Archives de catégorie : Humains en réseaux

Recycling un-used business ideas

As a former entrepreneur and a compulsive innovator, too many ideas of new businesses tend to leak out of my mind. Most of them are very so-so and I will not implement them. But it would be stupid not to recycle them in my process of open-sourcing my quest for networked intelligence. In simpler words : let’s share with you some more or less stupid business ideas. They will come into my usual wishlist. Your comments will be very much appreciated. Let’s start with an idea on … recycling laptops into digital frames.

If you read Slashdot, you will be familiar with this kind of digital frame. The idea is that many do-it-yourself guys can turn old laptops into digital frames displaying holiday pictures as slideshows in the living room. Let’s consider the facts :

  • laptops are expensive to recycle and a dangerous waste for the environment ; users companies and retailers (or cities) pay for getting rid of them
  • DIY guys can turn them into digital frames
  • I’d like to have such a digital frame equipped with a wifi connexion in order to display the pictures freshly taken from my digital camera
  • the digital frame might be the ideal companion for digital cameras (more than printers ?)
  • this business idea has already been implemented but I imagine this is a quite a small niche market.
  • In France, the Envie company “recycles” jobless people into experts in recycling electronic equipment.

Why not implement this business in Europe with a lower cost solution : either offshore or locally within the social economy sector ?

P2P + Web Sémantique + Réseaux sociaux + Bureautique = ?

Prenez une once de peer-to-peer, trois coudées de web sémantique, deux livres de bureautique et un denier de réseau sociaux, malaxez avec énergie et vous obtenez… le “Networked Semantic Desktop”. Ca c’est de la convergence où je ne m’y connais pas… Projet de recherche, circulez, il n’y a rien à télécharger ! Vu également ici.

Economie de communion : utiliser l’entreprise pour rendre le monde meilleur

L’économie de communion est un concept issu d’un mouvement  de l’Eglise catholique appelé les Focolari. Autant les Focolari semblent avoir une saveur un peu hippie-catho/communautaire/charismatique qui peut faire peur ou rigoler, autant l’Economy of Communion (EoC) est un concept que je trouve très percutant et pertinent, notamment mis en perspective du phénomène open source avec lequel il partage de nombreux points communs du point de vue idéologique tout du moins. Il s’agit d’un concept d’autant plus percutant qu’il a déjà été adopté et mis en oeuvre au sein de plus de 700 PME en Italie, au Brésil et ailleurs.

Les ambitions de l’EoC

L’Ecole pour les Entrepreneurs de l’Economie de la Communion propose à des dirigeants d’entreprise de les aider à comprendre

comment il [leur a été] possible de […] faire les bons choix : en étant les premiers à aimer les autres, en induisant ainsi un amour réciproque au sein de la firme, ce qui à son tour attire l’attention des cieux et l’action de notre partenaire caché et divin directement au sein de l’entreprise

Tout un programme théologico-économique ! Mais qu’est-ce qui se cache sous ce jargon catho ? Les entrepreneurs de l’EoC se donnent comme objectif de

démontrer qu’il est effectivement possible d’appliquer la communion dans l’économie et montrer ainsi que ce nouveau comportement économique est basé sur une rationnalité plus large qui anticipe un modus operandi qui deviendra inévitable dans un futur raisonnable.

D’après le professeur Bruni,

L’EoC espère transformer les structures d’entreprise de l’intérieur en réussissant à éclairer les relations internes et externes des sociétés à la lumière d’un style de vie basé sur la communion c’est-à-dire sur le ‘don réciproque’ que ce terme implique […] Le challenge de l’EoC est de relire les pratiques organisationnelles quotidiennes à la lumière de cette notion de don et de communion.

Tout cela a vraiment l’air d’avoir quelque chose en commun avec les challenges (et l’idéologie) de l’économie open source : économie du don, pratiques communautaires, comportement et rationnalité économiques paradoxaux mais promis à un large succès… L’économie de la communion est-elle l’open source de l’Eglise catholique ?

