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Le wecenat c’est sans t: wecena tout court

Si vous lisez ce message, c’est que vous êtes un être humain. Dommage pour vous (grippe mexicano-porcine, etc.). En fait, ce message s’adresse à Google, au cas où des futurs grippés lui demanderaient des infos sur le wecenat avec un t. Grippe, ou pas grippe, cher Google, le wecena, c’est santé. Qu’on se le dise. Désolé pour cette interruption.
Le wecena (et non pas le wecenat), c’est le mécénat de compétences informatiques sur intercontrats.

« SSII: 3 solutions pour réduire les intercontrats » (01 Informatique)

01 Informatique fait sa Une, cette semaine, avec le wecena dans un dossier : « Trois pistes pour réduire les intercontrats dans les SSII« . Les 2 autres pistes sont le chômage partiel et le prêt de salariés à un partenaire qui en aurait besoin au sein d’un même pôle de compétitivité (pour les SSII qui en font partie).

La piste wecena a pour avantage de créer de la valeur en termes de motivation, de fidélisation, de sens donné à son métier et d’image d’entreprise citoyenne au plus fort de la crise. Et, surtout, le wecena contribue à résoudre des problèmes majeurs de notre société : accessibilité et handicap, accès au savoir et éducation, santé, lutte contre la pauvreté, insertion et création d’emplois, … bref, le wecena rajoute une sacré dose d’humain dans les intercontrats.

Notez que je serai également interviewé sur BFM jeudi 23 avril 2009 à 23H (émission 01 Business, téléchargeable en podcasts).

Dans le même numéro 1990 du 16 avril de 01 Informatique, il y a également une enquête intéressante sur les logiciels libres avec un spectre assez large d’interviewés, d’Alexandre Zapolski (Linagora) à Frédéric Couchet (April / FSF France).

Tant que j’y suis, dans le numéro précédent, on pouvait lire un écho du post de Christian Fauré sur « la prolétarisation dans les sociétés informatiques ». Petite anecdote à ce sujet : étant donnée la durée forcément imprévisible et courte des intercontrats mis à disposition du monde associatif via le wecena, certaines de mes associations clientes commencent à parler des volontaires sous le terme d' »ouvriers Bac+5″. En effet, le plus simple pour elles est de commencer par leur confier des tâches pour lesquelles elles seront sûres que les volontaires pourront se rendre utiles dès les premières 48H de présence.

Exemples de travaux de ce type récemment évoqués avec les associations :

  • référencer sur informatique un stock de 100.000 livres destinés à l’envoi en masse à des bibliothèques locales de pays du tiers-monde (Afrique, Haïti…)
  • permettre à des enfants handicapés de rester dans des classes « normales » en rendant accessible sur informatique les centaines de pages des manuels scolaires utilisés par leur enseignant habituel (eh oui, qui dit handicap et « manuel pour handicapé » dit aussi « difficulté pour rester dans la classe où un manuel non spécialisé est utilisé »… pouvoir poursuivre une scolarité normale malgré un handicap tient parfois à peu de choses)
  • initier à l’informatique 1.000 bénévoles qui sont des employés à la retraite et ne sont pas à l’aise avec l’informatique

Bref, avec le wecena aussi les tâches proposées au volontaire sont parfois relativement « ouvrières ». Mais à la différence des tâches plutôt déshumanisantes dans un environnement de génie logiciel industrialisé, il s’agit avec le wecena de permettre à un consultant AS/400 en intercontrat de pouvoir, lui aussi, servir une grande cause alors que son expertise AS/400 ne rencontre pas (ou peu) de besoins réels dans le monde de l’innovation sociale. Il s’agit, pour les associations, de pouvoir profiter de la motivation et de la bonne volonté de tout volontaire en intercontrat quelque soit son expertise. Notez quand-même qu’on a aussi des besoins beaucoup plus « classiques » de conseil en architecture, de développement Web, de conception de base de données, d’administration système & réseau, etc. Les volontaires motivés et qui ont les compétences pointues dont les assos ont justement besoin sont les bienvenus !

Mais le rapprochement entre l’expression « ouvriers Bac+5 » que j’ai entendu de la bouche de responsables associatifs (sans mépris aucun, au contraire) et la tendance à la prolétarisation dans certains environnement de développement m’a amusé.

Que puis-je faire pour vous ?

[Vous pouvez télécharger mon CV 2009 au format PDF en cliquant ici. Pour une version plus complète, lisez la suite…]

Vous envisagez de vous fier à mes compétences, de faire affaire avec moi et j’ai bien envie de vous y encourager. Se vanter, c’est obscène mais se vendre, c’est nécessaire… Alors je vais me permettre de vous faire l’article, de faire ma pub éhontée devant vos yeux que j’espère indulgents et ébahis : mon parcours professionnel, mes domaines de compétences, mes principales réalisations.

L’exercice n’étant pas évident sur un blog (ni ailleurs, d’ailleurs), veuillez pardonner ma maladresse certaine, mon regretté pédantisme et les prétentions forcées qui s’ensuivent.

Mon parcours professionnel

De 1994 à 1998, l’Ecole Centrale de Lille, le Val Fourré, le CEA, la délégation interministérielle à la ville

De 1994 à 1998, j’obtiens le diplôme d’ingénieur à l’Ecole Centrale de Lille et j’y multiplie mes premières expériences : consultant nouvelles technologies auprès de PMEs européennes, chercheur en ingénierie de la connaissance pour EDF, administrateur réseau pour les élèves de l’école. Stagiaire au sein des quartiers sensibles du Val Fourré, j’invente et j’expérimente des technologies hypermédias pour la communication de proximité. Stagiaire puis consultant pour le Commissariat à l’Energie Atomique en France puis pour l’ONU et son Agence Internationale à l’Energie Atomique à Vienne, j’évalue les risques d’usage de l’Internet pour la prolifération nucléaire. En service civil à la délégation interministérielle à la ville et en tant que cofondateur d’une association nationale de soutien à l’insertion des jeunes des banlieues, je déploie de l’informatique et de l’Internet dans 10 quartiers en difficulté et en administration centrale.

1998 jusqu’à 2000 : ma première expérience d’entrepreneur

De 1998 à 2000, je me lance dans l’entreprenariat et je créé Reliance SARL avec un camarade de promotion de Centrale Lille : conseil en informatique et veille sur Internet pour de grands comptes du secteur public, de l’industrie et des télécoms. Mon associé et moi entrons malheureusement en conflit et nous devons nous séparer. Je liquide la société.

De 2000 à 2005 : je « webise » Saint-Gobain

En 2000, je rejoins la direction des systèmes d’information du groupe Saint-Gobain en tant que chef du groupe développements Web. Je transforme cette équipe de 5 développeurs Web en une « usine à projets » nouvelles technologies de 20 ingénieurs, consultants et chefs de projets. Je supervise la réalisation de 100 mini-projets intranet en 5 ans et je dirige le projet identités électroniques du groupe : 10 millions d’euros sur 8 ans pour authentifier, gérer et sécuriser l’identité électronique des 200.000 salariés auprès des 1000 systèmes informatiques du Groupe.

De 2005 à 2007 : vive la recherche dans les Motorola Labs

En 2005, je rejoins les laboratoires de recherche appliquée de Motorolaje dirige l’équipe française de recherche en systèmes de recommendations personnalisées pour applications mobiles et multimédia (Web 3.0 ?) : 7 chercheurs et ingénieurs de recherche spécialisés en apprentissage et raisonnement automatiques (machine learning), architectures distribuées (context-aware et agent-oriented), web sémantique et ingénierie de la connaissance (knowledge engineering).

Depuis 2007 : de l’innovation technologique pour l’innovation sociale, j’invente le wecena

En 2007, je quitte Motorola pour lancer une entreprise à vocation sociale: Wecena. Je conçois et j’implémente un modèle économique très innovant pour permettre au monde associatif d’appuyer leurs innovations sociales sur la créativité et les compétences technologiques des professionnels de l’informatique, sans que cela ne coûte un euro ni aux associations bénéficiaires ni aux SSII mécènes qui les soutiennent.

Mes domaines de compétences professionnelles

Mon parcours m’a permis d’exercer quatre domaines de compétences :

  • l’informatique,
  • le conseil,
  • le management
  • et l’innovation.

J’ai une bonne maîtrise des techniques informatiques depuis l’architecture applicative jusqu’au fonctionnel en intelligence économique et en knowledge management : ingénierie des connaissances pour les télécoms et l’industrie mais aussi intelligence économique et veille pour le tertiaire et le secteur public, travail collaboratif, portail et gestion de contenu Web pour les PME et les multinationales, intelligence artificielle et architectures de mobilité pour les téléphones et appareils multimédias. J’ai également une bonne expertise en gestion des identités électroniques (SSO, provisioning, méta-annuaires) pour sécuriser et faciliter les accès de 200 000 utilisateurs à 1000 systèmes informatiques (voir aussi ceci). Je sais analyser et concevoir des architectures informatiques complexes et durables pouvant nécessiter 20 serveurs répartis en plusieurs datacenters à travers le monde. Je maîtrise l’essentiel du génie logiciel et, en particulier, la conception et le développement Web orienté objet (Java, Python, Perl). Je suis un « champion » de l’open source.

En matière de conseil, je suis capable de mener des missions d’audit, d’analyse de données, d’évaluation de projets et de réorganisation de processus administratifs. Je sais mettre en ½uvre des méthode d’expression et d’analyse de besoins pour formaliser des cahiers des charges fonctionnels. Je sais former mes clients à ces méthodes et leur faire partager par une communication participative ma vision des meilleures options possibles. Ces missions de conseil peuvent m’amener à travailler avec jusqu’à 130 interlocuteurs par projet, représentant tous pays et toutes fonctions dans l’entreprise, depuis le directeur financier français jusqu’au technicien informatique tchèque en passant par le responsable de service RH anglais et les chercheurs américains ou indiens. Mes interlocuteurs peuvent également être des chefs d’entreprise d’insertion, des responsables associatifs ou des dirigeants de fondations d’utilité publique.

En matière de management, je peux diriger des projets informatiques et de conduite du changement complexes, pouvant requérir des investissements jusqu’à 10 millions d’euros et s’étaler sur 8 ans. Je suis capable de diriger des équipes techniques de 20 personnes en charge d’une multiplicité de petits projets, comme par exemple 20 projets menés de front, allant de 20 jours.hommes à 200 jours.hommes. Je mets en place les outils et procédures de contrôle de gestion qui me permettent de piloter ces activités de prestation de service. Je sais recruter et coacher des collaborateurs informaticiens de 20 à 40 ans aux profils variés : de l’ingénieur grande école à l’informaticien autodidacte en passant par le chercheur universitaire. Mais je sais aussi travailler en relation de soutien avec des personnes en situation difficile sur le plan psychologique ou social.

Mon coeur de métier, c’est l’innovation : savoir mener toutes les étapes du lancement d’une nouvelle activité depuis la veille jusqu’à la vente en passant si besoin par la création d’entreprise. Je sais conduire un processus de veille pour détecter l’émergence de techniques, d’usages ou de besoins dans les domaines du traitement de l’information et de la documentation, de la communication en ligne et de l’innovation sociale. Je sais inventer, expérimenter et évaluer des algorithmes, architectures et logiciels informatiques mais aussi des principes de management et des modèles économiques et fiscaux à la pointe de la recherche. Je peux produire des brevets et des publications scientifiques. Je suis capable de travailler mes inventions avec des publics très différents et multiculturels: depuis les grands comptes privés ou du secteur public jusqu’aux habitants de quartiers en difficulté. Je peux ensuite monter des business plan rigoureux et mobiliser des énergies pour trouver associés, financeurs, clients et partenaires. Je sais créer une entreprise ou une association. Enfin, je suis capable de manager et de vendre ces projets innovants ou les prestations associées à des grands comptes de l’industrie, des services ou du secteur public.

En résumé, je prétends être un entrepreneur capable de lancer des activités innovantes en lien avec les nouvelles technologies, de manager des équipes projet et d’accompagner des grandes organisations dans la conduite de changements, y compris lorsqu’il s’agit de relever des défis à forte ambition sociale.

Mes réalisations

Vous retrouverez le résumé de mes principales réalisations dans la rubrique « ma pub » de ce blog !

