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Invention d’un système de coaching automatique sur téléphone mobile

[Ceci est le résumé de l’une de mes réalisations professionnelles. Je m’en sers pour faire ma pub dans l’espoir de séduire de futurs partenaires. Plus d’infos à ce sujet dans le récit de mon parcours professionnel.]

En 2005, le projet de recherche informatique MobiLife, mené conjointement par 22 entreprises et universités européennes, dispose d’un logiciel pour téléphone mobile qui permet à un sportif de visualiser son contexte d’entraînement : rythme cardiaque, lieu, heure… En tant qu’ingénieur de recherche, je suis chargé d’inventer un système exploitant ce type de données pour offrir à l’utilisateur des recommandations personnalisées et dépendant du contexte. Je propose aux partenaires un scénario utilisateur qui est accepté puis j’en supervise l’implémentation. J’implémente une partie du système côté serveur (J2EE) et côté téléphone (J2ME). L’application devient ainsi capable d’apprendre les habitudes d’entraînement du sportif, bonnes ou mauvaises, de prédire ses prochains choix d’exercice, de les comparer à ce que recommenderait un entraîneur expert dans les mêmes conditions et, sur cette base, d’alerter le sportif par des petits clips videos personnalisés sur son téléphone : « Attention, il est tard et après 2 exercices de course sur le tapis roulant, vous avez habituellement tendance à trop forcer sur l’exercice suivant ; vous devriez plutôt passer sur le vélo pour un exercice de difficulté moyenne de 10 minutes« . Le système inventé est transposable dans d’innombrables situations de mobilité : coaching alimentaire, formation continue, gestes pour l’environnement, guides touristiques,… A l’occasion d’une journée portes ouvertes des laboratoires Motorola, j’organise la démonstration de cette application devant 40 journalistes et analystes européens.

A la recherche des Innovations Internet d’Utilité Publique

Cet été, j’ai exploré avec plusieurs d’entre vous la jungle de l’innovation, de l’Internet et des projets d’utilité publique. A l’intersection de ces trois domaines, mon expédition visait à identifier des innovations Internet répondant à des enjeux d’utilité publique.

Intersection de 3 secteurs

Avant de vous raconter cette expérience et de vous inviter à la poursuivre via ce blog, laissez-moi vous dresser le tableau avec quelques définitions préalables :

  • Innovation : cf. qu’est-ce que l’innovation ? pour ma compréhension du sujet ; l’innovation relève pour moi d’une démarche de recherche entreprenariale.
  • Internet : pas de doute, on sait ce que c’est ; mais pour être plus précis, mon intérêt est centré sur les technologies de gestion/traitement des connaissances issues de l’Internet (web sémantique, data mining, personnalisation, technologies pour le knowledge management) et les technologies Internet de mise en relation (social software), bref partout où il y a du lien, de la complexité et des réseaux relationnels (entre concepts, personnes, objets)
  • Enjeux d’utilité publique, intérêt général : le champ est large et couvre aussi bien le monde associatif, le secteur public et l’économie sociale que des services Internet dont on aurait aujourd’hui du mal à se passer (Google est-il devenu un service d’utilité publique ?) ; mon intérêt est plus particulièrement centré sur le développement local.

Cet été, j’ai donc profité de quelques semaines de mes vacances pour explorer cette terra incognita, avec certaines questions en tête. Peut-on profiter des techniques issues de l’Internet pour changer de manière durable (innover) la société (utilité publique) ? Qui en parle et qui en fait ? Que faire (en tant que bénévole ou professionnel) pour contribuer à de telles innovations ? De rencontre en recontre, les questions se sont accumulées : les « innovations Internet d’utilité publique » (IIUP pour les intimes), est-ce que ça existe vraiment ? IIUP = OVNI ? qu’est-ce que c’est précisément ? On trouve assez facilement des exemples d’IIUP relevant de bricolages bénévoles de haute qualité mais cantonnés au monde du bénévolat et de l’amateurisme à petite échelle ; peut-on faire de l’innovation Internet d’utilité publique à grande échelle et avec des moyens vraiment conséquents ?

Voici donc le récit de nos rencontres (je change vos prénoms par anonymat de politesse…).

Chez un gros éditeur logiciel américain, Benoît, directeur commercial a la gentillesse de me recevoir. C’est l’un de mes anciens fournisseurs, avec qui je garde un bon contact. Bon, franchement, les IIUPs, ça le laisse un peu sec. Mais pour lui, pas de doute, il faut regarder du côté de l’Agence pour le Développement de l’Administration Electronique afin de repérer des projets innovants de grande ampleur. La Feuille d’impôt via Internet change-t-elle la société ? Mmm… Benoît m’avoue que, franchement, lui ne se voit que comme un vendeur de plomberie. A la limite, ce pourrait être ses clients qui pourraient faire des choses innovantes avec les logiciels qu’il leur vend. Il pense que l’un de ses collègues pourra peut-être me donner des pistes plus précises car il vend pas mal auprès du secteur public.

La jungle semble bien inextricable dans la région du commerce informatique professionnel : de la techno, certes mais peu ou pas d’innovation et, comme on peut s’y attendre, une absence totale d’utilité publique. Je dois mieux cibler mon approche.

Jean-Louis, vieux loup de l’associatif et du développement local et directeur d’un cabinet de conseil en conduite du changement, me reçoit avec sa générosité habituelle et m’invite dans sa brasserie préférée. Miam. Ma démarche le déconcerte peut-être un peu mais qu’à cela ne tienne, il m’accorde une attention toute perspicace. Il me parle des tentatives d’une grosse ONG française pour approcher les grandes entreprises sur des projets de type IIUP. Il me parle aussi du projet Digital Bridge d’Alcatel. Mais il me met également en garde contre l’auto-enfermement qui me guette si je me concentre sur la techno et les théories plutôt que sur la richesse de mon prochain, contre le mirage de la toute-puissante technologie qui cache l’homme et contre la méfiance voire le dégoût que la plupart des vieux loups du monde associatif conservent vis-à-vis de l’économique et du monde de l’entreprise. Pour me préserver de perdre contact avec mon prochain, il me prescrit la lecture de Simone Weil. Pour poursuivre mon exploration et découvrir des IIUPs, il me recommande de suivre la piste de la (petite) équipe Digital Bridge d’Alcatel.