Les difficultés auxquelles s’affronte l’EoC

Si les entreprises telles qu’on les connaît ne sont pas toujours des petits nids d’amour, c’est que

le raisonnement moral des gens [y] est coupé des réalités profondes de leurs vies, créant ainsi ce que de nombreuses personnes appellent “une vie fracturée”. C’est je pense l’une des raisons principales pour lesquelles construire des communautés authentiques au travail est si difficile. […] Il y a une forte tentation dans l’organisation de voir toute chose professionnelle […] comme un simple instrument d’accès aux profits ou au succès individuel. […] L’ubiquité [de ce type de rationnalité] exclut toute forme de rationnalité morale […] Cette rationnalité instrumentale tend à concentrer la responsabilité sociale de l’entreprise sur […] le don de bénéfices à des pauvres [(mécénat caritatif)], le don de temps personnel à des activités caritatives, la fourniture d’avantages divers aux employés, etc. au détriment de la manière dont s’effectue réellement le travail [quotidien] telle que la manière de rémunérer les gens, de concevoir les postes de travail, les processus de prise de décision, le marketing, les structures de propriété [(d’actionnariat)], la stratégie, le gouvernement d’entreprise, etc. L’instrumentalisme ambiant empêche la transformation morale et spirituelle de la manière dont chacun appréhende son travail et sa manière de travailler.

Du point de vue théorique, les tenants de l’EoC défendent que la théorie économique entre dans le champ plus large des théories morales, que l’idée selon laquelle la rationnalité économique est guidée par l’optimisation de ses stricts intérêts par l’individu a ses limites, qu’il n’est pas théoriquement impossible qu’un système économique tout entier puisse petit à petit voir des formes de rationalité économiques paradoxales devenir monnaie courante et qu’enfin une rationalité économique basée sur la notion chrétienne de communion (ou, plus largement, sur le don réciproque) est tout à fait… rationelle. Finalement, du point de vue théorique, l’EoC essaie de renvoyer l’homo economicus à la responsabilité morale qui guide forcément ses comportements économiques.

L’EoC en pratique

Les entreprises de l’EoC pratiquent la distribution d’une partie de leurs bénéfices à des oeuvres caritatives. Mais Lorna Gold explique que

la logique de communion [qui sous-tend l’EoC] ne se limite à cette dimension de distribution. Elle concerne la manière dont on traite les clients, la structure de tarification, la gestion de crises, la gestion des débiteurs etc. Très clairement, l’efficacité globale est essentielle, mais l’approche “au cas par cas” domine et est guidée par le désir de comprendre les besoins de son prochain.

En prenant l’exemple des politiques de rémunérations, Naughton note que

les rémunérations sont génératrices d’insatisfaction et non de satisfaction. Les rémunérations en elles-mêmes ne peuvent bâtir une communauté mais peuvent empêcher une communauté. […] [Du point de vue chrétien] le travail ne peut jamais être réduit au salaire versé. […] Il vaut mieux éviter de parler des salaires comme un échange [économique] mais plutôt comme éléments d’une relation de travail entre employeur et employé, relation qui a en son centre une dimension de don qui peut servir à renforcer une communauté professionnelle. [Cependant, il faut bien noter que] certains postes sont conçus tellement mal, de manière tellement idiote et bureaucratique qu’il devient très difficile [pour l’employé] de pouvoir faire preuve de don dans une telle situation. [Selon l’EoC, trois principes doivent guider les décisions de rémunérations :] satisfaire les besoins des employés (salaire minimal), reconnaître leurs contributions (salaire équitable), permettre un ordre économique durable pour l’entreprise (salaire durable).

Pour Michael Naughton, cet exemple des politiques de rémunérations illustre bien du point de vue de l’EoC

l’art de la réflexion de niveau intermédiaire qui fait le lien entre la théologie de la communion et les pratiques opérationnelles et quotidiennes de l’entreprise

Leo Andringa illustre la question des relations hiérarchiques dans l’entreprise et des modèles organisationnels en évoquant le fait que

l’organisation des entreprises est un “résidu de la société féodale”. Les idées révolutionnaires de liberté et d’égalité ont influencé l’Eglise, la famille et les institutions mais […] à l’opposé, n’ont pas touché l’essence capitaliste du système de l’entreprise. [… ] Du point de vue de la théorie de l’organisation, il est clair qu’une organisation […] ayant une finalité unique exprimée en cibles financières (chiffre d’affaires, bénéfices, trésorerie, valeur pour l’actionnaire) peut être relativement simple et […] très hiérarchique. [Mais] la principale motivation de l’entrepreneur EoC est de vivre la communion dans un environnement commercial. […] Plus l’objectif d’une organisation est complexe […] plus sa forme organisationnelle le sera.

Benedetto Gui précise que, dans l’EoC,

être un entrepreneur (ou un dirigeant ou quiconque ayant des responsabilités dans l’entreprise) est vu comme une véritable vocation : la vocation d’atteindre des valeurs élevées (et même des valeurs spirituelles) à travers l’accomplissement de tâches séculaires.