Donnez, c’est gratuit

Ces derniers temps, je découvre de multiples sites en ligne et hors ligne qui vous proposent de faire don de vos objets d’occasion à qui voudra les adopter. Un peu comme ebay mais sans les enchères et sans la carte bleue. Tour d’horizon :

  • Le pionnier américain, c’est sans doute freecycle : des listes de diffusions organisées géographiquement, vous dites ce que vous voulez donner et les gens intéressés passent chercher vos affaires au lieu de rendez-vous convenu.
  • Donnons.org c’est la même chose mais via le web plutôt que par mail.
  • Le Grand Don, c’est la même chose, mais sur un pont parisien plutôt que sur le Net.
  • Les Zones de Gratuité, c’est encore pareil, dans certains quartiers.
  • Et la Société Générale qui donne 5% de son capital à une ONG (le temps d’un 1er avril) ?

Après ça, pourquoi s’étonner que les entreprises engagées dans le mouvement de l’économie de communion décident de reverser leurs bénéfices aux plus pauvres ?

Logiciels de elearning

Parmi les associations qui bénéficient du wecena, il y en a plusieurs qui travaillent autour de problématiques de formation assistée par ordinateur (à distance ou non). Il est donc plus que temps que je fasse un petit tour des logiciels (libres) du domaine, dont j’entends régulièrement parler. Faisons-le point.

Il y a les plates-formes d’elearning (pour publier les contenus pédagogiques et gérer les parcours d’apprentissage), qu’on appelle également des Learning Management Systems (LMS) :

  • Moodle, anglo-saxon, une énorme communauté, toutes les fonctionnalités imaginables au prix d’une éventuelle complexité pour les nouveaux utilisateurs,
  • Claroline, une forte communauté francophone, un petit peu moins de fonctionnalités que Moodle, mais, prétend être, du coup, plus simple à utiliser,
  • Ganesha, bien moins populaire, ayant des soucis de site web et associé à un prestataire de service (c’est parfois un plus)
  • dans la communauté Plone, on trouve la plate-forme e-LECT et la plate-forme ZSchool (les deux supportent SCORM) mais ce n’est sans doute pas très répandu quoique probablement très pro (comme souvent dans les produits Plone) ; à titre anecdotique, j’aime bien la simplicité PloneQuiz

Ensuite, il y a les logiciels de création de contenus pédagogique (authoring tools) :

  • eXe (quelle idée d’avoir choisi un nom aussi mal référençable !) semble être le leader en terme de popularité
  • xerte, qui a l’avantage de produire des contenus exportables en Flash et offre beaucoup plus de types d’objets de base (images avec légendes, interfaçage avec flickr…) mais a pour énorme inconvénient de ne tourner que sous windows (dommage pour du libre…) !
  • pour les quiz, certains préfèrent utiliser directement le module de quiz de la plate-forme de formation
  • Didapage, le français, n’est pas libre (mais aurait vocation à rester gratuit ?)

Le standard le plus important pour garantir la portabilité des contenus pédagogiques d’un support LMS à l’autre, ça semble bien être SCORM.

Enfin, quand on fait de la formation informatique, on a souvent besoin de faire des videos de capture d’écran (screencast). Pour ce faire, sous linux ubuntu, il y a un logiciel libre super simple à utiliser (qui capture également les commentaires audio), c’est record-my-desktop. Dans une autre vie, j’avais utilisé pyvnc2swf sous Windows mais pyvnc2swf est franchement moins facile à utiliser que record-my-desktop (et je n’avais pas le son).

Conclusion, une bonne panoplie passe-partout, c’est Moodle + eXe + record-my-desktop. Les plus aventureux pourront tenter un e-LECT sur Plone à la place de Moodle. Les adeptes de la simplicité de paramétrage se sont satisferont d’un claroline à la place de Moodle.

Vous qui avez déjà de l’expérience en matière de e-learning, ai-je dit des bêtises ?

Economie de communion : les entrepreneurs témoignent

Tous les 6 mois, je participe à une rencontre d’entrepreneurs d’un mouvement d’inspiration chrétienne qui s’appelle « l’économie de communion« . Ce mouvement vise à introduire, dans la vie des entreprise, une économie et une culture du don désinteressé, du partage et de « l’amour réciproque » (faites à autrui ce que vous voudriez qu’on vous fasse, même si c’est le concurrent ou l’inspecteur des impôts!). En particulier, ces entreprises ont pour vocation de venir en aide aux plus démunis, notamment en partageant avec eux une partie des bénéfices annuels (le reste étant investi dans la croissance de l’entreprise et dans le développement de l’économie de communion). C’est la logique du profit au service des plus pauvres ! Ces rencontres d’entrepreneurs donnent l’occasion à chacun de témoigner de la manière dont s’inscrit l’économie de communion dans la vie de chaque entreprise, des difficultés rencontrées, des leçons apprises. Voici les témoignages que j’ai pris en note ce week-end. Les prénoms cités sont fictifs. Les titres sont de moi. :)

Découvrir l’être véritable… de son débiteur

Tom et son épouse ont prêté une importante somme d’argent à une connaissance. Mais leur débiteur ne les rembourse pas. Tom s’inquiète et craint d’être « roulé ». L’emprunteur n’est plus joignable. C’est la colère qui gagne. Plutôt que de se laisser emporter, Tom et son épouse décident de lui récapituler la situation sans animosité, par écrit, dans une lettre. A leur surprise, celui-ci réagit et leur téléphone. Il leur raconte son divorce et se dévoile dans ses faiblesses et ses difficultés. Il s’engage à rembourser. Tom se réjouit d’avoir pu « découvrir son être véritable ». Il se rappelle que Chiara Lubich, la créatrice de l’économie de communion, disaient que les Autres ont été créés comme un don que Dieu me fait.

Fraterniser avec l’ennemi

José a une activité de conception d’emballages. Il téléphone à un partenaire important, avec qui il entre habituellement en rapport de force et dont il doit exiger certaines ressources. Son interlocuteur, directeur commercial d’un grand groupe lui répond humblement et lui présente ses excuses pour son manque de réactivité, ce qui surprend José. José continue cependant sur le ton de l’exigence et de la négociation. Le directeur commercial l’informe alors qu’il va bientôt quitter son groupe. José réalise qu’il va perdre un interlocuteur de valeur et dont il avait l’habitude. Il essaie de rebondir sur l’occasion pour entrer en relation avec la nouvelle entreprise que son interlocuteur va rejoindre. La conversation quitte peu à peu le cadre professionnel pour devenir un échange inter-personnel. José découvre peu à peu l’être de son interlocuteur. Il fait l’effort de lui dire qu’il apprécie de pouvoir parler malgré leur situation professionnelle habituellement conflictuelle. Il réalise qu’ils coupent à la logique purement commerciale pour entrer dans le champ de la relation de personne à personne. Pendant quelques secondes, il a même l’impression de parler à un frère, au Christ ? Peut-être cette nouvelle dimension de leur échange va-t-elle lui permettre d’obtenir un nouveau client ? Il l’espère.

Passer outre les contrats

Pierre dirige une petite société d’édition. Dans ce secteur, les distributeurs de livres ont l’habitude d’exiger des cautions importantes aux éditeurs, de manière à pouvoir rembourser les invendus que les libraires pourraient leur retourner. Ainsi, la caution actuelle de Pierre auprès de son diffuseur s’élève actuellement à 130 k¤. Cette année, l’un des livres de Pierre se vend exceptionnellement bien. En conséquence, le contrat avec son diffuseur stipule qu’il va devoir porter sa caution à 214 k¤, pour couvrir les plus gros volumes distribués. L’interlocuteur de Pierre chez son diffuseur est un « gars réglo » mais qui reste habituellement dans une logique purement commerciale, contractuelle et « capitaliste ». Pierre ose cependant lui demander de faire un effort et d’accepter de lui rétrocéder 50k¤ de sa caution. A sa grande surprise, le distributeur accepte, alors que rien ne l’y forçait.

Découvrir son bailleur

Henri-Louis est locataire d’une maison. Habituellement, ses relations avec son propriétaire restent distante et il commence à s’énerver des fréquents travaux que celui-ci effectue dans la maison, dernièrement dans sa cave. Alors qu’il vient continuer ces travaux, Henri-Louis fait l’effort de lui proposer un café. Ils discutent alors de leurs vies personnelles pour la première fois. Le propriétaire évoque les relations humaines dans son entreprise. Henri-Louis lui parle alors de l’économie de communion et l’informe qu’il allait justement, dans quelques heures, se rendre au week-end semestriel de rencontre des entrepreneurs de l’économie de communion. Son propriétaire s’y intéresse. L’économie de communion permet à Henri-Louis de partager avec son propriétaire et d’étendre le champ de leur relation, ce dont il se réjouit.

Embaucher en aveugle ?

Mireille dirige une activité de paysagiste. Depuis deux ans, elle travaille avec un bureau d’études qui lui apporte quelque fois des affaires. Ce matin-là, elle passe la demi-journée avec ce sous-traitant pour aller chercher des plantes ensemble dans une pépinière. Dans la voiture, il lui avoue avoir actuellement des difficultés économiques. Or Mireille cherche justement un architecte/paysagiste pour renforcer son équipe. Au cours de la conversation, elle se sent en « communion d’âme » avec lui et a l’intuition qu’elle devrait l’embaucher sans même avoir eu recours à une étude de rentabilité. Trois mois plus tard, ils tentent le pari. Son embauche lui permet de pérenniser et de réguler ses revenus. Or c’est justement la crise qui s’annonce à ce moment-là. Mireille perçoit alors comme « un clin d’oeil » que le paysagiste nouvellement embauché réussit rapidement à apporter de nouvelles grosses affaires à l’entreprise, ce qui atténue significativement l’effet du début de crise.

Céder à l’incompétence ?

Fred est éleveur et songe à céder son exploitation. Il cherche un repreneur depuis quelques temps et a choisi un couple de candidats cet hiver. Ce couple manque cependant d’expérience pratique et Fred leur demande de travailler avec lui pour « se faire la main ». Cependant, le premier mois de travail en commun sur l’exploitation se révèle très difficile. En effet, le candidat repreneur fait preuve d’une très grande arrogance dans ses relations et ne cesse de « taquiner » Fred à toute occasion. Fred n’en peut déjà plus. Plusieurs fois par jour, il recourt à la prière. Il est pris d’un doute : ce couple a-t-il vraiment l’envergure nécessaire à la reprise de l’exploitation ? « Elle » ne s’en sort pas trop mal. Mais « lui », et son arrogance permanente ? Que faire ? Comment supporter cette expérience relationnelle douloureuse au quotidien ? N’est-il pas trop tôt pour porter un jugement sur leur compétence ? Au contraire, l’expérience professionnelle de Fred ne lui permet-elle pas de se forger une intuition déjà assez fiable ? Et la saison qui s’annonce n’est-elle pas déjà mise en danger par les mauvaises conditions de leur travail en commun ?

Décloisonner, déhiérarchiser les relations

Catherine dirige un cabinet de conseil. Elle apprend brusquement que son fils a un grave cancer mais qui pourrait être traité. Va-t-elle le dire à la famille ? ou leur épargner l’inquiétude ? Elle décide finalement d’en parler non seulement à la famille mais aussi aux amis, dans les associations où elle est présente. L’intervention chirurgicale se passe bien. La radiothérapie semble efficace mais la situation reste difficile. Doit-elle le dire à ses consultants ? Elle décide de leur en parler, un par un. En effet, la tension personnelle qu’elle ressent forcément risque de rejaillir sur le boulot. Et les membres de son cabinet se sont justement engagés à mieux exprimer leurs émotions et leurs ressentis pour améliorer leur performance. Alors elle en parle. Par exemple, avec cette consultante habituellement très distante et avec qui la relation a toujours été difficile. A sa surprise, cette conversation permet à la consultante de se livrer à son tour et de partager ses propres tensions personnelles et familiales. Catherine se sent en communion avec elle. Leur parole a été libérée malgré leur relation hiérarchique.

Exploser son client ou son devis

Thierry est artisan. Il a pris du retard dans l’établissement d’un devis pour un client « qu’il ne sent pas ». En effet, ce potentiel client se montre très directif dans ses demandes. Sur le lieu du chantier, au lieu d’exposer simplement le problème et de laisser Thierry proposer et argumenter, le prospect entre trop dans les détails et Thierry a l’impression qu’il veut lui apprendre son métier. Thierry en a franchement assez. Il se dit en son fors intérieur : « Seigneur, si il dit encore une seule phrase, j’explose ! ». Le client se tait. Thierry repart avec de la rancoeur. Il prépare cependant son devis et envisage d’y ajouter une petite phrase « … mais je n’ai pas le désir de travailler avec vous. » Sa fierté a été blessée et il a une intuition négative quant au déroulement de ce chantier. Il se demande : que ferait Jésus ? Dois-je ajouter cette phrase à mon devis ?

