La mode fait des victimes, c’est bien connu. Ce phénomène est également connu dans le monde informatique, traversé de courants, de tendances et « buzzwords » incontournables (voir également cette discussion). Certaines technos ont été (ou sont encore) particulièrement concernées par ces phénomènes de mode et surtout par le caractère éphémère de ceux-ci, ce qui ne dit pas grand chose de leur valeur réelle pour l’entreprise. Ces technologies semblent être, dans le désordre : le WAP, les services Web, SOAP, XML, VB.Net et .Net en général, les EJB, le DRM, le « push », les JSP, l’Extreme Programming, Struts, les design patterns, XSLT et le développement offshore, sans compter la videoconférence via Internet et la réalité virtuelle.
Les principaux moteurs de la mode semblent être le marketing des éditeurs logiciels ainsi que l’envie (« je vais me faire un paquet grâce à cette technologie ») mais aussi la naïveté des clients des éditeurs ainsi que le grégarisme des managers informatiques. Parfois, les budgets promotionnels d’une offre logicielle atteindraient ou dépasseraient les budgets de développement informatique de cette offre. Un moteur qui entretient l’effet du mode jusqu’à son paroxysme serait la stratégie individuelle des gourous technologiques et autres « early adopters ». En effet, ceux-ci prennent le risque d’investir personnellement sur telle nouvelle technologie. Ils choisissent de passer du temps à la comprendre, à l’apprendre et à l’expérimenter. Ils se retrouvent ensuite dans une situation ou ils doivent soit reconnaître qu’ils ont perdu leur temps soit essayer de maximiser leur profit. Et évangéliser cette technologie outre mesure est le meilleur moyen de maximiser leur retour sur investissement intellectuel : ce n’est qu’ainsi que cette technologie a une chance d’être adoptée et donc la connaissance des early adopters d’être valorisée.
Qu’est-ce qui met fin à l’effet de mode ? Sans doute la mesure effective du retour sur investissement dans le contexte de projets réels. Et la reconnaissance du ratio complexité / fonctionnalités (la valeur ajoutée, en fait) : « finalement, cette technologie n’en valait pas la peine ». C’est pourquoi l’adoption d’une technologie ne semble pouvoir se faire dans de bonnes conditions qu’à la condition de connaître précisément l’étendue des cas dans lesquels il ne faut surtout pas y faire appel.