M. Andringa cite son expérience personnelle et ses relations en tant que patron avec son assistant :

Chaque fois que j’avais une décision importante à prendre pour l’entreprise, je lui faisais part de mes motivations et arguments. Il était une sorte de miroir pour moi. Lorsque je lui exposais mes arguments, je sentais immédiatement si ils tenaient ou non la route. En tant que directeur, c’était une expérience particulière que de prendre les décisions en [communion]. C’était une réalité que je vivais déjà dans ma vie privée et dans ma famille mais je la transposais pour la première fois dans la réalité de la direction d’une entreprise. […] En pratique, on voit qu’un grand nombre d’entrepreneurs veulent confronter leurs décisions d’importance avec autrui. […] Il est clair qu’une telle vision de l’entreprise ne peut se concrétiser sans la coopération de la majorité des actionnaires et la coopération ou la connaissance de la plus grande part des employés. Ce n’est que dans les entreprises où la communion est à tous les niveaux que ceux qui ont les rênes de l’entreprise peuvent être l’expression de la solidarité plutôt que celle de leur vision personnelle.

Le lien entre l’EoC et la responsabilité sociale des entreprises

Leo Andringa rappelle que

bien que de nombreuses multinationales ont gardé leurs oeillères fixées sur la croissance de leurs profits, nombre d’entre elles se sont impliquées dans l’augmentation de leur responsabilité sociale d’entreprise. […] La philosophie de l’EoC ne coïncide pas avec ce que l’on appelle maintenant la “Corporate Social Responsability” : en fait l’EoC a une responsabilité environnementale “par vocation” et non pour des buts de communication, d’image ou de [réponse à une] pression sociale. [L’EoC] exige beaucoup plus. […] Comment l’entreprise peut-elle réconcilier les intérêts de tous ceux qui dépendent d’elle : les actionnaires, les clients, les fournisseurs, la société civile ? Du point de vue [de l’EoC] il n’y a pas de réponse théorique à ce problème. Lorsqu’il est impossible de résoudre ce problème méthodologique à un niveau matériel, une solution est à trouver à un autre niveau [(spirituel, moral)].

Les atouts des entreprises EoC

Benedetto Gui explique que

les préoccupations [éthiques] des entreprises EoC font peser une charge additionnelle sur les dirigeants qui se sentent dans l’obligation implicite de garantir à leurs employés non seulement de bons emplois mais également des occasions de développer des relations interpersonnelles positives et de s’engager dans leurs activités professionnelles en accord avec leurs valeurs morales. Cependant, il y a un avantage à cet inconvénient : celui d’un surplus de motivation et de mobilisation de ressources volontaires. C’est grâce à ce phénomène que de nombreuses entreprises EoC survivent ou même connaissent le succès, malgré le “handicap” que représente leur adhésion à des principes de comportements telles que le respect de l’environnement, de la loi, etc.

Un témoignage dans le magazine de l’EoC illustre ce phénomène : Marcelle, responsable d’une toute petite exploitation agricole en Côte d’Ivoire, raconte sa surprise lorsqu’elle a constaté que ses ouvriers venaient prendre soin des plantations pendant leurs congés ou lorsque les événements politiques l’ont éloignée de son exploitation…

Avez-vous déjà repéré des sociétés françaises pratiquant l’économie de la communion ?

Jointure d’identité et réseaux sociaux

IBM a récemment acquis SRD, éditeur d’un logiciel qui met en correspondance :

  • diverses descriptions informatiques d’un même individu (jointure avancée d’identités),
  • les relations établies entre individus d’après leurs points communs (établissements de réseaux sociaux)

Bref, un logiciel tout à fait adéquat pour qui veut se constituer la parfaite panoplie du petit big brother.
Cette technologie semble un peu similaire aux méta-annuaires qui se sont spécialisés dans la jointure simple d’identités électroniques. Mais elle semble trouver ses principales applications dans le domaine du data mining pour le marketing et la CRM, dans l’analyse du risque crédit et dans le renseignement d’Etat et la sécurité privée. Elle me fait penser à Semagix qui, tout en ciblant des champs d’application similaires (CRM, détection d’opérations financières frauduleuses et déconstruction de réseaux sociaux mafieux), mise sur une approche “web sémantique”.
Il serait sans doute intéressant de savoir sur quelle approche technologique s’appuie SRD et si cette techno est suffisamment robuste, fiable et automatisée pour apporter des éléments de solution dans des problématiques très opérationnelles de gestion des identités électroniques.