Le salarié dans toute sa faiblesse

Thierry est artisan. Il est inquiet pour l’un de ses hommes qui est un peu plus âgé que les autres et commence à montrer une mauvaise forme physique : il enchaîne les bourdes et a quelques problèmes d’audition. Les autres membres de l’équipe s’en plaignent. Alors Thierry « le prend entre quatre zyeux » pour lui faire part de ses inquiétudes. Puis il dit aux autres : « Dieu l’a mis ici pour nous ». Il leur explique : « C’est à nous de l’accompagner. » Il le compare a Jésus dans sa faiblesse. Ses gars sont athées mais ils savent à qui ils ont à faire !

Prier oui, mais insister aussi

Laurent se lance d’une activité agricole et dans l’exploitation d’une maison d’hôte. Il arrive en fin de travaux mais n’a presque plus de fonds. En effet, il vient de faire une erreur financière qui va bloquer ses fonds restant pour de nombreuses années alors qu’il en a justement besoin pour terminer son chantier. Il adresse une prière à Saint-Joseph (c’est justement le jour de la Saint-Joseph…). Il appelle le financier qui gère ses fonds et insiste pour essayer de faire corriger son erreur. Son financier refuse et lui dit qu’on ne peut plus rien faire, c’est trop tard. Il demande des conseils à Thierry, qui n’est pas loin de là. Laurent rappelle encore plusieurs fois son financier et insiste : ne peut-on vraiment pas trouver une solution ? Finalement, le financier trouve une solution et les fonds sont débloqués. Laurent est soulagé.

Se libérer à l’autre bout du monde

Sabine est consultante indépendante en gestion des ressources humaines. Son mari a rompu tout lien avec sa famille et son pays d’origine depuis plus de 38 ans. Mais il apprend que sa soeur est gravement malade. Sabine se prépare à argumenter pour le convaincre d’aller la voir. A sa surprise, il accepte sans hésiter et les voila partis, en 48H seulement, à l’autre bout du monde. Elle vit, avec son mari, la redécouverte, la rencontre, le pardon et une nouvelle paix intérieure. Stressée par son départ précipité, elle a emporté du boulot et s’apprête à travailler dans sa chambre d’hôtel. De l’autre côté du globe, elle réalise que son stress professionnel lui montre qu’elle veut prouver quelque chose, qu’elle n’est pas intérieurement libre par rapport à son travail. Elle retrouve alors une paix intérieure également sur le plan professionnel, qu’elle pense devoir à son « associé invisible » (Dieu) qui la libère des enjeux personnels par lesquels elle avait laissé son activité professionnelle être contaminée. Elle se réjouit que son associé invitisble soit venu avec elle en voyage, même au bout du monde.

Rétablir la justice

Véronique siège au conseil municipal de son village. Actuellement, l’un des adjoints est en train de se faire violemment exclure par tous les autres. On lui demande de ne pas assister à une réunion au cours de laquelle tous sont invités à énumérer les griefs à son encontre. Véronique vit cela comme une séance de « lynchage collectif ». Elle est choquée de la mauvaise foi de certains, se sent mal à l’aise et se demande comment vivre son engagement d’élue dans ces conditions. Comment rester calme ? Comment défendre l’adjoint victime de l’opprobe. Comment apaiser ? rétablir la vérité et la justice ?

Affronter la tempête sans boussole

Florian dirige une PME dans l’industrie mécanique. Actuellement, ça ne va pas fort. Il y a quelques mois, il a embauché une jeune contrôleuse de gestion, major de sa promotion, qui lui a été chaudement recommandée et semblait très prometteuse. Elle assure seul la comptabilité et la tenue des tableaux de bord de gestion alors que la responsable du service part en congés maternité. Pour limiter les risques de ces nouvelles responsabilités, il lui stipule clairement : « ne prenez surtout aucune initiative et tenez-moi au courant de toutes vos difficultés et de vos activités ». Les résultats de son travail semblent très « pro ». Les tableaux de bord sont clairs… mais leur contenu est totalement faux. Sa chef revient de congés et découvre l’ampleur du désastre. Incompétente, la jeune femme maintenait avec rigueur toutes les apparences du professionnalisme. Mais les ratios sont erronés, la trésorerie est dans un état catastrophique, les factures non comptabilisées sont retrouvées au fin d’un tiroir où elle les avait glissées ne sachant comment les traiter. C’est à ce moment que la crise mondiale frappe et que le carnet de commande entame une chute vertigineuse. Or l’activité de Florian est très sensible aux sous-charges. La jeune contrôle de gestion ne s’excuse pas. Son CDD n’est pas renouvelé. Les comptes ont plusieurs mois de retard, maintenant et il faut réparer les dégâts. Florian a l’impression d’arriver au coeur d’une tempête économique sans aucune boussole. Les clients reportent toutes leurs commandes et la catastrophe s’annonce parmi toutes les PME locales du secteur. Et dire qu’il était encore confiant il y a 6 mois de cela. Avec ses confrères dirigeants des entreprises du secteur, il fait circuler un mail d’invitation à dîner ensemble pour essayer de se remonter le moral les uns les autres…

Comptabiliser la communion ?

Gérard est consultant achats. Il n’entretient avec son comptable que des relations limitées aux besoins professionnels. Pour mieux comprendre l’activité et la gestion de Gérard, son comptable se renseigne : « C’est quoi cette histoire d’économie de communion ? » Gérard répond et apprécie de constater que la conversation et les échanges prennent peu à peu une tournure plus personnelle et moins déconnectée.

Gratte-moi le don !

José est agriculteur. Il a des copains qui n’ont plus les moyens de payer leur chauffage. Il aimerait bien les aides. Avec un pote, il achète régulièrement des tickets de loterie à gratter et ils se disent, à moitié pour rigoler, que, si jamais ils gagnent, ils partageront leurs gains avec des personnes démunies. Ce jour-là, il raconte la situation de ses copains et ils décident ensemble qu’ils leur donneront leurs gains. Ils achètent un ticket et commencent à gratter. Et ils gagnent justement la somme que José se disait qu’il voudrait donner à ses copains dans le besoin ! Ils leur font ce cadeau. Ce soir-là, José a senti « comme une présence » avec eux…

Croire au respect de la diversité

Christophe dirige une PME industrielle. Il y a trois ans, il a embauché une personne handicapée pour se charger de l’établissement des devis. Tous s’entendent bien avec elle et elle apprécie les horaires aménagés pour son handicap. Fort de cette expérience positive, et alors que la croissance est au rendez-vous, il embauche une jeune femme responsable logistique et qualité. Pourtant, le secteur est traditionnellement plutôt machiste et les relations hommes-femmes restent difficiles. Qui plus est, la jeune femme est d’origine maghrébine et elle doit s’imposer face à un collègue raciste. Elle y arrive. Plus tard, elle remercie Christophe « pour son respect ». Et elle lui confie « c’est la seule entreprise que j’ai faite où on respecte vraiment les gens. » Christophe a chaud au coeur.

Prévoir et apprécier le pain quotidien

Gérard dirige depuis peu une entreprise du bâtiment, spécialisée dans les bâtiments passifs, meilleurs pour l’environnement. Il a repris cette entreprise qui était en difficulté, grâce à des aides personnelles, publiques et bancaires. Ces aides lui ont donné de l’espérance. Il emploie 15 personnes, une trentaine avec les sous-traitants et interimaires. Il s’inquiète cependant du manque de visibilité sur l’activité à venir. Il regrette de ne pas déjà avoir les commandes jusqu’à la fin de l’année. Mais il s’en remet à Dieu. Dans la prière du Notre Père, ne demande-t-on pas « notre pain quotidien » ? On ne demande pas celui de demain mais celui d’aujourd’hui. Alors il s’efforce de rester patient et confiant.

Faire confiance à la famille

Gérard a repris une entreprise de bâtiment. Peu avant le bouclage financier pour assurer la reprise de l’entreprise, la crise financière mondiale se dévoile dans toute son ampleur. Un oncle de Gérard avait promis 50 k¤ mais il refuse maintenant de les débourser car ses actifs financiers perdent de la valeur et ils préfèrent les conserver sur le long terme. Le bouclage de Gérard est mis en péril. Va-t-il réussir à devenir majoritaire au capital de  l’entreprise qu’il s’apprête à reprendre ? Il appelle son ancien employeur d’il y a 10 ans. Celui-ci lui fournit 25 k¤. Il s’adresse aussi à un nouvel ami avec qui il partage quelques liens spirituels forts : celui-ci demande l’aide de sa mère qui accepte d’investir 30 k¤ dans l’affaire de Gérard. Gérard perçoit ces nouveaux apports comme des signes d’espérance malgré la tourmente économique qui s’annonce.

Couler à pic

La nouvelle crise économique mondiale fait penser Marc à l’évangile sur la tempête. Nous avons tant de raison de craindre de couler à pic. Comment faire pour marcher sur l’eau ? Nous sommes invités à garder le regard sur Dieu et à rester confiants. Véronique dit que la crise, c’est un peu une « opération-vérité », une période où tout « le faux », « le pipeau » et les châteaux de carte s’écroulent. Le problème, c’est que l’effondrement entraîne aussi le reste, nous compris, car nous nous sommes laissés « prendre dedans ».

Prendre le temps d’écouter

Henri-Louis fait le point sur les premières années qui viennent de suivre sa reprise d’une entreprise centenaire. Il compare la situation des entrepreneurs à celle des cyclistes du Tour de France, surtout lorsqu’ils en sont au troisième col à franchir dans la même journée. Ils sont encouragés par les gens au bord de la route mais restent « le nez dans le guidon », à « en baver toute la journée ». Il est important de s’entourer de proches capables de voir et de dire la vérité, de nous conforter et de nous encourager sans flatterie. Il y a six mois, il se demandait: « comment partager l’économie de communion avec mes salariés ? ». Certainement pas par le discours. Qu’est-ce que pourrait bien être une « pédagogie de l’économie de communion » ? Deux dimensions lui semblent essentielles : l’écoute et l’ouverture au pauvre. En matière d’écoute, l’essentiel réside dans le comportement et l’attitude. Par exemple, plutôt que de se contenter du quotidien « bonjour, comment ça va? » lancé en passant, il a un jour tenté l’expérience de s’arrêter et de prendre le temps de poser la question « comment ça va ? » dans l’attente d’une réponse. Et il a non seulement obtenu une réponse, mais, à sa surprise, s’est vu également demandé par un salarié habituellement distant « et vous, comment ça va ? » Il a réussi à faire sentir qu’il allait écouter la réponse et qu’il en prenait le temps. Habituellement, lorsqu’il allait voir son assistante, c’était avec une liste de choses à faire. Cette fois-là, il s’est assis à côté d’elle sans sa liste et lui a demandé « Ghislaine, comment est-ce que je peux vous aider ? ». Il est venu sans papier et ouvert à l’échange. Sa relation avec cette assistante a changé du tout au tout et celle-ci est, depuis, plus organisé et établit elle-même ses plans d’action. Pour Henri-Louis, la pression du quotidien nuit à la relation. Et les réflexes négatifs reviennent vite. Il ressent un véritable « appel à la conversion du coeur » et aimerait savoir y répondre. Comment résister à l’érosion du coeur ? Comment mettre en place, structurellement, dans la vie de l’entreprise, des moments de relation ? Quelles sont les structures d’entreprise pour vivre l’économie de communion ? Il aimerait faire preuve de créativité pour institutionnaliser des moments de relation. L’autre dimension essentielle pour une pédagogie de l’économie de communion, c’est l’ouverture au pauvre.

Etre plutôt que faire

Jean-Louis dirige un cabinet d’assurance. « Comment faire pour vivre l’économie de communion ? » se demande-t-il. « pour vivre l’évangile dans l’entreprise ? » Avec ses deux associés, ils prennent le temps de s’interroger et conviennent d’essayer « d’être plutôt que de faire ». Plutôt que de s’efforcer encore davantage de faire appliquer certaines procédures de gestion mal suivies, ils décident d’institutionnaliser un temps de rencontre hebdomadaire pour laisser s’exprimer le besoin de gestion tel que perçu par chacun, laisser chacun s’approprier les procédures et même laisser chacun les améliorer. Quatre salariés du cabinet ont spontanément exprimé leur satisfaction de cette nouvelle manière de faire.

