectionne par exemple 10: ceux qui sont les plus susceptibles de lui rapporter 10 fois sa mise de départ en 2 ou 3 seulement. Sur ces 10 projets, 3 vont échouer, c’est la faillite. 6 vont se développer à petite vitesse, vont vivoter un certain temps et constitueront donc un échec pour le capital risqueur: impossible de rentabiliser de manière explosive sa mise de départ. Enfin, on espère pour le financeur que l’un des projets sur les dix va connaître un succès fulgurant: un futur eBay, Google ou Amazon ? Pour rentabiliser son investissement, il lui faut alors revendre les parts qu’il possède dans le capital social de la société. Cette vente peut se faire à l’occasion d’une entrée en bourse (les investisseurs en bourse achètent des actions de la société) et c’est le pactole pour l’investisseur qui revend ses parts plus de 10 fois leur prix d’origine. Cette vente peut également se faire si la société est rachetée par un Microsoft, un IBM, ou autre géant qui cherche du sang neuf (ou des concurrents à tuer dans l’oeuf). Qu’est-ce que tout cela donne pour des mini-entrepreneurs Africains ? Sans doute des choses assez différentes. On s’attendrait peu à voir une PME ayant fait un premier tour de table à 2 000 euros entrer au NASDAQ. C’est plutôt du 2 millions d’euros en levée de fonds d’amorçage dont il s’agirait pour un candidat à l’entrée en Bourse dans les pays du Nord. Quel est le fonctionnement du marché du financement des mini-entreprises Africaines ? Je n’en ai aucune idée… Mais Etum semble confiant.

Le capital risque peut-il se marier avec le développement durable ? Si 9 projets sur 10 ne permettent pas au financeur de toucher le pactole, je me demande ce qu’ils deviennent ? Ils ne représentent plus une promesse de gain important pour le capital risqueur. L’entrepreneur jette-t-il l’éponge ? Sont-ils jetés à la poubelle par le financeur ? Quel gâchis ce serait… Pour ceux qui n’ont pas encore atteint le point mort de leur développement, j’imagine que la tentation doit être grande, pour le financeur, de les liquider pour minimiser ses pertes. Y a-t-il un gaspillage d’énergie pour tous ceux qui ont reçu du capital risque mais qui n’ont pas tenu leurs promesses de croissance exponentielle ? Peut-on faire mieux et plus durable ?

Comment développer cette activité ? Etum a un peu d’épargne personnelle. Il veut commencer par mettre son argent là où vont ses idées: auprès de quelques mini-entrepreneurs bien choisis. Il peut commencer à développer cette activité de manière bénévole, modeste et visant une rentabilité rapide mais faible. Cela plairait à Dave Pollard, apôtre de l’entreprise naturelle. Mais en prenant 2 000 euros de parts sociales d’une mini-entreprise, il faut quand-même attendre 2 ou 3 ans pour avoir une chance sur 10 de les voir se transformer en plus de 20 000 euros. Un peu lent comme plan de développement ? Ou suffisament sage quand on est visionnaire et que l’on cible sur le long terme ? On raconte toujours que Muhammad Yunus a commencé par prêter quelques dizaines de dollars à des femmes micro-entrepreneurs qu’il avait été rencontrer. Et cela a donné au final une banque de taille mondiale. Et entre les deux, comment on fait ?

Où trouver des partenaires ? Heureusement pour nous et pour son projet, Etum pense que la meilleur manière de faire avancer son idée, c’est de la partager. Plutôt que de veiller jalousement à sa confidentialité, il veut la partager, l’enrichir et trouver des partenaires pour faire mûrir son projet et l’ancrer dans la réalité. Qui aller voir ? Je pense tout d’abord aux Carrefours des Possibles de la Fondation Internet Nouvelle Génération: l’occasion idéale de présenter son projet à un parterre de partenaires potentiels dont un grand nombre déjà sensibilisés aux problématiques de l’économie sociale. A la FING, le carnet d’adresses sans fond de Denis (denis.pansu [ at ] fing.org) lui donnera peut-être accès à des connaisseurs du sujet « tiers secteur » et économie sociale. Est-ce que Benoît (benoit.dumolin [ at ] mediacteurs.net), expert de l’innovation sociale et ayant une certaine expérience du terrain africain n’aurait pas de bons conseils à partager ? Etant donnée l’importance des mini-entreprises de haute technologie dans son projet et le côté « un pied en Afrique, un pied en région parisienne » de celui-ci, je me demande aussi si des gens de Scientipôle Initiative ne pourraient pas également être de bon conseil ? Sinon, il serait sans doute judicieux de rencontrer des gens de chez Ashoka France. Et ce qui pourrait permettre de développer son projet plus vite qu’en y injectant de son épargne personnelle, ce serait peut-être de se faire connaître auprès du président du club des eco-business angels, non? Et les Cigales, est-ce un concept exportable à l’Afrique noire francophone? Quelles autres pistes explorer?

Comment rentabiliser le choix de l’entreprenariat social? Pour Etum, ce projet n’a de sens que si il s’adresse à des mini-entrepreneurs qui font le choix de regarder au-délà de la rentabilité économique, qui sont prêts à miser le développement de leur gagne-pain sur celui du développement local de leurs communautés de clients, fournisseurs, employés, partenaires et/ou sur celui d’une exploitation raisonnée de leur environnement. Mais tout cela coûte un surplus d’effort, d’attention et donc de temps et d’argent. Si un marché du financement des mini-entrepreneurs africains existe vraiment, comment résister à de nouveaux concurrents qui ne se soucieraient pas du développement durable, qui ne prendraient pas le temps de contrôler comment les entrepreneurs exploitent leurs communautés et leur environnement, qui, du coup, auraient des structures de coût plus attractives et pourraient donc afficher des ambitions économiques plus compétitives ? Un atout pour Etum, c’est l’avantage de résilience qu’offre le développement durable. Si l’on prend l’exemple des entrepreneurs de l’économie de communion, ils affirment que le surplus d’attention (et d’amour) qu’ils consacrent à leurs employés et partenaires est largement rentabilisé par la capacité ainsi accrue de leur entreprise à résister aux crises économiques. Ainsi, cette banque rurale des Philippes qui se classait 700ème (si je me souviens bien) sur son marché s’est-elle retrouvée sur le podium des plus grosses lorsqu’une crise financière asiatique fut passée par-là. Alors que, comme ses concurrents, elle ne pouvait plus payer ses employés et rendre leur argent à ses clients, elle a résisté. Les employés, fortement attachés à leur entreprise, ont accepté de travailler pour rien. Les clients, bien qu’inquiets de perdre toute leur épargne, se sont résignés à attendre la fin de la crise: ce que leur banque faisait pour eux allait bien au-délà des services financiers (formation, aide sociale sous toutes formes, …). De même, comme me le rappelle Etum puisque que nous l’avons lu dans 80 hommes pour changer le monde, cette directrice d’un atelier de confection népalais qui était surprise par ses employés: alors que l’entreprise allait à la faillite, les employés ont activement soutenu leur entreprise qui, du coup, a résisté là où d’autres auraient échoués. De belles histoires que tout cela? Oui. Mais, dit-on, des histoires vraies. Alors, comment rentabiliser le choix de l’entreprenariat sociale et du développement durable comme politique d’investissement? En misant sur le fait que la société de capital risque pourra plus solidement se sortir de tous les pièges où l’économie Africaine pourrait l’entraîner. Qui veut parier?

Peut-être Etum pourra-t-il corriger/compléter cet article si besoin. Et surtout, peut-être pourrez-vous donner votre point de vue sur ce projet ?