Je ne suis pas encore passé à la pharmacie bibliothèque mais j’ai déjà compris que je tenais avec Alcatel une piste fragile mais prometteuse. Y a-t-il quelqu’un d’Alcatel dans la salle ? Poursuivons notre exploration.

Philippe est un entrepreneur aguerri dans le terrain du knowledge management. Innovation et KM ça le connaît. En plus, il a des projets plein la tête. Distribuer de la connaissance médicale « prête à l’emploi » à des médecins africains, ça fait longtemps qu’il y pense et qu’il s’y prépare ! Problème… Philippe est préoccupé par de gros soucis avec ses nouveaux associés.

Ce n’est pas le moment pour explorer avec lui plus avant la jungle des IIUPs. Il faut d’abord qu’il se rassure sur son gagne-pain. Ce n’est que partie remise.

J’avais rencontré Daniel dans un cadre associatif. Elu local en province, c’est par téléphone que nous nous entretenons. Il maîtrise parfaitement le sujet des projets coopératifs d’innovation locale grâce aux technologies Internet. Mais la dimension entreprenariale des innovations Internet d’Utilité Publique lui est étrangère. Pas de doute pour lui, l’intersection de l’utilité publique et de la technologie Internet grouille d’initiatives associatives locales, fourmille de projets d’espaces publics numériques, de sites Web citoyens, d’îles sans fils. Mais de là à parler de démarche économique ou de social entrepreneurship, c’est un pas que nous ne franchirons pas ensemble par téléphone. Pour lui, la bonne piste à suivre (si piste il y a), c’est sans doute celle de la FING. Ou peut-être à la limite de France Telecom, mais bon… avec peu d’espoir de succès.

Mmm… La FING, bien sûr, c’est facile. France Telecom, ça m’étonnerait, mais il faudra bien de toute manière explorer cette piste confuse, trompeuse et difficile. Mais par où la commencer.

A la FING, c’est naturellement vers Fabien que je me tourne. Fabien est une sorte de consultant comme on en recontre peu. Il connaît l’économie sociale comme sa poche. Il maîtrise l’Internet comme pas deux. Et les innovateurs, c’est son coeur de métier. Pour couronner le tout, c’est un copain à moi. Bref, l’interlocuteur idéal. Les Innovations Internet d’Utilité Publique, il en rêve. Il regrette les faibles moyens qui sont mobilisés sur ce sujet. Il n’est pas encore très au fait de la mode américaine du social entrepreneurship : mettre la force économique au service d’innovations d’intérêt général. Sans parler d’économie de communion. Mais il pense que c’est une piste qui a du sens. Peut-être ne découvrirais-je pas d’Eldorado des IIUPs mais ça ne l’étonnerait pas qu’un jour… quelqu’un comme vous, lui ou moi contribue à en construire. Il m’aide donc à cibler au mieux la poursuite de mon exploration, me suggère de vous raconter toutes mes découvertes sur mon blog et m’ouvre tout son carnet d’adresse (qui est sans fond, j’en témoigne).

Il m’introduit notamment auprès de son boss, Daniel et auprès de Claude (France Télécom). Il me semble qu’on avance ! Merci !

Daniel, consultant expérimenté en innovation publique et grand chef de la FING, se révèle également d’une grande sensibilité à l’intérêt de ma quête des IIUPs. Il y contribue à son tour en me recommandant auprès de responsables de l’innovation de plusieurs de nos vénérables institutions publiques françaises. Pour lui, les acteurs les mieux placés pour mener des IIUPs sont sans aucun doute les collectivités territoriales. L’Etat a-t-il encore vraiment les moyens de mener de telles innovations à grande ampleur ?

Il faut poursuivre dans ce sens. Chemin faisant, les contacts et les pistes se multiplient mais je sens que j’avance dans la bonne direction. Je sais déjà que je ne suis pas le seul à croire à la possibilité de changements sociétaux de belle ampleur et motorisés par des technologies issues de l’Internet. Les IIUPs ne sont pas des OVNIs (« je veux y croire » en tout cas). Allez, en avant…

C’est dans la jungle du RER que je tombe sur mon étape suivante : j’y reconnais Xavier. Je l’avais rencontré sur recommendation d’un très bon ami à une époque où je m’intéressais au rôle des ingénieurs dans le secteur public. Si je ne me trompe pas, il doit en connaître un rayon sur les innovations dans le secteur public. Pour peu qu’il s’intéresse à l’Internet… Je l’aborde et lui demande ce qu’il devient. Surprise : il dirige justement des recherches sur le knowledge management pour un grand ministère ! Double-surprise, un ministère s’intéresse au knowledge management à tel point qu’il finance des projets de recherche sur le sujet ! Xavier m’accorde donc un bon morceau d’après-midi pour que nous partageions nos passions communes et notre intérêt pour les innovations Internet d’utilité publique. J’y découvre comment les techniques de représentation des connaissances pourraient être utilisées pour formaliser l’expertise métier contenu traditionnellement dans les énomes annexes techniques des plus gros appels d’offres publics. J’imagine le champ des applications : aide au dépouillage des réponses à des appels d’offres complexes, contrôle semi-automatisé de la conformité des livrables des appels d’offres, formation des nouveaux ingénieurs du secteur public, etc. Comme pour de nombreux autres business, les métiers traditionnels de l’Etat peuvent avoir à gagner à mieux gérer leurs connaissances. J’y apprends également l’existence de projets d’universités en ligne ouvertes dont l’un des objectifs est de démocratiser l’accès à la connaissance par la mise en commun de contenus pédagogiques d’intérêt public. L’université de Phoenix, leader privé de l’enseignement en ligne, sera-t-elle un jour concurrencé par des services publics européens d’enseignement en ligne pour ingénieurs par exemple ? De tels projets se préparent mais n’en sont qu’à l’état larvaire semble-t-il. Et, encore une fois, ils semblent s’appuyer davantage sur du bénévolat et l'(in)attention bienveillante de l’Etat que sur une démarche volontaire d’innovation durable et économiquement viable. Comment aller plus loin ?