Se laisser guider

Jean-Guy dirige une PME familiale dans l’industrie textile. En octobre 2008, l’entreprise traverse un « trou d’air » très violent dû à la crise mondiale. Mais, justement, ils viennent d’obtenir un très gros marché qui le sfait tenir jusque mi-février. Puis les commandes baissent car le client préfère recourir à l’importation pour l’un des volets de ce marché. Jean-Guy sait qu’il doit alors soit réduire les coûts et licencier, soit trouver un nouveau marché. Il repart avec ce défi est une prière : « Guide-moi car c’est important non seulement pour moi mais pour les gens qui m’entourent. »

Donner sans attendre

Fabrice dirige une petite entreprise d’insertion dans les travaux forestiers et la scierie. Pour lui, ce n’est pas évident de « s’en remettre à Dieu ». Il est touché par les témoignages qu’il entend mais il a peur. Il est OK pour en baver au quotidien et son entreprise s’en sort bien malgré la crise. Mais, au quotidien, ce n’est pas facile à vivre. Il a avec lui 3 ouvriers en insertions et 3 encadrants. Ils croyaient que les encadrants allaient le remercier de ses efforts mais ce n’est pas le cas. Ils sont peu reconnaissants. Il vit sa situation comme problématique sur le plan existentiel et spirituel. Comme diriger son entreprise dans la paix et non pas déchiré et stressé. Son objectif personnel dans ce choix de l’entrepreneuriat, c’est la joie de vivre. Pour lui, son mal-être vient du stress et du manque de reconnaissance par ses salariés. Jean-Guy réagit : ce que l’économie de communion a changé dans sa vie, c’est qu’il est devenu beaucoup plus « zen » qu’avant. Il a réalisé qu’il n’est pas vraiment le propriétaire de son entreprise, même si il en détient le capital. Il en est seulement le gérant et il n’est pas seul. Dieu est l’actionnaire principal. Florian réagit également : il n’attend pas de reconnaissance de la part de ses ouvriers. Son attente n’est ni la richesse, ni de devenir un notable local mais d’aider le plus grand nombre possible de pauvres et de vivre humblement. Gérard rappelle aussi qu’on est très mauvais juge de soi-même et qu’on fait souvent mieux que ce que l’on croit. Jean-Louis rapporte un épisode de la vie du pape Jean 23, qui ne se sentait pas du tout à l’aise après avoir été élu pape et n’arrivait plus à dormir. Il aurait alors perçu que Dieu lui demandait : « Jean, c’est toi le patron ou bien c’est moi ? … Alors pourquoi tu ne dors pas ? » Sabine nous invite à écouter et à nous laisser guider. L’entreprise d’Alfred est en grande difficulté. Pour lui, maintenant, « que l’entreprise capote ou non, ce n’est pas mon problème, c’est celui de Dieu ; je ne demande que mon pain quotidien et je rend grâce à Dieu car c’est la mauvaise santé financière de mon entreprise qui m’a permis de réaliser tout cela. » Roméo est à la retraite et raconte que, pendant 20 ans, lui aussi a dirigé une scierie et il a vécu tout son parcours comme une « quête de réciprocité ». Véronique souligne l’importance de la gratuité des actes : il faut donner sans attendre. Et attendre un « merci », ce n’est pas donner gratuitement. Plus on donne (gratuitement), plus on reçoit. Et on ne reçoit que quand on n’est pas en demande. Dans sa savonnerie plus que centenaire, Henri-Louis a versé une prime à ses salariés, la première versée depuis 100 ans. Et sa femme l’a bien prévenu : « surtout, n’attend rien en retour ». Pierre raconte que son petit dernier est né « par surprise » lorsque sa femme et lui avaient acceptés leur infertilité. Bénédicte, qui se prépare à lancer une activité de restauration, témoigne de son expérience de salariée. Elle avait fait 400 heures supplémentaires pour faire gagner un contrat de 2 millions d’euros à son employeur. Plutôt que de l’en remercier, celui-ci ne lui a témoigné aucune reconnaissance et lui a presque reproché d’en avoir fait autant. Alors son envie de devenir entrepreneur est aussi une envie de vengeance : se venger des patrons ingrats en devenant soi-même un patron reconnaissant !

Recréditer la confiance

Nous regardons une vidéo sur l’économie de communion et je note ceci : la gouvernance d’une entreprise de l’économie de communion ne repose ni sur la hiérarchie (entreprises classiques) ni sur l’égalitarisme (coopératives). Tous les salariés sont vus comme des entrepreneurs, ayant chacun des rôles et des responsabilités divers. Le rôle de l’entrepreneur est de créer les conditions du succès, et notamment, pour cela, de veiller à recréditer la réputation et la confiance de chaque employé qui commet une erreur, en lui confiant un nouveau travail où il a de bonnes chances de réussir. Faire de chacun des entrepreneurs permet d’accroître la créativité et l’innovation.

Voila pour les témoignages de ce week-end. Notre prochain week-end d’unité, en octobre, se déroulera sur 3 jours à Bruxelles, avec nos collègues entrepreneurs de l’économie de communion dans les pays d’Europe du Nord. Mais je ne suis pas sûr que je pourrai y participer : c’est toujours compliqué de s’organiser pour s’occuper de nos quatre enfants et je n’aime pas laisser ma moitié à devoir se débrouiller à la maison avec eux alors que je profite de ces super moments d’échange et de rencontre. Et mon entreprise sera-t-elle encore là à la rentrée scolaire ?

Que pensez-vous de tous ces témoignages ?

Le code du wecena est libre

« Vive le wecena libre ! » comme qui dirait l’autre. Ce petit message pour signaler à ceux que cela intèresse que j’ai libéré le code qui me permet de faire tourner wecena.com. En d’autres termes, ce logiciel libre est désormais distribué (publiquement) sous licence GNU Affero General Public License v.3.

Le code en question constitue une suite de produits d’extension pour le système de gestion de contenu Web Plone. Certains de ces produits sont spécifiques au fonctionnement du wecena (les produits wecena_core et wecena_integration). Certains autres sont plus génériques et peuvent avoir leur utilité hors wecena. Je pense notamment à wecena_dynamicroles pour améliorer la flexibilité du système de sécurité de Plone et à wecena_ldapuser pour synchroniser de manière bidirectionnelle les utilisateurs Plone avec les entrées d’un annuaire LDAP.

Votre expertise python/Zope/Plone est plus que bienvenue si vous voulez vous amuser avec ces produits et filer un coup de main au passage !

Une charte pour les volontaires en wecena

L’une des SSII mécènes avec lesquelles je travaille a souhaité que ses responsables de business units/responsables d’agence soient rassurés quant à l’absence de risques liés au wecena : les consultants en mission « classique » (hors wecena) ne vont pas se mettre à faire l’école buissonnière pour faire du wecena sauvage auprès d’associations, les managers directs des ingénieurs en intercontrats gardent la main sur l’affectation des collaborateurs sur telle ou telle mission, les missions sont bien réalisées en respect des accords « temps de travail » de l’entreprise, etc.

J »ai donc rédigé une « charte du volontaire » que nous sommes en train de relire avec la déléguée aux affaires juridiques de Syntec Informatique. Il s’agit d’une charte entre le collaborateur qui souhaite consacrer son prochain intercontrat à une mission de wecena et son employeur, la SSII mécène. N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires pour améliorer/compléter/corriger cette charte.

Pourquoi une SARL pour le wecena ?

Une personne qui découvre le wecena et m’envoie le mail suivant :

Je trouve votre projet et votre actions extrêmement intéressantes… Mais, il y a un mais. Le choix d’un statut capitalistique pour ce projet à forte tendance « utilité sociale » me semble brouiller un peu les choses… …et c’est cela qui me retient pour le moment de m’engager à vos côtés. On pourra en discuter, un jour, peut-être ? J’en profite pour vous préciser que je n’ai pas d’opposition de principe au statut de SARL en soi… mais qu’en allant prendre les renseignements sur qui pilotait ce projet, je m’attendais plutôt à voir soit une association, soit au minimum un statut de l’économie sociale (une SCOP, par exemple). D’où ma surprise. Et deuxième précision : le point positif c’est la transparence dont vous faites preuve à ce sujet, qui m’eincite à vous contacter ;)

Alors, pourquoi une SARL pour le wecena ? Je vais essayer de donner mes raisons mais cela peut mériter de continuer la discussion via les commentaires de cet article.

A l’origine, une initiative individuelle (et non collective).

Le wecena est un projet personnel de création : c’est une idée que j’ai eu grâce à mes discussions et mes échanges avec certains et que je ne peux réaliser qu’avec l’aide et le soutien de beaucoup mais c’est une idée que j’ai la possibilité de concrétiser sans associé. L’investissement essentiel est en temps (mon temps plein depuis fin 2007) et très peu en argent jusqu’ici (quelques milliers d’euros) si je mets de côté le besoin de vivre et de nourrir sa famille au quotidien (les ASSEDIC aident pour cela). J’ai besoin de clients (les associations), de partenaires et, surtout, de mécènes pour mes clients. Qui dit association ou coopérative dit associés. Mais je n’ai pour l’instant pas besoin d’associés ni d’employés.

Dans cette mesure, ce n’est pas un projet issu d’un collectif mais d’un individu. Par conséquent, le seul statut juridique qui me semble approprié est l’entreprise (individuelle ou en société). Pour des raisons fiscales et économiques, le statut de SARL m’a paru plus approprié que celui d’entrepreneur individuel.

Attirer la confiance des entreprises mécènes

Pour mobiliser des bénéficiaires et des mécènes, le plus coûteux (en temps) est de convaincre les mécènes (SSII et cabinets de conseil). Les associations sont les plus rapides à se décider. Par conséquent, et malgré le phénomène de professionnalisation des associations, adopter un statut commercial me donne un (petit) atout supplémentaire qui est bienvenu pour dialoguer avec les mécènes : nous échangeons de professionnel à professionnel, d’entreprise commerciale à entreprise commerciale. Cela facilite la mise en relation, la prise de contact et l’établissement de la confiance.

Et l’argent ? Et le pouvoir ? Et la gloire ?

Bien sûr, l’inconvénient d’un statut de SARL, c’est qu’il suscite parfois, en dehors du monde des entreprises privées, une certaine méfiance quant à mes intentions personnelles. Suis-je avant tout motivé par l’argent (faire fortune) ? le pouvoir (diriger un empire) ? la gloire (passer à la télé) ? ou l’utilité sociale (servir l’intérêt général) ? Certaines de ces motivations sont-elles contraires à l’éthique ? Quelles sont mes priorités ?

J’accepte cette méfiance car elle est naturelle et plutôt saine. La meilleure manière que je trouve d’y répondre, c’est d’inviter les prudents à faire un bout de chemin avec moi pour voir comment les choses se passent, et à dire ce qu’ils en pensent. J’ai aussi tendance à penser que l’important n’est pas tant la nature de mes motivations que les résultats auxquels on aboutira :

  • va-t-on réussir à atteindre les objectifs de changement social que l’on poursuit ?
  • Wecena SARL sera-t-elle une entreprise viable et capable de se développer durablement ?
  • ce projet peut-il, par la manière dont il est mené, servir de source d’inspiration à d’autres ?

Mes priorités, à l’heure actuelle sont :

  1. maintenir le niveau de vie de ma famille à celui que je lui assurais lorsque j’étais salarié (de multinationales) et donc faire signer les premiers mécènes avant cet été ; sinon, je retournerai probablement au salariat d’ici septembre !
  2. obtenir un impact social suffisant dans un délai de un à deux ans ; si je n’arrive pas d’ici là à satisfaire mon besoin personnel de me sentir utile aux autres, le projet prendra alors fin pour moi
  3. pérenniser l’activité et la développer à très grande échelle de manière durable et exemplaire, jusqu’à ce que le projet m’échappe de manière satisfaisante
  4. ne jamais m’ennuyer !

Pour réussir, je trouve notamment de l’inspiration dans :

  • mon expérience en entreprise et dans le bénévolat, sur laquelle je m’appuie
  • l’héritage culturel de l’économie sociale traditionnelle, que je continue à découvrir petit à petit
  • le concept anglo-saxon d’entrepreneur social, dans lequel je me reconnais à 100%
  • le mouvement spirituel de l’économie de communion, qui me fournit un associé invisible ;-)
  • les communautés du logiciel libre et de l’open source, où je vis tous les jours
  • les initiatives telles que le Capital Altruiste, les SAGP, … qui me donnent envie de les expérimenter

Qu’en pensez-vous ?