Web-SSO : A CAS client for Zope

The Central Authentication Service (aka CAS) is an open source lightweight framework that provides Web Single Sign On to big organizations (universities, agencies, corporations). It seems to be wildly used and seen as as much mature and reliable as the struts framework.

An existing server can benefit CAS WebSSO features if its technology is supported by a CAS client. So, please welcome Zope’s CAS User Folder, that SSOizes Zope within complex SSO infrastructures.

Le Gartner consacre blogs et wikis

Le Gartner Group reconnait dans les wikis, les blogs, les logiciels de réseautage social et RSS un fort potentiel pour l’entreprise. L’attention portée par le cabinet d’analyse au mouvement de la gestion des connaissances “grass-roots” contribuer à apporter à celui-ci la légitimité (la consécration ?) qui lui permettront de prendre pied dans le secteur privé.

Depuis quelques mois, je sentais le vent venir : mon chef me parle de plus en plus souvent blogs et RSS (“c’est quoi ?”, “à quoi ça sert ?”, “comment je pourrais essayer ?”). Au début, c’était peut-être un peu pour me faire plaisir ? Mais, non, il a même souhaité que je lui installe un agrégateur RSS sur son poste de travail. Ah ! Du concret ! Ajouté à cela tout le buzzwording du Gartner et autres MetaGroup sur le sujet (“blogs et wiki sont les outils de collaboration de troisième génération”), on peut dire que, ça y est, les grandes entreprises portent l’attention de leur informatique sur ce sujet (il était temps). Maintenant, il faudra encore attendre un peu avant de voir des usages prendre racines à l’échelle de l’entreprise entière. En attendant, carnettons et agrégeons tous en coeur !

Facteurs de succès des communautés de pratiques

Nombre d’entreprises essaient depuis quelques années de décloisonner leur communication internet en développant en leur sein des échanges entre professionnels partageant des pratiques ou centres d’intérêt. Ces communautés de pratiques sont invitées à utiliser des techniques de communication électroniques. Certaines communautés sont perçues comme des succès et d’autres comme des flops. Qu’est-ce qui fait qu’une communauté de pratique appuyée sur des outils électroniques connaîtra ou non le succès ? Le CEFRIO s’est penché sur le sujet dans le cadre d’un projet de recherche et a publié ses conclusions.

Quels sont les principaux facteurs organisationnels de succès ? Pour qu’une communauté connaisse le succès, il faut distinguer deux phases dans son cycle vie : son démarrage et son fonctionnement en régime de croisière. Pour la phase de démarrage, c’est la structure de l’organisation qui est déterminante. Le succès sera probablement au rendez-vous :

  • si l’environnement organisationnel n’est pas un frein aux échanges (voire, au contraire, s’il facilite et encourage ces échanges transverses),
  • si le sujet d’échanges choisi par la communauté est considéré comme pertinent (comme ayant de la valeur) par ses membres ou par l’organisation dans son ensemble
  • et si l’entreprise soutient formellement la communauté.

Ces facteurs structurels sont déterminants pour que la sauce puisse prendre. Ils perdent ensuite leur importance lorsque la communauté entre en régime de croisière. Ce sont alors trois pratiques de gestion de la communauté qui prennent le pas pour assurer le succès de la communauté :

  • le travail de l’animateur de la communauté est-il assuré avec dynamisme ?
  • la participation à la communauté est-elle reconnue dans l’évaluation individuelle de performance (l’entretien annuel…) ?
  • l’implication dans la communauté fait-elle l’objet d’une large communication au sein de l’organisation ?

Si c’est le cas, il est fort probable que l’activité de la communauté sera perçue comme un succès par ses membres pour eux-mêmes et pour l’entreprise. Dans le cas contraire, il est probable que ce ne soit pas le cas. Dans une moindre mesure, le soutien technologique offert aux membres et la formation aux outils informatiques influent positivement sur le succès. Il est également probable que le fait que les membres aient déjà l’habitude de travailler en équipe, voire en communauté distante favorise également le succès. D’autres facteurs de succès de moindre importance sont liés aux croyances des membres : ma participation à la communauté peut-elle améliorer mes perspectives d’évolution professionnelle ? ai-je le sentiment d’appartenir au groupe que constitue la communauté ? ai-je le sentiment de pouvoir l’influencer ?