Il est temps de suivre les pistes repérées précédemment. Comment ça se passe du côté des collectivités locales ?

Alain dirige les projets « nouvelles technologies » d’un conseil général rural . Alain, l’un de mes anciens clients, a un profil rare : c’est un ancien entrepreneur reconverti au secteur public. L’économique, il sait ce que c’est. La techno, ça le fait vibrer. Et le secteur public, il y consacre sa vie professionnelle. Il me confirme immédiatement que ce sont les collectivités territoriales qui sont les plus susceptibles d’être innovantes en matière de nouvelles technologies (comparées à l’Etat). Ceci s’explique notamment parce qu’elles ont une pression (électorale) beaucoup plus immédiate et des enjeux plus concrets à traiter. Cependant, les budgets ne suivent pas forcément les augmentations de responsabilité (et d’effectifs). Pour Alain, les facteurs clefs de succès pour un conseil général qui veut mener à bien des projets numériques sont le fait de pouvoir s’appuyer sur des grosses communes, de savoir gérer des relations multi-partenaires et de savoir faire face à l’usager-client. Alain se prend à rêver avec moi aux départements qui lui semblent avoir les plus beaux challenges à relever (et les plus importants moyens ? ) en matière de nouvelles technos pour mener des innovations d’utilité publique : le 93 et le 59. En administration centrale, c’est peut-être le ministère des finances qui est l’administration la plus intéressante de son point de vue. Mais bon, personnellement, je ne me sens pas vibrer devant une feuille d’impôt fut-elle électronique. OK, c’est utile. Et c’est innovant. Un peu. Un tout petit peu, à mon avis. Mais je suis exigeant en la matière. Alain m’indique quelques références de consultants spécialisés sur son domaine. Mais j’ai déjà renoncé à trouver des consultants porteurs d’innovation. Le métier du conseil consiste trop souvent à limiter au maximum les risques (du consultant et, parfois du client) et à resservir le plus grand nombre de fois les mêmes recettes et ce, le plus cher possible. Le métier du conseil, c’est de comprendre le client, pas de prendre des risques à sa place. Confirmant les indications de Daniel de la FING, Alain me recommande de me raprocher de la Caisse des Dépôts : au croisement de l’économique et des collectivités locales, la CDC doit avoir une vue privilégiée des innovations Internet d’utilité publique auxquelles nous rêvons.

Sur ces bons conseils, je me taille donc un chemin jusqu’à la caisse des dépôts. J’y découvre une équipe dédiée à l’innovation au service des collectivités locales et des usagers des services publics. Ai-je enfin découvert l’eldorado des innovations Internet d’utilité publique ? Peut-être en partie. On y parle investissement raisonné dans de nouvelles offres de services publics économiquement rationnelles voire profitables à long terme. Comme souvent, les premiers sujets explorés ont été les infrastructures : espaces publics numériques pour l’accès du public à l’Internet dans des lieux publics, et depuis quelques années infrastructures réseaux et alternatives aux offres de l' »opérateur historique » (il faudra que je finisse par aller le voir, celui-là aussi…). Mais on parle aussi de service public en ligne personnalisé, de cartable numérique et autres grands projets d’utilité publique. Et les moyens mobilisés dans la Caisse des Dépôts semblent bien réels, au moins en terme de personnel. Bien sûr, la caisse n’a pas une culture d’innovation façon Silicon Valley ! Mais se pourrait-il qu’au sein d’une si vénérable et rhumatisante structure susbiste une petite équipe d’irréductibles innovateurs ? Se pourrait-il que tous ces projets d’innovation réussissent à éviter les écueils des clientélismes politiques et des échéances électorales tout en restant axés sur de véritables enjeux d’utilité publique ? Ce serait tellement bien si c’était vrai… Ce n’est pas ce premier entretien qui me permettra de me faire une idée définitive sur la question. En tout cas, j’ai encore une fois obtenu la confirmation qu’il existe des projets Internet d’utilité publique menés par des acteurs sérieux et y mobilisant des moyens importants en argent et en compétence. Bonne nouvelle pour les collectivités ! Par contre, on est dans le registre du gros projet structurel davantage que dans la bidouille agile et productrice de ruptures sociales et économiques profitables. On est dans le raisonnable et dans le planifié, pourriez-vous me dire : on ne change pas la société avec de la techno ? Quoique, il faut bien la changer avec quelque chose, non ? Ou bien, à tout le moins, les projets les plus innovants menés par la Caisse des Dépôts (cartables numériques, …) sont encore loin d’avoir fait leurs preuves. Et ces preuves ne semblent attendues qu’à long terme. De la Caisse des Dépôts à la startup, il y a une différence, non ? OK.

Bonne pioche avec la caisse des dépôts. Cette étape de ma recherche a été fructueuse en renseignements et en prises de contact. Voila une équipe centrée sur les innovations Internet d’utilité publique, pas de doute, même si l’approche adoptée semble bien loin du social entrepreneurship d’une part, de la garage company d’autre part. Mais il ne faut pas s’en étonner, on reste dans le domaine du financement de projets du secteur public.