Altruistic stock options

As far as I understand the concept of « altruistic capital« , the firm practicing altruistic capital donates a percentage of its capital to a nonprofit organization and commits to keeping on donating more shares when the number of shares increasees, so that the percentage of donated shares remains constant (it is called the « altruistic index » if I remember well).

Here is my « altruistic stock options » variation on this theme. Since I am almost a newbie in entrepreneurship and altruistic capital and since I don’t master the arcanes (and vocabulary) of finances, please someone tell me if this makes sense and what you think :

Instead of donating the shares to the nonprofit, the nonprofit has to buy them.

At first, let’s say 10% of the shares are sold to the nonprofit. Later the capital changes and 100% more shares are about to be created (the number of shares is to double). Because of its commitment to my variation on the altruistic capital theme, the nonprofit then receives the exclusive and time-unlimited right to buy the number of shares it needs in order to get back to owning 10% of the capital, at the price of these shares when they are created. It means that once it buys these shares, the nonprofit will still own 10% of the capital : 5% bought at first and 5% bought after more shares where created. Unless the nonprofit buys this 5% more shares, the capital of the firm is only 195% what it was first and the nonprofit has earned the right to purchase 5% more shares at the price they have when the other 95% shares are created. This 5% more shares are sort of « altruistic stock options » which the nonprofit receives.

Pros of this variation :

  • it contributes to funding the altruistic firm : it’s more of a win-win cooperation between the firm and the nonprofit than a pure donation of capital to a nonprofit ; as a consequence, it may be a more seductive offer for entrepreneurs
  • it allows the nonprofit to invest in the company when and only when it wants to (for instance, when it wants to receive more dividends or when it wants to sell its shares – as long as this is allowed)
  • it gives an incentive to the nonprofit for investing as soon as it can (so that it can receive more dividends)
  • it may allow nonprofits to actively contribute to the development of social startups (small capital but both expected social impact and expected financial impact)

Cons :

  • Higher complexity
  • Lower generosity
  • Puts a barrier on the entry of poor nonprofits into the capital of altruistic firms (they have to be able to buy more shares even though they can wait as long as they want) unless they enter these firms when at startup stage, maybe the system can be bootstrapped by first having altruistic shares donated and further donations be replaced with altruistic options.

So, what do you think ?

Le wecena vu par… vous

Grâce au mini-sondage que j’ai mis sur wecena.com, vous avez été une trentaine à venir dire ce que vous pensez du wecena. Voici les résultats collectés à ce jour (continuez à répondre !) :

Pour vous, le wecena, c’est …

  • pour 12 répondants : … un moyen concret pour faire avancer de bonnes causes et une manière utile d’occuper son temps quand on est ingénieur en inter-contrat.
  • pour 11 répondants : … un moyen important pour rendre solidaire le secteur de l’informatique et une idée astucieuse voire géniale
  • pour 9 répondants : … un concept qui pourrait faire bouger les entreprises informatiques.

Il y a quand-même un ou une parmi vous qui dit que c’est aussi :

  • … de la communication et du marketing, sans réelle utilité sociale.

Celui-là ou celle-là, j’aimerais qu’il revienne dans un an, lorsque les associations qui bénéficient du wecena auront pu lancer leur projets informatiques avec moi ! On pourra alors parler sur du concret et lui faire changer d’avis. Mais la partie la plus sympa, c’est dans les commentaires et réponses libres que certains ont laissés en plus pour cette question. Le wecena, c’est …

combler en manque car la solidarité au niveau de l’informatique n’existe pas beaucoup, surtout quand on parle de développement de logiciels !

un véritable engagement social et humain

Pourquoi pas une bonne idée, toutefois ma SSII nie totalement jusqu’à la notion d’intercontrat et gère les ressources en flux tendu sur plusieurs projets à la fois. Il est donc totalement illusoire de penser leur proposer ce projet ; je suppose que ce n’est pas la seule. Bonne continuation et on courage !

Bonjour consultante en organisation pendant plus de 10 ans dans des SSII et cabinets conseil, […] je suis enchantée de voir une si belle initiative, car la dimension humaine fait tant défaut dans les SSII (cf le livre « l’OPEN SPACE M’A TUER ») Je serai ravie de pouvoir participer au développement de votre concept. […]

L’histoire incroyable d’un mec incroyable qui a une idée en tête depuis de nombreuses années (depuis toujours peut-être) et qui, a force de persévérance et au nom de convictions « vraies » est enfin sur le point de trouver la bonne formule. Keep on Jean ! [Merci PE , ça fait plaisir !]

Des commentaires aussi sympas, ça donne envie de se défoncer pour la suite du proejt ! Même si vous pouvez considérer que le dernier « compte pour du beurre » puisque c’est un super pote à moi qui est venu le laisser.  :-)

Continuons avec les réponses aux questions suivantes :

13 répondants sont dans une société de conseil ou de services en informatique et 15 ne le sont pas (ça fait 28 répondants à ce jour, pour ceux qui suivent). Pour vous 13 qui êtes en SSII/cabinet de conseil, voici ce dont votre entreprise a le plus besoin actuellement:

3 répondants :

  • Un passage du discours à l’action, en matière de développement durable.
  • Prouver qu’elle n’est pas un « vendeur de viande ».
  • Une âme.

2 répondants :

  • Des réponses concrètes à apporter aux questionnaires « développement durable » des appels d’offres des grands comptes.

1 répondant :

  • Une meilleure réputation pour fidéliser les consultants/ingénieurs.
  • Une occupation solidaire et utile pour les intercontrats.
  • Garder la tête froide en temps de crise

Bref, vous voulez du changement, du concret et pas qu’un peu !

Merci à celui qui m’a signalé que le formulaire était mal fait. Il manquait en effet une réponse possible « autre choix »/ »besoin d’absolument rien de tout ça », je l’ai rajoutée.

Ensuite, comme j’ai besoin de mieux comprendre comment convaincre les dirigeants d’un grand nombre de SSII de faire du wecena, je vous avais demandé si votre société avait un responsable RH bien désigné, un responsable communication, etc. Ce qui intéressant, c’est que vos réponses m’ont indiqué qu’il n’y a que très rarement un responsable développement durable / RSE / mécénat (11% des répondants), aussi rarement qu’il y a un responsable marketing (également 11%). En fait, la répartition des responsabilités dépend pour une grande part de la taille de la boîte (ce genre de fonctions se retrouve surtout dans les grosses boîtes). Ce que vous m’indiquez surtout, c’est que parmi les 2 fonctions liées au mécénat et que l’on retrouve le plus souvent sont le responsable RH et le responsable communication. D’ailleurs, c’est avec ce type d’interlocuteurs que je dialogue le plus souvent.

Pour essayer de trouver les meilleurs arguments pour convaincre, je vous pose la question suivante :

Quels sont les principaux avantages du wecena pour votre entreprise ?

6 répondants :

  • Le wecena ne coûte rien puisque l’on ne donne que ses intercontrats et son économie d’impôts.

5 répondants :

  • Le wecena nous distingue de la concurrence.
  • Le wecena améliore la réputation de l’entreprise.

4 répondants :

  • Le wecena donne de la matière à notre communication institutionnelle ou « développement durable ».

3 répondants :

  • Le wecena donne des réponses concrètes pour les questionnaires « développement durable » des appels d’offres de nos grands comptes.
  • Le wecena renforce notre culture d’entreprise.
  • Le wecena favorise l’ouverture d’esprit de nos consultants en les mettant au contact du monde de la solidarité.

2 répondants :

  • Le wecena motive nos intercontrats et évite qu’ils ne doutent d’eux mêmes ou de l’entreprise.
  • Le wecena est un élément de réponse à la crise.
  • Le wecena est « dans le vent », « à la mode », « tendance », à l’heure du développement durable et du mécénat.

1 répondant :

  • Le wecena attire les jeunes diplômés de plus en plus sensibles au développement durable.
  • Faire du wecena, c’est remplir son devoir d’entreprise responsable et citoyenne.

Ce que j’en conclus :

  • ce qui peut intéresser une SSII, dans le wecena, c’est clairement dans le portefeuille qu’il faut le chercher (coût zéro) plutôt que dans une notion de devoir moral à accomplir (responsabilité, citoyenneté).
  • ce qui vous semble le plus attirant à l’échelle de l’entreprise, c’est de « faire la différence », de se doter grâce au wecena d’un avantage concurrentiel qui se manifeste par une meilleure réputation.
  • vous n’êtes pas très sensibles à l’argument « attirer les jeunes diplômés » mais ça m’étonne un peu car lors de mes discussions via Syntec Informatique (le syndicat patronal des SSII), notamment, j’ai beaucoup d’interlocuteurs intéressés par cet aspect des choses ; mais je comprends que l’attirance des jeunes diplômés pour une SSII qui ferait du wecena reste quelque chose à prouver et c’est un peu pour ça que j’avais compilé les résultats de 20 enquêtes professionnelles et études scientifiques sur l’influence de la réputation « développement durable » dans la capacité à attirer de meilleurs talents.

Merci à celles et ceux qui ont transmis ce mini-sondage à des collègues et à celles et ceux qui m’ont mis en relation avec des dirigeants de SSII, même de taille modeste ! Je m’attelle à les contacter et à essayer de les convaincre. Je vous tiendrai au courant par email.

Pour finir, j’ai récemment ajouté à ce sondage une question clef. Etes-vous d’accord/pas d’accord avec l’affirmation suivante : Je souhaiterais qu’une ou plusieurs autres personnes (de ma société) découvrent ce qu’est le wecena. Et la réponse est … vous êtes tous d’accord (100% des répondants) !

Je compte donc sur vous pour passer le mot et, pour ceux qui n’ont pas encore répondu, à prendre cinq minutes pour le faire ! Je publierai une mise à jour de ces résultats quand il y aura quelques dizaines de réponses de plus.

Syntec Informatique et MUNCI soutiennent le wecena

Un grand merci au MUNCI et à Syntec Informatique pour m’aider à faire connaître le wecena auprès des professionnels français des services informatiques :

Ca me fait plaisir de voir que mon projet suscite de la sympathie autant du côté des dirigeants de SSII (Syntec Informatique est une fédération professionnelle, similaire à un syndicat patronal) que côté employés de SSII (MUNCI est une association de professionnels de l’informatique, similaire à une organisation syndicale).

Financez votre projet d’entrepreneuriat social

Vous êtes un entrepreneur social (en herbe ou non) et vous avez besoin de financement en France. (Message subliminal de pub : si c’est d’informaticiens gratuits dont vous avez besoin, je suis là pour vous en fournir.) A qui vous adresser ? Voici les bonnes adresses que j’ai repérées jusqu’ici :

[Mise à jour le 30 juin 2013 : quelques infos plus récentes sur PhiTrust]
[Mise à jour le 7 février 2009: quelques compléments d’infos sur PhiTrust, les CIGALES, Garrigue, Noaber]

Ashoka

Fondée et soutenue par des consultants et anciens de McKinsey, Ashoka est une association d’origine américaine et qui est le principal promoteur du concept d’entrepreneur social. Ashoka attribue des bourses individuelles à des entrepreneurs sociaux ayant déjà fait la preuve de l’impact social de leurs projets. Les bourses Ashoka, accompagné d’une mise en relation avec un excellent carnet d’adresses de décideurs et d’autres entrepreneurs sociaux à travers le monde, est sensée permettre à l’entrepreneur social de pouvoir se consacrer à temps plein à son projet sans avoir à se soucier de ses revenus personnels pendant quelques temps (un an ou deux ?). La bourse est attribuée à l’entrepreneur et non à l’entreprise. Ashoka ne répond pas aux sollicitations directes de porteurs de projets mais repère les entrepreneurs via son réseau de bénévoles. A l’origine, l’idée telle que présentée par le fondateur, Bill Drayton, était plutôt de permettre à des entrepreneurs sociaux de se lancer dans leur projet à temps plein (capital amorçage, en quelques sortes). Mais aujourd’hui, les entrepreneurs sociaux sélectionnés en France sont des personnes ayant des projets déjà bien établis et nécessitant plus de notoriété et une aide à leur développement. Ashoka est bien implanté en France et anime régulièrement des événements notamment autour de ses « promotions » annuelles d’entrepreneurs sociaux français.