Jusqu’ici, il était souvent rapporté qu’un facteur déterminant du succès était le fait que la communauté, avant de devenir “électronique”, était constituée d’un groupe de personnes se connaissant déjà bien. L’étude du CEFRIO montre que ce n’est pas le cas : même constituée de personnes s’ignorant avant d’entrer dans le communauté, la communauté a autant de chances de connaître le succès ou l’échec.

Que pensent les participants de ces communautés ? En forçant le trait, on peut dire que les plus de 50 ans sont bien moins satisfaits de leur participation à des communautés de pratique que les plus jeunes et considèrent que les communautés de pratiques ne sont pas des succès, à l’opposé de leurs cadets. Tous âges confondus, l’opinion des membres est mitigée quant à l’utilité des communautés de pratique pour leur employeur. Les membres féminins se distinguent en considérant plus souvent contribuer activement aux échanges dans la communauté. Et elles estiment plus souvent que les hommes avoir réalisé des apprentissages professionnels et personnels importants. Le temps moyen consacré à la communauté s’élève à 50 minutes par semaine, ce qui est une source d’insatisfaction pour les membres des communautés. Ils regrettent un manque de reconnaissance de leur participation à la communauté par leur employeur. Par contre les membres de communautés de pratiques apprécient avant tout la qualité des échanges et de la collaboration entre les membres.

A quoi peut réellement servir une communauté de pratiques ? L’échange et le partage de l’information et des savoirs est l’objectif le plus souvent fixé et atteint pour les communautés de pratique. Les communautés réussissent à favoriser l’apprentissage de leurs membres, ce qui fait également partie de leurs priorités. Par contre, la valorisation de l’excellence des pratiques ou de la qualité sont souvent retenus comme priorité mais les communautés n’estiment pas pour autant atteindre ces deux types d’objectifs.

Comment fonctionnent les communautés de pratique ? Leur organisation interne est informelle, la plupart des décisions se prenant par consensus. Elles bénéficient d’un soutien très satisfaisant sur le plan des technologies de l’information. Pour pouvoir y participer, ses membres ne bénéficient pas de moyens supplémentaires si ce n’est, rarement, d’un peu de temps supplémentaire alloué par l’employeur. L’animateur de la communauté a pour rôle essentiel d’aider individuellement les membres et de fournir l’expertise sur les outils d’échanges électroniques, même si les membres croient, au moment de la création de la communauté, que son rôle essentiel est de susciter l’intérêt et la participation collectifs des membres. Les membres sont formés à l’utilisation des logiciels utilisés dans le cadre de la communauté. A la création de la communauté, les membres attendent de leur participation qu’elle leur permette de développer leurs connaissances. Ils ne s’attendent pas à bénéficier d’une reconnaissance particulière de la part de leur employeur mais leur degré habituel engagement dans leur travail compense l’absence de reconnaissance. Les membres ne se connaissent pas entre eux. Ils sont choisis par leurs supérieurs en raison de l’adéquation entre leurs compétences professionnelles et les objectifs de la communauté, et non pour leurs compétences informatiques. Cependant, la majorité des membres ont des connaissances informatiques supérieures à la moyenne (“utilisateurs débrouillards”). C’est l’animateur de la communauté qui les sollicite ensuite (surtout pour les femmes) ou bien le sponsor de la communauté (plus souvent pour les hommes). Les membres potentiels sont consultés sur leur participation et ont le sentiment de pouvoir refuser. Ils affirment ne pas craindre de partager leur expertise professionnelle au sein de la communauté. Ils attendent de leur participation qu’elle leur permette de développer leurs compétences, de pouvoir faire preuve de davantage de créativité et d’innovation, ce qui serait favorable pour leur avenir professionnel.

Portails / CMS en J2EE

Pour créer un portail d’entreprise en J2EE, il y a le choix entre acheter un coûteux portail propriétaire (IBM ou BEA pour ne citer que les leaders des serveurs d’application J2EE) ou recourir à un portail J2EE open source. Mais autant l’offre open source en matière de serveurs d’application J2EE (JBoss, Jonas) atteint une certaine maturité qui la rend crédible pour des projets de grande envergure, autant l’offre open source en matière de portails J2EE semble largement immature. Ceci semble fermer à l’open source le marché des portails et de la gestion de contenu des grandes entreprises pour encore de nombreuses années.