Et l’opérateur historique, alors ? Fabien m’a mis en contact avec Pierre. Pierre, chercheur et entrepreneur dans l’âme, connaît par coeur France Telecom pour y travailler depuis longtemps déjà. Pierre m’accueille chaleureusement au centre de recherche de France Telecom et me met immédiatement au parfum : faut pas rêver, c’est pas chez FT qu’on trouvera de l’innovation Internet d’utilité publique. D’ailleurs, d’après lui, la rumeur est exacte : on n’y trouvera pas d’innovation tout court. FT a un beefsteak à défendre et il se passera encore longtemps avant que FT ne se retrouve en situation tellement concurrentielle qu’il sera forcé à innover pour conquérir de nouveaux marchés. Le trait est sans doute un peu forcé mais à peine. Et, bureaucratie faisant, ce n’est pas un environnement propice à l’innovation. Mais alors, pourquoi ces observations ne s’appliqueraient pas également à la caisse des dépôts ? En appliquant mes observations de la caisse des dépôts, et en étant optimiste, on peut au mieux imaginer qu’il existe chez FT quelques écosystèmes de niche internes au sein desquelles susbsitent des équipes mobilisant des moyens importants pour construire et commercialiser des offres de services nouvelles et répondant à des besoins d’acteurs publics ou de véritables attentes sociales ?

Pierre a en tout cas achevé de me décourager à chercher dans l’immédiat des pistes d’IIUPs chez France Telecom. Au contraire, il me donne généreusement de nombreuses pistes pertinentes à explorer dans son carnet d’adresses.

Une de mes anciennes collègues de travail m’avait fait découvrir l’économie de communion. A l’occasion d’une conférence sur ce thème, je rencontre la directrice d’un groupe agro-alimentaire. Celle-ci cherche maintenant à mettre ses compétences managériales et entreprenariales au service d’enjeux d’utilité publique, sur des thématiques de développement durable. Peu familière de l’univers des nouvelles technologies, elle m’invite cependant à rencontre Bernard un business angel qui cherche à répondre à des problématiques d’utilité publique par les outils du financement et de l’accompagnement de petites entreprises. Celui-ci évoque avec moi quelques projets sur lesquels il travaille. Il se révèle l’une des rares personnes rencontrées qui se situe à l’exact croisement des démarches d’innovation et de réponse à des enjeux d’utilité publique, plus particulièrement environnementales. Il me prouve, si cela était nécessaire, que les acteurs du secteur public sont bien loin d’avoir le monopole des innovations d’utilité publique. Nous évoquons ce en quoi l’Internet pourrait être utile pour de tels projets : du plus utopique avec la commercialisation de services en lignes de médiation appliqués au développement local jusqu’au plus prosaïque avec celle de services en ligne d’information sur la qualité de l’environnement dans les grandes villes françaises. Bernard semble un pont rare entre pur entreprenariat et économie sociale. Il serait sans doute une aide précieuse pour les social entrepreneurs qui émergeront un jour sur les marchés français.

Je ne peux terminer cette expédition estivale sans prendre le temps d’appeler mon pote Jean-Paul. Jean-Paul, ancien directeur d’association est aujoud’hui consultant Internet expérimenté auprès de collectivités locales et du tiers secteur. Il m’explique pourquoi son projet de création d’entreprise d’insertion par les nouvelles technologies n’a jamais pu voir le jour : l’incompétence professionnelle d’institutionnels de l’insertion pour l’économique y est pour quelque chose. Le dégoût et la méfiance des « vieux roudoudous du monde associatif » n’y sont pas pour rien. Alors, tout espoir est-il perdu de voir un jour des innovations privées répondant à des enjeux d’utilité publique à l’aide des technologies Internet ? Jean-Paul pense qu’aujourd’hui, les seuls acteurs qui peuvent prétendre à faire du sérieux dans le domaine, ce sont les équipes d’ingénierie des télécommunications des grosses ONG internationales, quoique ce ne soit certes pas dans une démarche entreprenariale. Alors, où verra-t-on de vraies IIUP demain ? Il hésite un instant et me confie : l’enjeu d’utilité publique auxquelles de telles innovations pourraient répondre de la manière la plus profitable, c’est le financement de micro-projets associatifs. Oh-oh ! Voila qui m’inspire… Il faudra que je (lui et) vous présente bientôt le projet que cette idée m’inspire.

Cette expédition a pris fin dans le courant de l’été : il fallait bien que je parte véritablement en vacances à un moment donné, non ?! Récapitulons les questions que je me posais initialement et mes conclusions à ce stade de mes recherches :

  • les innovations Internet d’utilité publique ne sont plus totalement terra incognita puisque je suis revenu vivant de cette expédition pour vous en parler
  • Peut-on répondre durablement à des enjeux d’utilité publique avec l’Internet ? Je n’en ai pas acquis la preuve mais nous sommes nombreux à y croire, alors pourquoi pas.
  • Les IIUPs, est-ce que ça existe vraiment ? est-ce un OVNI ? Peut-on faire de l’innovation Internet d’utilité publique à grande échelle et avec des moyens vraiment conséquents ? Ces entretiens m’ont permis de rencontrer plusieurs personnes affirmant qu’ils ont vu voire rencontré des IIUPs. Pour certains, il s’agit même de sujets de travail sur lesquels sont mobilisés des moyens significatifs dans quelques grandes organisations.
  • Qui s’est déjà attelé à de tels projets ? La carte ci-dessous récapitule les principaux acteurs que j’ai pu répérer et/ou rencontrer jusqu’ici. Il me faudra un jour positionner sur cette carte des acteurs tels que le Réseau Idéal, 6nergies, Ilog, Sofrecom, l’UNIT Consortium, Sopinspace, la DATAR, Ashoka, Navidis, Novethic et d’autres…