Echoing Green

Echoing Green, par contre, reste essentiellement positionné sur le capital amorçage mais, également, sous forme de subvention individuelle. Les bourses, d’un montant de 60 000 $, sont également attribuées à l’entrepreneur avec pour principal engagement de celui-ci qu’il se consacre à plein temps pendant 2 ans à son projet. La sélection annuelle s’effectue sur dossier : de l’ordre de mille candidats pour moins d’une dizaine de projets sélectionnés chaque année. Echoing Green n’a aucune présence en France et la sélection s’effectue en ligne. La bourse est également accompagnée de services gratuits : conseil, accompagnement, mise en relation… J’ai personnellement essayé d’être sélectionné et essuyé un échec. Par contre, Thierry Klein a réussi à passer la première étape avec le super projet du Capital Altruiste.

PhiTrust

PhiTrust intervient principalement en phase de développement, après quelques années d’existence du projet, typiquement « après Ashoka ». Le groupe PhiTrust est constitué de professionnels du financement d’entreprise qui décident de se dédier au financement de l’innovation sociale. PhiTrust est membre d’un réseau européen, l’European Venture Philanthropy Association. PhiTrust dispose de 2 chevilles ouvrières : d’une part une fondation sous égide de l’Institut de France un fonds de dotation, pour le financement, sous forme de subventions, de projets à but non lucratif ayant déjà prouvé leur utilité et d’autre part PhiTrust Partenaires, une société d’investissement à capital variable.

[Infos datant de 2009 : ] Le processus de décision de financement s’étale sur une durée de 1 à 3 ans et commence par l’envoi d’un dossier descriptif du projet, puis questionnaire détaillé, puis une série d’entretiens, ensuite une enquête approfondie (« due diligence« ) et enfin une présentation au comité de financement. 1 projet est sélectionné pour 70 candidatures, pour environ 20 candidatures par mois. Pour les projets lucratifs, les participations prises sont minoritaires (« actionnaire minoritaire actif ») avec un rendement attendu qui reste faible (la plupart du temps inférieur à 5%). Au-delà de 10% de rendement des participations, l’excédent est reversé à la fondation.

Antropia

Antropia, l’incubateur social de la Chaire Entrepreneuriat Social de l’ESSEC offre non seulement une logistique de base pour les nouveaux entrepreneurs sociaux (bureau, téléphone…) mais surtout des services (conseil, ‘accompagnement « coaching », mise en relation…) et l’accès à des prêts d’honneur de la Caisse d’Epargne. Je suis en train de postuler auprès d’Antropia car j’ai eu le plaisir de « goûter » et d’apprécier la qualité de l’accompagnement auquel Antropia donne accès.

Bamboo Finance

Bamboo Finance est une entreprise sociale suisse de capital risque philanthropique, avec objectif de sortie mais recherche d’un double impact : social (et/ou environnemental) et financier.

Fondation Schwab

La Fondation Schwab organise en France, chaque année, un concours d’entreprises sociales dont le prix est un don en nature de conseil par un grand cabinet (habituellement offert par le Boston Consulting Group).

Fondation Skoll

La Fondation Skoll offre essentiellement un service de mise en relation et de médiatisation des meilleurs projets, avec une influence certaine aux USA et notamment en Californie. La Fondation Skoll intervient en financement plus tardif des projets déjà bien établis, avec des enveloppes de l’ordre du million de dollars sur 3 ans.

France Active

Fondée en France dans les années 80 en réaction à une importante augmentation du chômage longue durée, France Active vise à créer de l’emploi et regroupe, parmi ses décideurs, des professionnels de la banque intéressés par l’économie sociale et des dirigeants d’ONGs telles que le Secours Catholique et la CIMADE. France Active intervient en financement via la Société d’Investissement France Active (SIFA), notamment (mais pas exclusivement) auprès des entreprises d’insertion.

ESFIN-IDES

Le groupe ESFIN-IDES intervient en capital risque auprès des acteurs de l’économie sociale, avec des souscriptions de l’ordre de 100 000 à 600 000 euros.

Les CIGALES et GARRIGUE

Les CIGALES sont des clubs d’investisseurs privés (comme des business angels) qui interviennent en phase d’amorçage de projets locaux sur des petites sommes (1000 ou 2000 euros par exemples) et, plus rarement, en regroupant les 5 ou 6 clubs d’une région (cas de l’Ile-de-France) pour des investissement plus importants (10 000 euros ?). Garrigue est une société de capital risque proche des Cigales. L’un des critères essentiels de décision est la création d’emploi : le projet est-il créateur d’emploi et l’entrepreneur renoue-t-il, par ce projet, avec le monde de l’emploi. Les entrepreneurs accompagnés sont donc essentiellement des personnes ayant connu des difficultés professionnelles ou sociales significatives.

Fondation Noaber

La fondation néerlandaise Noaber finance des projets européen d’entrepreneuriat social en phase d’amorçage, sur quelques secteurs d’activité bien précis (donc un secteur « nouvelles technologies »). Il s’agit d’une fondation d’inspiration chrétienne et qui porte une attention particulière à l’évaluation quantitative de l’impact social attendu d’un projet. S’adresser à eux en anglais, en allemand ou … en néerlandais.

Conclusion

Voila pour ce que j’en sais à ce jour. Vos tuyaux, avis et bonnes adresses sont plus que bienvenus en commentaires !

Altruistic Capital, semifinalist of Echoing Green 2009

Albeit disappointed, I enjoyed the results of the 1st selection phase of the 2009 Echoing Green fellowship program. Of course, it had some positive consequences on my venture. But the most positive side of this is that Thierry Klein brought my attention to the fact that his own (French : Cocorico ! as we say here)  initiative, namely the Altruistic Capital, is selected as a semifinalist. I wish he will be at the next Echoing Green selection week-end in New York this spring and, hopefully, the Altruistic Capital project will be boosted by a 60.000 USD grant.

The Altruistic Capital concept is a nice and innovative way for tightening the public good to the performance of for-profit corporations, by letting nonprofit organizations receive a share of these profits. They indeed become shareholders of the forprofit, as the name « Altruistic Capital » suggests.

Next questions for me are :

  • how can I let some open source businesses become more familiar (and hopefully fond of) such initiatives (this is also an open question for the economy of communion which shares so much in spirit with some aspects of free software)
  • when, how and to which nonprofit(s) will I donate a part of the capital of my nonprofit ? this question is a bit difficult for me to handle given that my customers are nonprofits and I may prefer not to create interferences between business itself and the altruism of my capital… or maybe I should let this happen ?

I definitely have to spend some time with Thierry, face to face. Maybe next time he comes to Paris if our schedules can be synchronized.

Good luck, Altruistic Capital and Thierry, for the next phase of the EG selection process !

Echoing Green fellowship program : we did not make it :-(

Disappointment… Our application to the Echoing Green fellowship program is no more in the race : it « did not advance in the application process » and was rated as « noncompetitive » (see their full email at the end of this post). There were 950 applicants this year. 300 projects are selected as semifinalists. Too bad we are not among these.

Given the high number of applicants, EG doesn’t tell us why our application is rated as « noncompetitive ». But if I had to bet on their rationale, and given the other semifinalists, I’d say that the 2 main weaknesses of our application were :

  • it may seem to focus too much on France : wecena services can be offered to nonprofits worldwide but the business model fully relies on French legal specificities and on French corporate donors => maybe it can’t be seen as a « global » solution at this stage of development ? maybe I’ll first have to prove wecena services can benefit to non-French nonprofits, too.
  • above all, it is not a « direct » solution : it does not directly aim at eradicating poverty or fighting diseases or providing resources to suffering people ; it rather gives social entrepreneurs and nonprofits access to IT skills and services which in turn can leverage their capacity to innovate ; and EG said they would favor direct solutions over indirect ones.
  • maybe there is a 3rd reason, too : the wecena business model is fairly sophisticated and, even with your help, I may be suffering from the curse of knowledge ; in other words, it’s hard to communicate this model without diving into obscure details

This failure of course has negative consequences : I won’t have a week-end in New York paid by EG :) nor won’t we get 60,000 USD from them for the wecena project. Fortunately, it also has some positive consequences :

  • We won’t have to draft longer essays and translate the French materials into English for further evaluation, which frees some valuable time in order to put more effort on selling the wecena concept to French IT firms ; convincing them takes so much time ! Ive been working with 3 of them for now 1 year on this project and contracts yet have to get signed…
  • You helped me to write down the why and the how of the wecena program ; I could translate that into French and provide it as additional marketing materials to the nonprofits and IT firms I work with, which may turn to be a very valuable asset for getting the first IT firm to donate skills and time to our nonprofits ; when I published these materials in French, it also allowed us to officially become a partner of the MUNCI, a French union of IT consultants.
  • It gave me the opportunity to work closely with the folks at the Antropia social incubator of the ESSEC business school (the number 2 business school in France, I’d say) and this convinced me to apply to their own fellowship program : they will give me their decision in March but it may be a bit easier that the EG selection because the wecena program already received a small award from them.
  • The list of the 300 Echoing Green semifinalists contains some quite interesting projects in the high tech field (frogtek for instance) and I may propose them to benefit from wecena services once the money pump is started with the French nonprofits I already have contracted with. I might even get in touch with EG and propose wecena services as part of their grants to future fellows in needs of free IT skills and services, why not ?

Anyway, thanks a lot to all of you, dear friends or colleagues who contributed to the wecena application to the EG fellowship program either online or offline. Special thanks to IA_ who was an early and steady commenter, who was brought to us from Texas by the magics of the Internet. :)

If you want to give a further hand to the wecena project, you can still have a look at what’s here if you speak French (and fill the mini-survey I published there, including the part where you can spam your geeky friends), or just comment this post in English if you can’t.

Here is the EG email announcing the bad result :

On behalf of the entire Echoing Green team, thank you for your recently submitted application for a 2009 Echoing Green Fellowship. We received nearly 950 applications this year, and as always, we were inspired and encouraged by the ideas, commitment and enthusiasm for public service captured in those applications. We applaud the good work you are undertaking through your program.

We regret to inform you, however, that your application did not advance in the application process. All applications were evaluated for competitiveness. It was determined that your application was not competitive and is no longer under consideration for an Echoing Green Fellowship. All decisions are final and cannot be changed.

Please note that we review each application twice and evaluate the proposal against the selection criteria of the Echoing Green fellowship program. Designating your application as noncompetitive is specific to our application process and selection criteria and is not intended to reflect the strength of your idea or the need for the proposed program in your community. Unfortunately, based on the volume of applications we receive, we cannot provide you with individual comments on your application. However, you can find a list of the most common reasons an application is deemed noncompetitive at http://www.echoinggreen.org/noncompetitive. While we cannot provide you with specific feedback on your application, we hope that you find this information helpful as you prepare future proposals.

We wish you success in finding other sources of support for your work. While Echoing Green may not be the right fit for your efforts, we encourage you to pursue your dream of helping people and communities locally, nationally and internationally. Best of luck!

Sincerely,

Heather McGrew

Vice President, Fellow & Alumni Programs

Marketing RH et communication des SSII : l’efficacité de la RSE en matière de recrutement

L’engagement concret de l’entreprise dans le développement durable, notamment à travers des programmes de mécénat de compétences, devient un argument clef pour recruter et fidéliser les talents issus des meilleures écoles. Dans le cadre du marketing du wecena auprès des société de conseil et de services en informatique, j’ai identifié une vingtaine d’études scientifiques et d’enquêtes qui confirment ce fait.

La réputation de l’entreprise est importante pour les candidats à l’embauche. Plus précisément, la réputation en matière de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est un atout efficace pour le recrutement de candidats de meilleure qualité (ainsi que pour mobiliser, fidéliser et satisfaire les employés déjà en place). L’efficacité de la RSE sur le recrutement est encore plus forte chez les jeunes diplômés. Cependant, les candidats restent méfiants et attendent des preuves concrètes de la responsabilité sociétale d’une entreprise. De plus, une bonne RSE ne peut remplacer un bon salaire et ce n’est qu’un critère de choix de carrière parmi d’autres. Si on le compare à d’autres priorités des candidats, on peut évaluer à plus de 10% le différentiel de salaire concédé en faveur d’une entreprise à forte RSE par les jeunes diplômés des meilleures écoles.

Ci-après, je reprend cette synthèse point par point en l’illustrant des résultats de chacune des études utilisées.

NB au sujet des citations : la traduction, les passages entre crochets et l’ajout du gras sont de moi.

  • La réputation de l’entreprise est importante pour les candidats à l’embauche.

