Groupe Open fait du wecena

01 Informatique a offert la semaine dernière une double page au wecena de Groupe Open. Depuis fin novembre, Groupe Open, la 10ème SSII française (dont les sociétés anciennement TEAMLOG et Sylis), s’est en effet engagé dans cette forme innovante de mécénat qui consiste à offrir les compétences de ses ingénieurs en intercontrat à des associations d’intérêt général. Pour ma société, c’est un premier succès car cet engagement prouve aux associations pour lesquelles je travaille que je suis en mesure de leur trouver des mécènes puis de les aider à faire travailler, au quotidien, les informaticiens volontaires envoyés par ces mécènes. Il y avait déjà eu l’engagement du cabinet Neoxia en août-septembre 2009. Il y a maintenant aussi Groupe Open.

En décembre, l’association d’intérêt général Dyspraxique Mais Fantastique a ainsi pu accueillir les compétences de 5 volontaires Groupe Open : Stéphanie, Thomas et Ana, à Lyon, et Alain et Pascal à Paris. Ensemble et à distance (via l’extranet projet sur wecena.com), nous avons commencé à prendre le relais de Caroline dans son travail d’informatisation de manuels scolaires pour les enfants dyspraxiques.

En effet, les manuels scolaires papiers du CP au CM2, tels que nous les connaissons, sont très difficilement utilisables pour les 250.000 enfants qui, en France, souffrent de troubles de l’apprentissage (dyspraxie, dyslexie, dys-…). Leur ergonomie n’est pas adaptée. Caroline est chercheuse en sciences cognitives à l’INSERM. Elle est également maman d’une petite fille dyspraxique. Depuis l’an dernier, elle informatise les manuels de sa fille, chaque soir, de manière artisanale, dans sa cuisine… Sur ordinateur, l’ergonomie des contenus pédagogiques peut être adaptée : un seul exercice par écran, des polices de caractère de grande taille, des interlignages importants, des conventions de couleur pour distinguer centaines, dizaines et unités, etc. Ainsi adapté, le manuel devient utilisable malgré le handicap.

Avec les volontaires Groupe Open, nous avons donc pris le relais de Caroline à partir de la page 51 du manuel de mathématiques de sa fille en CE1. Chaque page contient 4 ou 5 exercices qu’il faut donc recomposer manuellement sur informatique, à l’aide d’un logiciel spécifique. Elle indique aux volontaires les adaptations à réaliser. Les volontaires adaptent. Je les assiste. Ensemble, nous avons adapté plus de 20 pages de ce manuel.

Mais surtout, nous avons commencé à rôder une méthode de travail à distance (c’est la plus grosse partie de mon boulot) : mise en place d’outils de travail collaboratif (mailing list, wiki, outil de partage et de suivi des tâches), mise au point du process pour partager les consignes d’adaptation (c’est le travail de Caroline) et pour que chaque volontaire puisse auto-contrôler la qualité des pages adaptées avant de les remettre à Caroline (mise au point d’une « checklist » d’adaptation), recueil du feedback de notre « enfant-beta-testeur » et de son enseignante, toujours via Caroline. Le logiciel utilisé, Didapages, ne nous donne pas satisfaction. Nous avons donc poursuivi la recherche d’une solution alternative. J’ai ainsi eu le plaisir de proposer un prototype de logiciel libre pour adapter les manuels scolaire mais celui-ci est encore à l’étude et notre choix définitif n’est pas fait pour ce projet.

Après plus d’un mois de travail, nous avons donc bien rôdé nos méthodes, même si nous avons encore des gisements importants de productivité à exploiter. L’objectif reste d’aller jusqu’au bout de ce manuel de maths de CE1 avant de passer aux auters manuels, et de soulager Caroline de manière à ce qu’elle puisse préparer la suite du projet et, pourquoi pas, organiser une expérimentation avec un plus grand nombre d’enfants dès la fin du printemps.

La plupart des volontaires ont terminé leur période d’intercontrat et sont repartis en mission lucrative, avec le souhait de poursuivre sur leur temps libre, à titre bénévole. Aujourd’hui, un seul volontaire poursuit son travail à temps plein. Nous attendons avec impatience que de nouvelles candidatures au volontariat nous parviennent de Groupe Open.