Acteurs des innovations Internet d'utilité publique

Malheureusement, l’été a été trop court pour explorer toutes les pistes qui se sont offertes à moi. Et, reprise oblige, j’ai moins de temps pour explorer ces pistes par des entretiens face-à-face (sauf à déjeuner ensemble, bien sûr). Alors je me tourne également vers vous pour m’aider à affiner ces idées. Comment croiser, en France, utilité publique, entreprenariat et nouvelles technologies ? Ces ingrédients peuvent-ils prendre en mayonnaise ? Où sont les grands Chefs cuistot en la matière ? J’aimerais savoir ce que tout cela vous inspire. Comment voyez-vous les choses ? Qui peut me donner plus de tuyaux à ce sujet ? Comment poursuivre cette exploration et dans quelles directions ?

Critiques du web sémantique

Le Web Sémantique est l’objet de nombreuses critiques. On reproche principalement à cette vision technologiste son manque de pragmatisme. Voici les références de deux articles illustrateurs de ces critiques.

Clay Shirky soutient que la gestion d’ontologies n’est pas une sinécure et que les technologies de « social tagging »/ »folksonomies » sont une alternative beaucoup plus adaptée à l’Internet que ne l’est la vision du Web Sémantique des spécialistes des ontologies. Selon moi, l’alternative proposée (le social tagging) est bonne mais la critique anti-ontologies est exagérée car je ne pense pas que la vision de Tim Berners-Lee du web sémantique soit autant portée sur une modélisation ontologique top-down des connaissances que l’on veut bien le dire. Bref, pour moi, la solution d’avenir ce serait quelque chose du genre « semantic social tagging ». Cet article est un bon point de départ pour découvrir les folksonomies, comparées à la modélisation ontologique des connaissances.

Sur un ton plus comique, on peut trouver une libre reprise d’un sketch des comiques anglais « Monty Python » qui se moque de l’approche top-down des spécialistes du web-sémantique ; la critique est aisée depuis que Tim Berners Lee a été adoubé chevalier par la reine d’Angleterre… Elle n’en reste pas moins tout à fait amusante et intéressante.

Au passage, je vous suggère une manière simple de se représenter le web sémantique : imaginez que le web devienne non pas simplement un gros document hyper-texte mais également une grosse base de données. Avec le web sémantique, les applicatifs (agents ou non) pourront « librement » traiter des données produites par d’autres applications.

Management associatif à l’américaine

Depuis peu, j’écoute des podcasts dans ma voiture lors des trajets boulot-maison. L’un des podcasts que je trouve régulièrement le plus intéressant, c’est For Immediate Release: The Hobson and Holz report. On y parle de l’univers des médias et de la communication sous l’angle de l’innovation et des nouvelles technologies (en anglais).

Ce matin, For Immediate Release me faisait découvrir Jeff De Cagna, manager associatif expérimenté et, du même coup, me donnait l’occasion de découvrir le management associatif à l’américaine. J’ai été surpris de constater que les problématiques américaines sont très similaires à celles des OSBL françaises : comment gérer la relation permanents/bénévoles ? comment ne pas rendre l’association dépendante d’un tout petit noyau de bénévoles acharnés qui donnent l’impression de tout porter à bout de bras ? comment faire en sorte que l’association travaille davantage à sa mission (son « coeur de métier ») qu’à sa propre survie ? etc.

Bref, si vous comprenez bien l’anglais, je vous conseille d’écouter cette interview de Jeff De Cagna puis de vous abonner à « For Immediate Release » (à l’aide du logiciel ipodder par exemple) pour écouter leurs émissions toujours très professionnelles et approfondies (bien que parfois un peu trop longues à mon goût).

How to ReSTfully Ajax

Here are some pointers for learning more about the Ajax programming model and how to properly design your Ajax application :

While I am mentionning the Representational State Transfer (ReST) architecture style, here are some additional and valuable resources on this topic :

Qu’est-ce que l’innovation ?

Vu que je bosse maintenant dans la recherche, je peux m’intéresser plus étroitement… à l’innovation. Recherche et innovation, même combat ? La mode du moment, dans une certaine partie du monde de la recherche (privée) semble être de dire : « nous faisons de l’innovation », nous sommes une « innovation company ». Sans ce credo, impossible de garder la confiance et l’attention des analystes financiers ?

Dans ma compréhension des choses, cela sous entend mettre le client final au coeur du processus de recherche d’innovation, y mettre aussi un esprit entrepreneurial et une approche stratégique des marchés. Et le saint-père de l’innovation est sans aucun doute, pour moi, Clayton Christensen. Et l’un de ses prophètes étant l’original blogger Dave Pollard. Mais il n’y pas qu’outre atlantique qu’on parle (bien) d’innovation. Cocorico, la FING, après l’indispensable interview de Dominique Cardon sur l’innovation ascendante (encore mieux que l’innovation tout court, si, si, je vous assure), nous propose une nouvelle interview sur le sujet.

Marc Giget rappelle que le moteur de l’innovation, ce n’est pas la technique mais le rêve. Personne ne dirait : « j’aime le 802.11g ». Par contre, nombreux sont les innovateurs qui rêvent à ce que l’on peut faire avec la technique Wifi. De plus, des millions de scientifiques produisent de la connaissance et notamment de la connaissance technique tous les jours, sans que cela ne produise du changement. L’innovation, qui est selon moi changement (ce que la recherche n’est pas forcément), résulterait donc, selon Marc Giget, d’une activité de synthèse créative.