1993, le Academy of Management Journal publie une étude scientifique (« Corporate Image, Recruitment Image, and Initial Job Choice Decisions ») selon laquelle :

L’image institutionnelle et l’image recrutement sont des prédicteurs significatifs des décisions initiales [des candidats] quant à leur choix de poursuivre ou non leurs contacts [en vue d’une embauche] avec une organisation.

2003, le Journal of Organizational Behavior publie une étude scientifique (Firm reputation and applicant pool characteristics) qui conclut :

Les entreprises avec une meilleure réputation attirent plus de candidats. […] Les entreprises avec une meilleure réputation ont la possibilité de sélectionner des candidats de meilleure qualité.

Septembre 2003, une enquête du cabinet de recrutement Select Appointments indique :

Plus des trois quarts des gens choisiraient de ne pas travailler pour une organisation considérée comme ayant des produits ou services contraires à l’éthique.

En octobre de la même année, le cabinet de chasseurs de tête Korn/Ferry conclut une enquête auprès 257 directeurs généraux en ces termes :

L’impact potentiel d’une mauvaise réputation sur le recrutement et la fidélisation des talents est très présent dans l’esprit des directeurs généraux. […] La réputation institutionnelle est plus importante aujourd’hui que jamais. […] 9 [DG] sur 10 indiquent que la réputation institutionnelle est au moins un peu plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a cinq ans, et 6 sur 10 croient qu’elle est beaucoup plus importante aujourd’hui. […] Ce sentiment est plus fort chez les DG européens.

Août 2006, une enquête internationale de l’agence de marketing RH Bernard Hodes auprès de plus de 500 dirigeants RH conclut :

La qualité ou la réputation des produits et services, la culture institutionnelle et l’environnement de travail sont les caractéristiques les plus importantes d’une entreprise lorsqu’il s’agit d’attirer les meilleurs talents.  […] La réputation éthique fait également un bon score. Mais les avantages en nature et la rémunération, de manière sans doute surprenante, arrivent en queue de peloton.

  • Plus précisément : la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est un atout efficace pour le recrutement

Juin 1997 : le Academy of Management Journal publie une étude scientifique (Corporate Social Performance and Organizational Attractiveness to Prospective Employees) qui conclut, au sujet de la « performance sociétale de l’entreprise » (PSE), un concept précurseur de la RSE :

La performance sociétale de l’entreprise est corélée à sa réputation et à son attractivité en tant qu’employeur. […] La performance sociétale de l’entreprise peut lui octroyer un avantage concurrentiel en matière de recrutement.

En 2000, le Journal of Business Ethics publie une autre étude scientifique (Corporate Social Performance and Attractiveness as an Employer to Different Job Seeking Populations) portant sur le même concept de PSE et qui conclut :

Les entreprises ayant des niveaux élevés de performance sociétale sont avantagées dans leur capacité à attirer les employés les mieux qualifiés.

Toujours en 2000, c’est au tour de la revue scientifique Business & Society de publier une étude complémentaire (Corporate Social Performance As A Competitive Advantage in Attracting a Quality Workforce) qui précise :

Les candidats à l’embauche sont plus susceptibles de rejoindre des postes dans des entreprises socialement responsables que dans des entreprises ayant une mauvaise réputation en matière de performance sociale.

En 2002, la même revue publie une autre étude sur le même sujet (Exploring the Relationship Between Corporate Social Performance and Employer Attractiveness) et qui conclut à son tour :

Les chercheurs d’emploi considèrent que la performance sociétale de l’entreprise est importante dans leur évaluation des entreprises. […] L’environnement, les relations avec [le monde associatif (« the community »)] et la diversité sont les dimensions qui ont la plus grande influence dans leur notation de l’attractivité [des entreprises en tant qu’employeurs].

En 2003, le site web de recherche d’emploi totaljobs publie les résultats d’une enquête auprès de 5000 chercheurs d’emploi britanniques :

Plus de 4 répondants sur 10 considèrent la RSE comme leur principale priorité lorsqu’il s’agit de décider de travailler ou non pour une organisation et les deux tiers disent que la RSE est « très importante ». […] Près de la moitié des chercheurs d’emploi de plus de 50 ans sont intransigeants sur le fait qu’ils ne travailleraient pas pour une entreprise sans politique environnementale ou éthique, même si on leur offrait chaque année 10 000 ¤ de plus que pour un emploi dans une société qui prendrait au sérieux sa responsabilité sociétale. […] Les deux tiers des moins de 18 ans déclarent qu’ils accepteraient de travailler dans une entreprise avec une faible RSE. […] L’attractivité des avantages en nature est sur le déclin : les trois quarts des répondants déclarent qu’une voiture de fonction a peu d’importance à leurs yeux.

En 2006, on rapporte dans la presse britannique que deux enquêtes commanditées par la banque Barclays dans le cadre de son mécénat de compétences conclut ceci :

92% des employés déclarent qu’ils préfèrent travailler pour une entreprise qui a un programme de volontariat des employés plutôt que dans une entreprise qui n’en a pas. […] 42% des entreprises qui autorisent leur personnel à consacrer du temps de travail à du volontariat déclarent que [le mécénat de compétences] aide à réduire les absences maladie.

En 2007, le cabinet de conseil RH Penna interroge 25 professionnels RH seniors lors d’un événement (le Strategic HR Network) au sujet de leurs stratégies de recrutement, du recrutement online, de la marque employeur et de la fidélisation des talents. Les résultats de leur petite enquête indiquent :

Une écrasante majorité [des répondants] (92%) croient que la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise est importante pour leur marque employeur, ce qui est le reflet de l’idée actuelle selon laquelle les candidats cherchent de plus en plus à travailler pour une organisation qui a une responsabilité morale envers la société et l’environnement.

Enfin, des spécialistes australiens et néo-zélandais du concept de marque employeur s’appuient sur le questionnaire « Minchington-Thorne Employer Brand Global Index » adressé à un échantillon de managers d’entreprises et d’administrations australiennes parmi les 100 plus importantes pour confirmer l’importance de la RSE pour le recrutement :

Les répondants étaient interrogés sur l’efficacité perçue de leur organisation en matière de recrutement. […] L’un des plus hauts scores obtenu pour les facteurs d’efficacité concerne la Responsabilité Sociale de l’Entreprise. [Ceci] illustre l’importance globale et croissante […] que revête le besoin d’être un employeur éthique. De plus en plus, les organisations réalisent que la fidélité à la marque [employeur] est créée de multiples façons mais, essentiellement, elle est basée sur les relations qu’une organisation construit avec ses partenaires et [son environnement associatif (its local community)].

  • La RSE est un atout recrutement encore plus efficace chez les jeunes diplômés

En 2006, l’enquête The Guardian’s Grad Facts du journal britannique interroge sur leurs attitudes et leurs projets de carrière un échantillon de 2000 étudiants représentatif en termes de filière, d’université, d’origine ethnique et de sexe de la population étudiante en dernière année d’étude supérieure avant diplôme. Elle conclut alors :

72% des étudiants de dernière année en université déclarent qu’ils ne considèreront que les postes d’employeurs à l’éthique irréprochable. […] Parmi ceux qui indiquent que le salaire est l’un des facteurs principaux pour choisir leur premier emploi, 70% déclarent encore nécessaire d’être satisfait par la politique de responsabilité sociétale d’une entreprise pour envisager d’y travailler. […] Plus un employeur est perçu comme éthique, plus il donne l’impression de bien traiter son personnel et plus il est attirant en tant qu’employeur.

Dans l’extension 2007 de cette enquête, dédiée au monde associatif, on apprend même que :

le secteur associatif croît en popularité en matière de projets de carrière. L’enquête 2002 indiquait qu’environ 8% des jeunes diplômés envisageaient de travailler dans le secteur associatif. En 2006, ce chiffre a doublé pour atteindre 16%. […] Le premier salaire attendu, en moyenne, pour les jeunes diplômés désireux de travailler dans le secteur associatif est de […] 5% de  moins que ceux désireux de travailler dans le secteur privé mais comparable à celui des jeunes diplômés intéressés par le secteur public et de l’éducation.

En 2007, le cabinet de recrutement Tomdunn interroge ses candidats et rapporte :

Les chercheurs d’emploi ne se satisfont plus des avantages en nature proposés par les employeurs potentiels et placent l’éthique et la sensibilité à l’environnement en tête de leur liste des caractéristiques obligatoires de leur futur employeur. […] Tous les répondants ont indiqué qu’il était « important » ou « très important » que leur employeur soit perçu comme une entreprise éthique. […] Si on leur donne le choix entre deux postes identifiques, tous les répondants choisissent l’organisation qui se préoccupe du changement climatique plutôt que celle qui ne s’en préoccupe pas. […] Qui sont ces chercheurs d’emploi scrupuleux dans le marché de l’emploi [de 2007] ? En tête de peloton se trouve la cuvée actuelle de jeunes diplômés. Nés dans les années 80 et appelés la génération Y, la génération iPod, les enfants de Thatcher ou les Moi-D-Abord, cette promotion se distingue à la fois par ses hautes ambitions et son intransigeance sur les principes.

En septembre 2009, Adecco interroge 2 473 adultes aux USA :

Pour un tiers des répondants, travailler dans une entreprise « verte » serait un facteur de choix pour leur prochain emploi. […] Les chercheurs d’emploi de moins de 35 ans sont les plus intéressés par l’engagement environnemental de l’entreprise. […] L’envie d’une entreprise soucieuse de l’environnement décroît avec l’âge des candidats mais remonte en flèche chez les plus de 55 ans.

Fin 2007, Libération publie un article sur une nouvelle tendance chez les jeunes diplômés, « Ces jeunes qui craquent pour l’éthique » :

Conjuguer morale et affaires. De plus en plus d’actifs surdiplômés font désormais passer le niveau de salaire après la quête de sens dans le travail. Une tendance que les grandes écoles commencent à intégrer dans leurs cursus.

A la même époque, « MonsterTrack, la filiale « jeunes diplômés » du site de recherche d’emploi, publie les résultats d’une enquête :

80% des répondants déclarent être intéressés par un emploi ayant un impact positif sur l’environnement et 92% choisiraient même de travailler pour une entreprise respectueuse de l’environnement.

L’édition française 2007 de l’enquête annuelle The Universum Graduate Survey interroge 966 jeunes diplômés et observe que « contribuer à l’amélioration de la société civile » fait désormais partie des 10 principaux objectifs professionnels que les jeunes diplômés souhaitent atteindre après leurs 3 premières années d’expérience professionnelle.

  • La RSE est également efficace pour mobiliser et satisfaire les employés déjà en place

2004 : la revue scientifique Business & Society publie une étude (The Relationship between Perceptions of Corporate Citizenship and Organizational Commitment) qui conclut ainsi :

[Nous avons] vérifié l’existence d’une relation entre la citoyenneté de l’entreprise [telle qu’elle est perçue par les employés] et leur niveau d’engagement dans l’organisation. […] [La mobilisation] est plus forte pour les employés qui croient fortement à l’importance de la responsabilité des entreprises envers la société. […] L’indicateur « éthique » du niveau de citoyenneté d’entreprise est un prédicteur plus fort du niveau d’engagement des employés dans l’entreprise que ne le sont les indicateurs économiques, juridiques ou arbitraires.

En 2007, le cabinet de conseil Kanexa Research Institute interroge des employés au Brésil, en Chine, en Allemagne, en Inde, en Grande-Bretagne et aux USA et utilise cette enquête sur les facteurs de satisfaction des employés pour affirmer :

Les employés qui travaillent dans des entreprises avec des programmes clairs de Responsabilité d’Entreprise (RSE) dont des programmes environnementaux et sociaux, sont les plus satisfaits. Les employés de ces entreprises restent plus longtemps en poste et sont plus satisfaits de leurs dirigeants que leurs équivalents dans les entreprises avec des programmes de RSE ternes. […] Environ un tiers des employés interrogés ont l’impression que leur organisation a une forte culture RSE et environ un tiers ont l’impression que leur organisation a une culture RSE faible.

  • Cependant, les candidats restent méfiants (surtout en France) et attendent des preuves concrètes de la responsabilité sociétale d’une entreprise

En 2003, une enquête de l’association britannique d’entreprises Business in the Community rapporte que

[…] plus de la moitié des employés se plaignent que le manège du recrutement autour des valeurs et de la RSE, qui a contribué à les attirer à leur employeur, ne se traduit jamais dans les faits.