Aux yeux de la communauté J2EE, des cabinets de conseil du secteur et des gros éditeurs, le meilleur produit du marché sera nécessairement celui qui supportera au moins les deux standards du moment : JSR 168 pour garantir la portabilité des portlets d’un produit à l’autre, et WSRP pour garantir l’interopérabilité des portlets distantes entre leur serveur d’application et le portail qui les agrège et les publie. Il y a donc dans cette gamme de produit une course à celui qui sera le plus dans la mode de la “SOA” (Service-Oriented Architecture). Comme portails J2EE open source, on cite fréquemment Liferay et Exo. Cette offre open source n’est pas étrangère à la fanfaronnade SOA (il faut bien marketer les produits, eh oui…). Du coup, l’effort de développement des portails J2EE open source semble davantage porter sur l’escalade de la pile SOA que sur l’implémentation de fonctionnalités utiles. C’est sûrement ce qui amène la communauté J2EE à constater que les portails J2EE open source manquent encore beaucoup de maturité et de richesse fonctionnelle surtout lorsqu’on les compare à Plone, leader du portail / CMS open source. En effet, Plone s’appuie sur un serveur d’application Python (Zope) et non Java (a fortiori non J2EE) ; il se situe donc hors de la course à JSR168 et semble royalement ignorer le bluff WSRP.

Nombreuses sont les entreprises qui s’évertuent à faire de J2EE une doctrine interne en matière d’architecture applicative. Confrontées au choix d’un portail, elles éliminent donc rapidement l’offre open source J2EE (pas assez mûre). Et, plutôt que de choisir un portail non J2EE reconnu comme plus mûr, plus riches en fonctionnalités et moins coûteux, elles préfèrent se cantonner à leur idéologie J2EE sous prétexte qu’il n’y a point de salut hors J2EE/.Net. Pas assez buzzword compliant, mon fils… Pfff, ne suivez pas mon regard… :-(

La vision de chez Mac Donald Bradley au sujet du web sémantique

J’ai été très impressionné par la qualité de la vision du directeur scientifique de chez Mc Donald Bradley au sujet du web sémantique. Il présente non seulement de très justes illustrations de la vision de Tim Berner’s Lee mais il la remet également de manière très pertinente dans le contexte général de l’évolution de l’informatique sur les dernières décennies, à travers notamment la perspective d’applications concrètes pour l’entreprise. Sa déclaration d’indépendance des données laisse présager un avenir excellent pour la nouvelle discipline informatique qu’est l’architecture de l’information. McDonald Bradley est une entreprise que je trouve d’autant plus intéressante qu’elle se positionne sur des marchés verticaux clairement délimités, au sein du secteur public (et donc précurseurs en matière d’open source) : les services de renseignement, la défense, la sécurité, les finances publiques et les collectivités locales. A rapprocher des interrogations de Kendall Grant Clark au sujet de l’appropriation du web sémantique par les communautés du libre ? Malheureusement, je crains qu’il n’existe pas d’entreprise équivalente en France…

Lobbying distribué par le Web

Pour les associations qui souhaitent coordonner l’action de lobbying d’un grand nombre d’adhérents (“écrivez à votre député”, “envoyez un fax au maire”, …), un produit Plone vient de voir le jour : Public Action Manager (PAM). Il est notamment utilisé sur le site activiste Public Knowledge. Voici comment ça marche :

Lorsque des militants s’inscrivent dans un site web équipé de P.A.M., le PAM identifie les coordonnées de leurs élus locaux et les garde en mémoire. Lorsqu’une actualité législative suscite l’intérêt de l’organisation, le gestionnaire du site créé une action à travers un jeu de formulaire Web. Une alerte est envoyée à chaque militant, avec une description du sujet qui est en jeu et une méthode simple pour contacter leurs élus.

    Fonctionnalités

  • Gère des listes de diffusion
  • Promeut la participation par fax, email, télégramme ou autre.
  • Propose aux militants une grande diversité de lettres-type de manière à s’assurer que le message, tout en restant cohérent, ne devient répétitif.
  • Mesure l’efficacité des actions grâce à des formulaires d’évaluation inclus dans les emails et grâce à des statistiques de mobilisation.

Il sera intéressant d’attendre le recul de quelques années pour évaluer si de tels logiciels rencontrent des usages importants en Europe. Est-ce que l’activisme à l’américaine est suffisament proche du militantisme à la française pour qu’un tel logiciel trouve ses usages en France ?