Bookcrossing : le monde est une bibliothèque

Si vous trouvez un livre dans un lieu public, ne concluez pas trop vite qu’il y a été abandonné. Il se pourrait bien qu’il y ait été libéré (released) par un bookcrosseur généreux. Pour le savoir, vérifiez si, sur la couverture ou dans les premières pages, il ne dispose pas d’un identifiant BCID. Si c’est le cas, alors vous êtes invité à le lire (ou le laisser sur place si il ne vous intéresse pas, bien sûr), à le libérer ailleurs et à laisser un message sur le site du bookcrossing. Avec le bookcrossing, le monde devient une bibliothèque ouverte à tous. Vous êtes vous jamais imaginé la vie d’une goutte d’eau ou d’une pièce de monnaie ? Avec un peu de chance, la vie de vos livres préférés vous sera racontée étape par étape grâce à la traçabilité des BCID. Une nouvelle manière de créer des liens entre lecteurs et de développer des communautés ouvertes de bibliophiles. Et une nouvelle manière d’appliquer la maxime open source : « Release soon, release often ».

What about having lunch together ?

You are in Paris surroundings ? What about having lunch together ? This is a permanent invitation for lunch . It is valid from Monday to Friday in some places in Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine or Essonne, not too far from my work place. Just leave me a comment here or send me an e-mail at sig at sig dot levillage dot org. See you soon !

Invitation à déjeuner

Cher lecteur, et si on déjeunait ensemble un de ces quatre ? Ceci est une invitation permanente, valable (à peu près) n’importe quel jour de la semaine, pour un déjeuner dans certains coins de Paris, du 92, du 78 ou du 91, mais à portée de mon lieu de travail (à voir par e-mail). Il suffit de me laisser un message en commentaire ici ou par mail à l’adresse sig chez sig point levillage point org. Ca me fera bien plaisir de te voir. A bientôt !

Oh, my job !

Ca y est, j’ai changé de job. Adieu la multinationale industrielle dans laquelle je manageais l’équipe intranet. Bonjour la multinationale high-tech dans laquelle je manage une équipe de recherche sur les « knowledge technologies ». Entre temps, quelques vacances bien méritées m’ont permis de me reposer et de travailler sur un sujet qui me tient à coeur : les innovations Internet d’utilité publique. Mais c’est une autre histoire dont je vous parlerai bientôt.

J’ai bien envie de vous dire quelques mots sur mon nouveau job. Mais je dois veiller à ne pas en dire trop, devoir de réserve et confidentialité obligent… comme avant mais en plus ancré dans la culture de mon nouvel employeur. Bon, bref, je suis dans une « tech’company » et je suis encore dans la phase de découverte de ce nouvel environnement. Et j’en suis encore à faire des « oh! » et des « ah! » de surprise chaque jour. Mis à part quelques rares mauvaises surprises (un firewall corporate un peu trop strict à mon goût, pas de proxy SOCKS, des procédures à n’en plus finir), je suis plutôt dans une phase d’ébahissement quotidien, ne serait-ce que lorsque je découvre mes nouveaux outils de travail. Jugez plutôt.

D’abord, ici, je suis dans un lab, je fais de la recherche : ah ! plaisir ! on va (enfin) pouvoir s’amuser un peu (plus) ! Et puis, le premier jour de mon arrivée, je créé mon blog sur l’intranet. Oh ! N’importe quel employé peut créer son blog sur l’intranet (avec Livelink) ! Et des wikis à volonté !? Mais où suis-je donc tombé ?! Tiens, mes voisins de bureau constituent l’équipe informatique locale. Oh-ah ! Je peux m’abonner aux news de cette équipe via leur flux RSS ! J’y apprends qu’un bon paquet des employés sont devenus adeptes de la messagerie instantanée… sur un serveur Jabber interne ! Et mes collègues, dans mon équipe, utilisent Firefox et Thunderbird (certains sous linux !) ! Ah ! Oh! Il y a un serveur NNTP dans l’entreprise avec des newsgroups internes ! Oh ! Mon N+3 parle de podcasting et de blogs dans sa dernière intervention devant un parterre d’analystes financiers ! Mais où suis-je donc tombé ? Quoi ? L’équipe informatique locale vient vanter les mérites de Python à mon équipe (entre deux distributions de M&Ms) ? Pincez-moi ! Le moteur de recherche de l’intranet me bombarde de contenu quand j’y cherche « P2P », « podcasting », « social software » et autres « semantic web »… 16 matches pour « blogosphere », pas mal ! Bon, reprenons nos esprits… Mmm… Mais… Mais… c’est un sourceforge corporate que je vois installé là ! Avec plus d’une centaine de projets (plutôt actifs) dedans ! Et des mailing lists actives et archivées sur le serveur corporate de mailing lists… Et le PDG annonce qu’il consacre le nouveau think tank intranet qui permet à n’importe quel employé de soumettre des propositions d’innovation dont on a ensuite un suivi via intranet… Ouhla la… Tiens, deux jours après mon arrivée, mon e-provisioning est presque terminé : je suis déjà dans la messagerie Groupe mais aussi dans l’annuaire LDAP groupe et dans le réplicat local. Wowa. Le choc entre « avant » et « après » est rudement sympa ! Je vais reprendre un de ces chocolats chauds que cette gentille machine à café nous distribue à volonté.

Au niveau environnement extérieur, le changement n’est pas mal non plus. Par la fenêtre, je ne vois plus la façade du gratte-ciel d’en face (La Défense…) mais les champs et les bois. Pour venir, je ne me tape plus quotidiennement deux heures et demi de RER + Bus mais une heure de voiture (tant que les autres banlieusards sont en vacances, je suis à 30 minutes de chez moi). Le trajet a un inconvénient : les agriculteurs du coin procèdent actuellement à de l’épendage de lisier, bonjour les odeurs. Mais, bon, c’est pittoresque. Et une fois les champs éloignés, je retrouve le parfum de la forêt du parc naturel que je traverse de part en part. Je longe chaque jour les remparts d’un château fort du 11è siècle, je traverse villages et hameaux, je me gare… et je badge.