L’enquête 2005 The Public’s Views of Corporate Responsibility de l’institut britannique d’étude Ipsos-Mori indique que

Sept adultes britanniques sur 10 pensent que l’industrie et le commerce ne portent pas assez d’attention à leur responsabilité sociale. […] 86% déclarent qu’il est important que leur employeur soit responsable envers la société et l’environnement et plus de la moitié (55%) disent que c’est même très important.

En France, la CFDT Cadres et l’école de management Audentia commanditent une enquête en ligne en 2005, adressée aux étudiants et jeunes diplômés des écoles nantaises. 465 réponses sont exploitées : 215 étudiants, 212 cadres en activité et 38 jeunes diplômés. Les résultats sont éloquents :

Le critère de choix de leur premier emploi ou d’une mobilité privilégie la nature du travail, des missions. […]  60% à avoir déjà entendu parler de responsabilité sociale des entreprises. […] Ils matérialisent cette responsabilité par l’écoute des salariés, la formation et le maintien de l’emploi, mais également la lutte contre la pollution, le respect des normes environnementales, le développement économique local, l’insertion.

[Les répondants expriment leur reproches à l’égard de certaines entreprises : ] les excès de la seule et pure logique financière à court terme, la faible considération de l’humain et les effets négatifs des choix des entreprises sur l’emploi et l’environnement.

[Et ils expriment aussi leurs louanges : ] une vision classique (développement, croissance, création de valeur et d’emplois), une vision opérationnelle (production de biens et services de qualité pour leurs clients) et une visions très orientée vers les relations humaines (épanouissement personnel, reconnaissance et réussite sociale)

[Conclusion de l’étude : ] l’enquête révèle en tout premier lieu que la responsabilité sociale des entreprises est une préoccupation importante pour les jeunes, mais ils se montrent assez méfiants à l’égard de l’effectivité des annonces faites par les entreprises dans ce domaine. Ils semblent y voir plus une démarche de marketing qu’un changement réel des pratiques de management. […] Cela signifie sans doute que les entreprises dont certaines ont mis en place des pratiques très innovantes doivent communiquer de façon différente. Pour les étudiants interrogés, il faut qu’elles se montrent assez modestes et qu’elles prouvent leur engagement par des exemples concrets.

  • Tout ceci étant dit, ne nous y trompons pas, la RSE en tant qu’atout pour le recrutement n’est qu’un atout qu’il faut comparer aux autres :

En 2006, Accenture interroge plus de 4100 chercheurs d’emploi dans 21 pays d’Amérique du Nord, du Sud, d’Europe et de la région Asie-Pacifique (voir aussi ici) puis rapporte :

Où qu’ils soient sur la planète, les chercheurs d’emploi déclarent constamment que ce sont les défis et la reconnaissance qui leur fournisse le plus de motivation dans leur vie professionnelle. […] L’attention à la « citoyenneté d’entreprise » et à la diversité est moins importante pour les chasseurs d’emploi que les avantages traditionnels tels que des programmes de prime solides et des occasions d’épanouissement personnel. […] Un travail stimulant et intéressant, c’est la caractéristique la plus importante que les chercheurs d’emploi recherchent chez un employeur potentiel pour 60% des répondants. La possibilité de reconnaissance et de récompenses pour des réalisations arrive en proche deuxième position avec 58% des réponses. En troisième position (44%) arrive la possibilité d’une progression de carrière rapide, suivie (42%) par les preuves que l’employeur est bien établi et susceptible d’avoir une prospérité pérenne et, pour 42%, le fait de porter attention à son personnel. […] Ces points importants pour les recrues potentielles sont remarquablement constant d’une partie du monde à l’autre. […]

La responsabilité sociale de l’entreprise et la diversité sont des caractéristiques importantes de l’employeur – des choses que nos employés exigent et auxquelles ils accordent une grande valeur – [notre étude] valide également ce que nombre d’entre nous savent intuitivement : à savoir, que les avantages concrets tels que les récompenses et la reconnaissance [NDT : l’avancement ?] restent les plus importants du point de vue des recrues externes.

Le cabinet de recrutement Hudson indique en 2007 (voir aussi ici), dans une même tendace à la modération :

Les employés accordent de la valeur à la responsabilité sociale de l’entreprise, mais pas pour prendre des décision de carrière. […] 75% des travailleurs américains pensent que les entreprises ont des responsabilités envers la société civile. […] 70%s ne considèrent pas comme très important le programme de RSE d’un employeur potentiel lorsqu’il s’agit d’évaluer des offres d’emploi. […] Seuls 7% d’entre eux ont déjà rejeté une offre d’emploi à cause de l’absence de tels programmes. […] 46% croient qu’il est très important qu’une organisation ait pris de telles initiatives. […]

Les travailleurs apprécient les occasions de s’investir auprès du monde associatif lorsqu’ils en ont la possibilité [dans le cadre de leur travail.] […] Parmi les 46% de salariés qui travaillent pour une organisation avec un programme de RSE, environ les deux tiers (64%) y participent activement. […] Seuls 20% des travailleurs déclarent que leur employeur les autorisent à consacrer du temps de travail à du volontariat [(« mécénat de compétences« ).] Mais, parmi ceux-ci, 70% choisissent [d’y participer.] […]

Les programmes formels de RSE sont plus fréquents dans les grandes entreprises. […] 58% des répondants qui travaillent pour une entreprise de plus de 500 employés indiquent que leur entreprise a un programme de RSE, à comparer avec une moyenne de 45% des employés, toutes tailles d’entreprises confondues. A peu près un tiers des salariés des entreprises de moins de 100 employés en disent autant.

Les recruteurs qui apprécient le goût d’un MBA pour la RSE que même les candidats les plus férus de RSE peuvent n’accorder qu’une priorité réduite aux réalisations effectives de leur employeur en matière de RSE.

En 2007, le groupe British Telecom interroge quant à lui 120 jeunes professionnels (voir aussi ici) :

Plus d’un tiers des répondants déclarent que travailler pour un employeur responsable et attentif aux employés est plus important que le salaire qu’ils touchent. […] 44% disent qu’ils refuseraient un employeur qui aurait mauvaise réputation et presque la moitié dit que les politiques de responsabilité sociétale de l’entreprise devrait être rendues obligatoires. […] Un tiers croit que les préoccupations pour l’environnement devrait être le sujet le plus important sur l’agenda de l’entreprise, devant l’innovation commerciale, la flexibilité du travail, le bien-être du personnel et l’investissement auprès de la société civile. […]

Un quart des répondants croient que les entreprises ont une influence majeure sur l’avenir de la planète, ne cédant en cela qu’à celle des gouvernements. […] La responsabilité sociale de l’entreprise – y compris la durabilité – est plus importante pour eux que le salaire pour un tiers des participants.

Enfin, selon les résultats de l’enquête 2007 du site d’emploi américain JobFox :

Seuls 5% des répondants préfèrent une entreprise qui est respectueuse de l’environnement – en classant cette caractéristique comme 18ème sur une liste de 20 critères que les chercheurs d’emploi utilisent lorsqu’ils envisagent un changement de carrière. […] Les deux priorités principales des chercheurs d’emploi sont les possibilité d’avancement (55%) et des responsabilités accrues en matière de leadership (41%). Les autres priorités sont l’équilibre vie privée/vie professionnelle (38%), des dirigeants respectés ou admirés (36%), un sentiment d’épanouissement personnel (36%) et un meilleur salaire (28%).

Alors que faut-il en penser et ces résultats-là se contentent-ils de modérer les conclusions des études citées plus haut ou viennent-ils carrément les contredire ? Il me semble que l’âge des candidats à l’embauche et leur niveau de qualification soit les deux variables qui permettent le mieux de concilier ces contradictions apparentes : la RSE est plus efficace, en tant qu’argument recrutement, auprès des jeunes (et des plus de 55 ans !) ainsi qu’auprès des plus hauts diplômes (MBA, grandes écoles…). C’est ce qu’indiquent les études qui chiffrent la RSE par rapport au différentiel de salaire qu’un candidat est prêt à concédé en faveur d’une entreprise à meilleure RSE.

  • Pour recruter, une meilleure RSE vaut plus de 10% du salaire des meilleurs jeunes diplômés.

Le cabinet de conseil RH Seldon Gill interroge une populationde 156 individus entre 18 et 32 ans (c’est-à-dire la Génération Y), constituée d’étudiants, de jeunes diplômés et de jeunes cadres dont 46% travaillent alors que les autres finissent leurs études :

Nous avons proposé un scénario aux participants. L’organisation A ne promeut pas de manière activité l’équilibre vie privée/vie professionnelles, les activités sociales, le développement personnel et la formation, la responsabilité sociale de l’entreprise et une communication ouverte au sein de l’entreprise. Au contraire, l’organisation B le fait. Si A payait 10% de plus que B, seuls 15% des participants la rejoindraient. Si A payait 20% de plus que B, 57% la rejoindraient et 43% ne le feraient pas.

En 2007, le cabinet d’étude Best Companies publie pour le Sunday Times une étude selon laquelle la perception selon laquelle l’employeur a un impact positif sur la société influence tous les autres facteurs de relation à leur employeur, ce qui inclut leur sentiment à l’égard de leurs dirigeants, des valeurs et principes de l’entreprise, à l’agard de leur supérieur direct, à l’égard de leurs perspectives d’évolution, de leur bien-être professionnel, de leur collègues et de la manière de travailler avec eux, de leur motivation dans leur travail, de leur rémunération :

De manière à pouoir travailler pour une entreprise éthique, les gens sont prêts à demander moins d’argent. [L’éthique et la RSE] constituent la voie royale pour atteindre de meilleurs niveaux de motivation et de mobilisation professionnelle.

En janvier 2004, la Stanford Graduate School Of Business publie les résultats d’une étude menée auprès de 800 diplômés de MBA des « meilleures écoles » d’Amérique du Nord et d’Europe (voir aussi ici) :

Les diplômés de MBA veulent travailler pour des employeurs attentionnés et éthiques. […] Un nombre substantiel [des diplomés des meilleurs MBA] sont prêts à sacrifier quelques avantages financiers pour pouvoir travailler pour une organisation avec une meilleure réputation en matière d’éthique et de responsabilité sociétale de l’entreprise. [Plus précisément, les MBAs sont, en moyenne,] prêts à sacrifier 14% de leur rémunération. […] Les défis intellectuels sont en tête de leur liste des plus importants critères de choix en matière d’emploi. […] Chose plutôt intéressante, la rémunération n’est qu’à 80% aussi  importante que les défis intellectuels […alors que] la réputation en matière d’éthique et d’attention aux employés fait partie du tiers supérieur de la liste des 14 critères de choix de carrière, soit un critère qui est à 77% aussi important que les défis intellectuels.

Et  voila ! Si vous avez connaissance d’autres études ou enquêtes allant dans le même sens, précisant ou contredisant certains de ces points, merci de les indiquer dans un commentaire !

EuroGIKI: l’agence du don en nature

Le mécénat « en nature » consiste à offrir à une organisation d’intérêt général non pas de l’argent mais des produits ou des services. Plus précisément, on peut distinguer les dons de prestations de service (également appelés « mécénat de compétences »), les dons de produits alimentaires (banques alimentaires pour les associations du type Restos du coeur) et les dons de produits non alimentaires. Bien souvent, les produits donnés sont des invendus (pas périmés pour autant !) qui, autrement, seraient destinés à être détruits. Le mécénat en nature permet donc non seulement d’aider une bonne cause mais aussi d’éviter le gaspillage. Pour le don de produits, cela permet de diminuer (un peu) son empreinte écologique.

Les échos publient une courte « éloge du mécénat produit » qui rappelle ces faits et mentionne une association qui vient d’être créée pour aider les entreprises à gérer la logistique des dons de produits à des organismes d’intérêt général. Il s’agit d’Euro GIKI, « l’agence du don en nature », le représentant européen d’une association américaine : Gifts In Kind International.

EuroGIKI est soutenu par des grandes entreprises telles que Carrefour et par une personnalité du monde des affaires. On trouve plus d’infos sur les projets d’EuroGiki via sa collaboration avec des étudiants d’un mastère de sciences-po.

Coincidence amusante (mais ça peut n’amuser que moi) : je regrettais justement, il y a quelques jours via le blog de la fondation BNP Paribas :

Peut-être que ce qui manque le plus aux entreprises, c’est de pouvoir s’appuyer sur des réseaux de distribution qui pourraient les aider à “recycler” certains de leurs actifs auprès d’organismes d’intérêt général dans le besoin.

Peut-être est-ce le Père Noël qui m’a entendu ?