Maturité des technos XML

01 Informatique a publié un état de l’art très synthétique au sujet des technologies XML. Chaque technologie présentée est qualifiée selon son degré de maturité. Et les seules technologies XML à avoir atteint le degré de maturité maximal sont les suivantes :

  • Les techniques de base : DOM, Unicode, XML, XML Namespaces, XLink, SAX, XML Schema/DTD, XLM Encryption, XML Signature, XPath 1.0, XSL et XSLT
  • La publication multicanal : CSS, VoiceXML, SMIL, SVG, XHTML, WML, MathML
  • Les services Web : le style REST, DSML (je ne suis pas sûr que la place de DSML soit vraiment dans la catégorie “services Web” mais enfin bon… pourquoi pas ?) et XML-RPC
  • Les échanges électroniques (B2B) : ICE
  • Le web sémantique : Dublin Core, RSS 1.0, RDF

Autrement dit, si vous envisagez d’appuyer une architecture informatique sur une technologie XML qui n’est pas dans cette liste, sachez que vous faites un choix technologique risqué car non éprouvé ! A vos risques et périls…

Clever Age – Le point sur l’interopérabilité J2EE, .NET et PHP

Clever Age a publié dans sa newsletter une excellente et didactique synthèse sur l’interopérabilité J2EE, .NET et PHP. J’en retiens les leçons suivantes :

  • Pour l’intéropérabilité, le couplage lâche c’est LE principe qu’il faut adopter
  • Les services web basés sur la pile de technologies liées à SOAP, c’est pas mal pour faire du couplage lâche
  • Mais les services web basés sur la technologie XML-RPC ou les services Web de style REST (quelle que soit la techno utilisée), c’est encore mieux car
    1. plus simple
    2. une pratique plus répandue
    3. ça apporte moins de contraintes techniques inutiles (infrastructure, compétences, …)

J’ajouterais que les services Web de style REST offrent un couplage non seulement encore plus lâche (modularité du S.I.) mais également encore plus tardif : inutile, au moment de la conception de vos services Web, de faire des hypothèses sur l’usage qui en sera fait dans le futur, le style REST vous garantit leur intégrabilité future.

La différence essentielle entre le style REST et le style RPC (XML-RPC ou pile SOAP), c’est que le style REST permet l’intégration spontanée (non planifiée centralement) de services alors que la pile SOAP suppose une planification plus centralisée des projets d’intégrations de services à travers la négociation et la spécification de contrats entre fournisseurs et consommateurs de services (et qui dit contrat dit “une certe forme de codification” et donc une certaine perte de flexibilité pour le futur).

Ma conclusion : l’approche REST est plus adaptée aux organisations qui sont elles-mêmes faiblement couplées. Autrement dit : pour faire du SOA sur SOAP, il faut réunir toutes les parties prenantes et établir des contrats de services spécifiques et peu évolutifs ; conséquence : faites du SOAP dans une organisation non centralisée et vous vous retrouverez dans une situation similaire à celle dont se lamentait Reinout Van Rees, une situation qui conduit à l’échec ou au moins au gaspillage d’efforts. Posez-vous plutôt la question :

  • Vous vivez dans une cathédrale ? Alors vous pouvez vous contenter du couplage relativement faible offert par SOAP mais vous vous encombrez toute de même de contraintes inutiles
  • Vous vivez dans un bazar (“bordel organisé” disait Fred ?) ? Alors il vous faut du couplage extrêmement lâche et tardif. Et l’interopérabilité des composants du bazar passe alors par la simplicité et le caractère “future-proof” de REST.

Au bout d’un moment, j’ai l’impression de me répéter à force de ressasser les mêmes choses sur REST. Mais j’espère que d’un billet à l’autre, mes idées sur le sujet gagnent en clarté (au moins dans ma tête). Et les vôtres ?

Réseaux d’entrepreneurs

Ces jours-ci, l’actualité des carnets Web offre de manière involontaire une confrontation amusante : d’une part le point de vue de Dave Pollard sur l’importance des réseaux d’entrepreneurs pour “éviter les champs de mine” que doit traverser toute petite entreprise pour survivre et prospérer et d’autre part la mise à jour 2004 d’un outil de cartographie des relations entre les conseils d’administration des plus grosses sociétés américaines (NB : societe.com offre un service similaire pour parcourir les relations entre dirigeants de sociétés françaises, mais avec une interface moins sympathique à mon goût).