Parmi les dirigeants des sociétés que j’essaie de convaincre depuis déjà 2 ans, quels seront les prochains à franchir également le pas et à faire don des temps morts de leur consultants en attente de mission : Euriware ? Thalès Services ? IBM ? Apside ? Sungard ? Groupe Hélice ? GFI ? … La générosité leur plait (ainsi que l’idée d’offrir ainsi du sens et de la fierté à leurs troupes, le tout sans vraiment avoir à dépenser d’argent…). Mais de là à passer à l’acte… il n’y a que Neoxia et Groupe Open qui répondent à l’appel ? Ce lancement avec Groupe Open a été très prometteur. Que donnera la suite ?

2 réflexions au sujet de « Groupe Open fait du wecena »

  1. Kribbou

    Bonsoir,

    je suis ingénieur en informatique et cela fait bientôt 2 ans que je travaille dans une grosse SSII, je n’ai pas eu beaucoup de période d’inter-contrat pour l’instant (2-3 semaines en tout) et je ne sais pas si ma direction est d’accord pour faire du mécénat pour l’instant.

    Cependant, votre projet attise ma curiosité (je l’ai découvert par hasard). Et j’aimerai peut-être mettre à disposition mes compétences en tant que bénévole.

    Vous serait-il possible de me présenter (par mail à l’adresse que j’ai indiqué par exemple) un peu plus en détails le projet de cette association, les technologies employées, le temps que cela peut nécessiter par semaine etc…

    Bon courage et bonne continuation, dans vos projets.

    Kribbou

  2. Sig Auteur de l’article

    Kribbou,

    Nous pouvons peut-être essayer ensemble de convaincre votre direction. J’ai l’habitude rencontrer des dirigeants de SSII pour leur expliquer tout l’intérêt qu’ils ont à proposer le wecena à leurs collaborateurs en intercontrat. Je serais ravi de les rencontrer dans votre cas.

    Sinon, j’ai commencé à rédiger un kit du volontaire avec des arguments qui pourraient vous aider à convaincre votre direction de vous autoriser à faire du wecena.

    En ce qui concerne le projet de l’association Dyspraxique Mais Fantastique et de l’INSERM et la possibilité d’y participer à titre bénévole, voici les infos qui pourront répondre à votre question.

    Tout d’abord le descriptif du projet est ici. Actuellement, le logiciel utilisé est Didapages version 1 qui est téléchargeable depuis ce site. Il s’agit d’un logiciel d’édition de contenus pédagogiques qui ressemble un peu à Powerpoint dans l’esprit. C’est avec ce logiciel que nous adaptons, page après page, le manuel de maths utilisé dans la classe de la fille de Caroline, à titre expérimental.

    Cependant, ce logiciel ne nous donne pas satisfaction et nous cherchons une alternative. Nous explorons donc actuellement 2 pistes :

    – développer des exercices interactifs en Flash et Action Script puis les assembler sous forme de « livre interactif » avec Adobe Captivate,

    – développer des exercices interactifs en JavaScript (et SVG avec Inkscape), puis les assembler grâce à un début de logiciel libre/open source que j’ai développé, bliotux,

    Donc vous pouvez apprendre à utiliser Didapages et donner un coup de main avec cet outil. Sinon, vos compétences éventuelles en Flash/ActionScript ou en JavaScript (notamment jQuery) nous intéressent !

    Adapter une page papier d’un manuel avec Didapages peut prendre plus de 10 heures, surtout quand on débute. Une page contient 3 ou 4 exercices qu’il faut remettre en page complètement « à la main » avec cet outil. Cela signifie qu’il faut découper chaque élément graphique de l’exercice, le placer à l’écran, définir son comportement (interactivité) en cliquant dans les menus de Didapages, suivre des règles précises d’ergonomie, vérifier la qualité de ce que l’on a fait avec une checklist, etc.

    Avec bliotux, créer une page papier demande 1 heure (15 minutes par exercice en remplissant un simple fichier texte) à condition de disposer des template Javascript+SVG qui conviennent pour chacun des types d’exercices de la page. Créer un template pour un nouveau type d’exercice peut prendre une dizaine d’heures si il s’agit d’un exercice très interactif (avec un clavier virtuel par exemple, sur lequel l’enfant vient cliquer pour afficher le résultat d’une opération mathématique).

    Si votre société veut faire du wecena, elle peut proposer ce projet à ses consultants. Elle peut aussi trouver son bonheur parmi les autres projets à soutenir.

    En tout cas, merci pour votre message qui prouve encore une fois que, contrairement à ce que certains disent, les informaticiens ne sont pas (tous) des individualistes qui ne pensent qu’à leur clavier. :)

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