Niveau ambiance, ça a l’air d’être bien sympathique ici. J’ai vite abandonné le costard-cravate de siège. Apparemment, dans les labs (mais aussi quand on est PDG ou VP), l’uniforme c’est plutôt le tee-shirt ou le polo auquel on rajoute une veste quand on veut faire plus classe. Mais où vais-je pouvoir mettre mon épingle à cravate et mes boutons de manchette (je plaisante, en fait, je n’ai ni épingle à cravate ni bouton de manchette).

Je vais arrêter là pour aujourd’hui et vais continuer à savourer mon modeste ébahissement quotidien.

Bilan de compétences et projets professionnels de mon équipe de recherche

[Ceci est le résumé de l’une de mes réalisations professionnelles. Je m’en sers pour faire ma pub dans l’espoir de séduire de futurs partenaires. Plus d’infos à ce sujet dans le récit de mon parcours professionnel.]

En 2005, je rejoins une équipe française de 6 chercheurs d’une multinationale américaine. Très spécialisée et isolée loin du siège, mon équipe regrette le manque de perspectives de mobilité interne. Je suis chargé d’étudier avec chacun ses projets d’évolution. Je propose et je mets en oeuvre une méthode de bilan individuel de compétences et d’élaboration de projet professionnel. Sur plus d’un an, je coache chacun pour élaborer sa synthèse de compétences professionnelles et son profil de personnalité ainsi qu’un cahier des charges précis de son prochain poste. J’obtiens le feedback de managers français et étrangers sur les projets professionnels de chaque collaborateur. Parallèlement, je me porte volontaire pour devenir tuteur d’un étudiant boursier qui, avec mon aide, réussit ses concours d’entrée aux Arts et Métiers. Un an après mon départ, l’ensemble du personnel de recherche Motorola France est cependant licencié. Plusieurs me remercient car ils n’étaient pas démunis pour affronter cette situation.

Publications, brevets et innovations en tant que chercheur aux Motorola Labs

[Ceci est le résumé de l’une de mes réalisations professionnelles. Je m’en sers pour faire ma pub dans l’espoir de séduire de futurs partenaires. Plus d’infos à ce sujet dans le récit de mon parcours professionnel.]

En 2005, je rejoins les laboratoires de recherche appliquée de Motorola. Je prends la direction de l’équipe française en charge des systèmes de raisonnement et d’apprentissage automatiques pour la personnalisation des contenus et applications mobiles. En deux ans, je co-écris 1 livre technologique cofinancé par l’Union Européenne, 2 brevets et 3 publications académiques. En tant que représentant de Motorola au pôle de compétitivité Cap Digital, je rencontre les dirigeants de plusieurs jeunes entreprises innovantes parisiennes et, sur la base de ces partenariats possibles, je propose à ma hiérarchie 6 projets d’innovations. Je propose une dizaine de projets d’innovation pour notre incubateur interne « Early Stage Accelerator » et j’obtiens le feu vert et un coach pour démarrer l’incubation de 3 de ces projets dans les domaines de la publicité personnelle non invasive, des guides interactifs de programmes TV et de l’édition de contenus personnalisés pour téléphones. Malheureusement, suite aux mauvaises ventes de téléphones en Inde et en Chine, Motorola se restructure et ferme peu après tous ses centres de recherche en Europe.

Prospective sur la demande sociale de recherche

Demain, notre société devra faire face à des enjeux pour lesquels un effort de recherche scientifique et technologique sera nécessaire. Quels seront ces enjeux ? Quel sera l’effort de recherche nécessaire ? C’est à ces questions qu’essaie de répondre le programme « Agora 2020 » du centre de prospective et de veille scientifique du ministère de l’équipement.

Innovation industrielle, et Internet dans tout ça ?

Le rapport de Jean-Louis Beffa à Jacques Chirac a donné lieu à la création d’une agence pour l’innovation industrielle doté d’un joli budget. Ce rapport a été discuté dans la blogosphère.

Certains ont été notamment surpris de l’absence d’un axe prioritaire « Technologies de l’Information et de la Communication » dans ce rapport et ont souligné combien d’autres pays avaient au contraire misé sur l’innovation dans les TIC, les STIC (Sciences et …), les NTIC (Nouvelles… ce qui fait déjà un peu ancien).

Histoire d’apporter ma pierre à l’édifice de la critique (constructive), voici deux documents qui soulignent l’importance prioritaire que les TIC devraient avoir dans une politique d’innovation industrielle en France.

Le premier est un rapport d’étude du conseil stratégique des technologies de l’information auprès du premier ministre, portant sur les politiques de R&D sur les STIC dans les grands pays industriels. Il montre que l’Europe est largement en retard par rapport au Japon et aux USA en matière de R&D sur les NTIC.

Le deuxième document est le bulletin de juin 2005 du centre d’analyse statistique du Canada, portant sur l’innovation. Il indique :

Les résultats de l’Enquête sur l’innovation de 2003, qui portait sur l’innovation dans certaines industries de services, montrent que les établissements des industries de services des TIC sont les plus susceptibles d’être innovateurs. Au Canada, les trois industries où les taux d’innovation étaient les plus élevés appartenaient toutes aux TIC.

En l’occurence, il s’agit des éditeurs logiciels, des opérateurs satellite ou Internet et, dans une moindre mesure, des SSII et du conseil, des bureaux d’études, sociétés d’ingénierie ou de R&D et, enfin, des grossistes-distributeurs high-tech. Il me semble donc que l’agence française pour l’innovation industrielle néglige l’innovation dans l’industrie des services en ne prévoyant aucune priorité politique pour les TIC alors que, dans des pays tels que le Canada, les TIC sont perçues comme un secteur prioritaire d’innovation. On dit que les grands capitaines d’industrie, tels que M. Beffa, ne voient parfois dans l’informatique qu’un « mal nécessaire » (à la bonne gestion, notamment financière, des industries « lourdes »). Ceci explique-t-il cela ?