Ma conclusion suite à cette confrontation : à toutes les échelles, les réseaux de dirigeants ont une importance indéniable du point de vue économique. Mais y a-t-il des différences fondamentales entre des réseaux d’entrepreneurs (de PME) et des réseaux d’administrateurs (de multinationales) ? Pourquoi les réseaux d’entrepreneurs paraissent-ils de manière naïve plus “sympathiques” que les réseaux d’administrateurs de grandes entreprises qui inspireraient plutôt la méfiance de l’opinion publique ? Cette différence de perception n’est-elle pas simplement idiote ? Ou bien les réseaux d’entrepreneurs seraient plus ouverts (accessibles et à jeu gagnant-gagnant comme on dit) alors que les réseaux d’administrateurs seraient plus fermés (secrets pour protéger la mise d’un jeu à somme nulle) ?

Management et stratégie des OSBL

Pour faire suite à mon billet de mars sur le management associatif et pour fournir plus d’information sur ce sujet, comme cela me l’a été demandé, voici, ci-après, quelques notes que je retiens de la lecture d’un document de Jean-François Pépin au sujet du management et de la stratégie des organisations sans but lucratif.

Les OSBL devraient être managées comme des entreprises ? Pourtant, elles en diffèrent en trois points, facteurs de complexité (au sens noble du terme) :

  1. l’évaluation de leur performance n’est pas seulement comptable ou financière mais surtout sociale (cf. le concept de développement durable…)
  2. leurs ressources humaines sont salariées mais aussi bénévoles
  3. leur action a une finalité politique ou sociale (“créer du lien”, …)

Leur fonctionnement s’appuie sur une “économie sociale de marché” : fonctionnement démocratique, volontariat, ni rémunération du capital ni distribution de bénéfices, faculté de délibération, … La logique d’économie de marché augmente la valeur (qualité / coût) des processus métiers (prestations de services…) des OSBL.

La mise au point d’une stratégie pour une OSBL suppose de répondre à des questions essentielles telles que “de quel type de rentabilité sommes-nous redevable et envers qui ?”, “comment prendre en compte tous les points de vue dans nos décisions ?”, … Une telle stratégie suppose de distinguer l’important (l’organisation, la survie économique) de l’essentiel (le projet associatif).

La clef du succès réside dans l’équilibre dynamique entre administrateurs bénévoles et permanents salariés et dans la vision partagée qui doit en résulter.

A noter que, pour le plaisir du lecteur averti, J.-F. Pépin renforce même son exposé d’une citation de Pierre Lévy pour rappeler que la clef de la performance dans un environnement aussi complexe réside dans les processus organisationnels que le philosophe qualifie d’intelligence collective.

Pourquoi Jonas plutôt que JBoss

Voici une liste d’arguments de comparaison entre deux serveurs d’applications J2EE open source : JBoss et Jonas. Je trouve cette liste intéressante car elle pointe les problématiques qui me semblent les plus importantes pour un projet d’entreprise autour d’un produit open source : disponibilité du support, de la documentation, etc. Selon moi, pour le lecteur, cette argumentation devrait être plus importante que le choix lui-même.

Merci, Thomas, de m’avoir indiqué ce lien !

Decentralized organizations centralizing their IT architecture = 0,1% chance of success


Reinout van Rees says

I’ve had enough of all those pictures in powerpoint presentations showing the One Central Database Or Application that would solve all communication problems in a building project.

Is this a coincidence if I feel the same and I work in a similar industry ? It is a hard job to convince this industry of the benefits of spontaneous integration and the adequacy of the open source model to support it ! Come on Reinout, let’s build the Spontaneously Integrated Front of Really Loosely Coupled Architects for the Building Industry ! ;-) Need to find a better name : SIFRLCABI does not sound well enough, even in French or in Dutch.

Carnets Web d’entreprise : l’exemple R.H.

Ce carnet Web tenu à jour par deux responsables R.H. en recrutement, de chez Microsoft, est un très bon exemple de carnet Web d’entreprise. Ce qu’apportent ces carnets à Microsoft : un lien d’animation avec la communautés des candidats à l’embauche chez Microsoft, une manière d’optimiser le processus de recrutement (les candidats postulent en étant tous mieux préparés), une meilleure lisibilité de la politique d’embauche de Microsoft, l’image d’une entreprise à visage humain. Il y a sans doute d’autres avantages fournis par les carnets Web pour soutenir la fonction R.H. de recrutement des grandes entreprises. Je vous laisse imaginer (et laisser vos idées éventuelles ici pour que tout le monde en profite !).