PS : Au passage, dans le document canadien, vous noterez que

les entreprises qui sont situées à proximité d’entreprises rivales ou d’universités ne sont pas plus
innovatrices que les autres de la même industrie, sauf quand la distance est extrêmement courte.

Il est précisé, un peu plus loin :

La proximité avec des entreprises rivales ou des universités semble favoriser l’innovation uniquement lorsque les distances sont très courtes (quelques centaines de mètres). Et même dans ces cas, la proximité n’a des répercussions que sur certains types d’innovations. La proximité étroite avec des entreprises rivales semble favoriser l’imitation plutôt que les innovations originales, tandis que la proximité étroite avec des universités semble favoriser les innovations originales plutôt que les imitations.

Alors, que penser de cet autre volet des politiques françaises de soutien à la R&D, qui passe par le développement de « pôles de compétitivité » censés rapprocher physiquement entreprises rivales et universités ? Le fond a certainement du bon. Mais a-t-on pensé à prescrire une distance limite au-delà desquels le pôle n’a plus de sens ni d’intérêt ?

Les Fondations en France

En France, les Fondations sont des structures qui allouent des moyens financiers à des « causes » diverses. Les Fondations sont des organisations sans but lucratif qui sont sensées être des championnes de « l’utilité publique », de l’ « intérêt général ». Voici quelques pointeurs qui vous permettront de mieux les connaître :

Le bidouilleur mobile a toujours tor

Actuellement, je suis pas mal en déplacement. Aujourd’hui, j’arrive dans une salle informatique en libre-service d’une entreprise et j’essaie de me connecter au Net avec mon portable.

Première chose à faire, trouver de l’électricité car ma batterie est à plat. Pas de problème, je débranche un écran et lui pique sa prise. Je le remettrai en partant comme j’aurais aimé le trouver en arrivant, bien sûr. :)

Ensuite, il me faut du réseau. OK, je vérifie que les postes sont configurés en DHCP et je pique une prise RJ45 au poste devant lequel je suis. Ca marche, mon portable est accepté par le réseau local. L’administrateur réseau m’avait bien sûr donné son autorisation pour cette opération…

Maintenant, passons aux choses sérieuses : accéder au Net. Visiblement, les postes de cette salle ont des Internet Explorer qui sont configurés sans proxy. Effectivement, depuis mon portable, en désactivant le support proxy de mon Firefox, j’accède au Web sans encombre.

Oui, mais comment relever ma boîte aux lettres en POP ? Il y a un firewall qui montre les dents entre le Net et moi. Thunderbird m’insulte en me disant qu’il s’est fait jeter et que le cerbère de service refuse de le laisser sortir du réseau.

Heureusement, en bon bidouilleur mobile, j’ai mon routeur à l’oignon préféré, à savoir TOR. Je lance donc Tor sur mon portable. Celui-ci arrive à se faufiler par-dessus le firewall et m’ouvre un accès au monde extérieur. J’indique à Thunderbird d’utiliser Tor en tant que proxy SOCKS. Pas de problème, me voici sur le Net en POP !

Idem si je veux accéder à la TV ou la radio en ligne avec Winamp, je configure Winamp pour attaquer un proxy HTTP que j’installe sur mon portable (Privoxy). Et ce proxy relaie mes paquets de communication vers Tor en tant que proxy SOCKS.

Plus fort encore, votre firewall bloque les accès Web ? mais vous avez un proxy SOCKS d’entreprise qui peut vous ouvrir votre accès au Net ? Vous pouvez alors « socksifier tor » grâce à un petit utilitaire du style FreeCap et faire ainsi de belles acrobaties de bidouilleur mobile. Par contre, vous veillerez encore une fois, auparavant, à demander à votre administrateur réseau l’autorisation de faire de telles acrobaties. Il se pourrait qu’elles fassent hérisser les cheveux sur la tête d’un responsable local de la sécurité informatique trop zélé. Attention à ne pas vous mettre en TORT !

Bref, Tor, voila un joli joujou pour vous assurer une meilleure connexion au Net même dans des réseaux trop contraints. Bravo à l’EFF.

Semantic Web reports for corporate social responsability

With that amount of buzzwords in the title, I must be ringing some warning bells in your minds. You would be right to get cautious with what I am going to say here because this is pure speculation. I would like to imagine how annual (quarterly ?) corporate reports should look like in some near future.

In my opinion, they should carry on the current trend on emphasizing corporate social responsability. In order to do so, they should both embrace innovative reporting standards and methodologies and support these methodologies by implementing them with « semantic web »-like technologies. In such a future, it would mean that financial analyst (and eventually stakeholders) should be able to browse through specialized web sites which would aggregate meaningful data published in these corporate reports. In such specialized web sites, investors should be able to compare comparable data, marks and ratings regarding their favorite corporations. They should be given functionalities like the one you find in multidimensional analysis tools (business intelligence), even if they are as simplified as in interactive purchase guides [via Fred]. In such a future, I would be able to subscribe to such a web service, give my preferences and filters in financial, social and environmental terms. This service would give me a snapshot of how the selected corporations compare one to each other regarding my preferences and filters. Moreover, I would receive as an RSS feed an alert whenever a new report is published or when some thresholds in performance are reached by the corporations I monitor.

Some technological issues still stand in the way of such future. They are fading away. But a huge amount of methodological and political issues stand there also… What if such technologies come to maturity ? Would they push corporations, rating agencies, analysts and stakeholders to change their minds and go in the right direction ?