Envie de jouer à l’entrepreneur social ?

Parfois, vous rêvez de vous lancer dans une création d’entreprise ? Qui plus est une entreprise à vocation sociale, pour rendre le monde meilleur ou aider les plus démunis ? Je vous propose de jouer avec moi à l’entrepreneur social en m’aidant à déterminer, sur laquelle des 13 pistes de développement ci-dessous je devrais concentrer l’essentiel de mes efforts. L’objectif est de trouver ensemble le meilleur moyen pour développer les pratiques de mécénat de compétences en entreprises (don de temps de travail au profit d’une association) et, plus particulièrement, de développer le wecena (don de leurs intercontrats par les SSII).

Lisez puis votez pour la piste qui vous paraît la plus prometteuse en laissant un commentaire à la fin de cet article ! Je réunis en octobre un jury composé d’experts en management des SSII et en mécénat de compétences (il s’agit de mon comité consultatif stratégique). Ils désigneront avec moi la piste qui deviendra ma priorité principale pour les semaines à venir. Vous saurez ainsi si vous avez parié sur la piste la plus prometteuse mais, surtout, vos votes et commentaires influenceront ce jury. Ils influenceront aussi peut-être les autres structures qui, comme wecena, essaient de développer le mécénat de compétences (je pense notamment à Mecenova, Koeo, l’Admical, …). Alors participez, commentez !

Le problème

Comment obtenir plus de volontariat en intercontrat de la part des SSII ? Ce problème se décline de différentes manières :

  • comment obtenir un plus grand nombre de volontaires ?
    • soit en convaincant plus de SSII
    • soit au sein des SSII déjà partenaires de Wecena mais qui ne mobilisent pas tous leurs intercontrats
  • comment obtenir des volontaires mobilisés à temps quasi-plein plutôt qu’à temps très partiel ? (en fonction de leur motivation)
  • comment obtenir des volontariats plus longs, non pas en terminant plus tard (le retour en mission lucrative reste prioritaire) mais en commençant plus rapidement dès le premier jour d’intercontrat (optimisation des process et réactivité) au lieu d’attendre plusieurs jours avant le début du volontariat ?

Les pistes

J’ai identifié 13 pistes et j’hésite dans la détermination de la piste sur laquelle concentrer mes efforts. Sur laquelle de ces pistes seriez-vous prêt à parier mon temps et mes efforts ?

  1. Renforcer l’animation du volontariat
    • en animant le volontariat comme un jeu (serious game),
    • en mettant en avant des scores de résultat social (par exemple : « combien de fois les livres que j’ai adapté en braille en tant que volontaire ont été lus par des personnes aveugles ? »)
    • ou d’impact social (par exemple : « les adaptations d’exercices de maths que j’ai faites pour les enfants dyspraxiques ont une valeur de 1.324 euros aux yeux de leurs parents ») via la méthode SROI,
    • en mettant en place une notion de « niveau d’expérience », de difficulté des tâches et de progression des volontaires (comme dans les jeux video ou jeux de rôles)
    • c’est amusant, innovant et prometteur, mais c’est risqué et pas forcément faisable
    • en faisant des endorsements/recommandations/remerciements systématiques via les réseaux sociaux Viadeo, Linked In, Facebook
    • en animant, avec du contenus (interviews, video, …) des groupes de volontaires via les social media, organisé par projet associatif ou par entreprise d’appartenance
    • en systématisant les interviews/demandes de témoignage des volontaires
    • mais ça demande beaucoup de temps
    • en facilitant le bouche à oreille entre collègues pour mobiliser d’autres intercontrats, voire pour introduire le wecena chez le prochain employeur du volontaire (en cas de démission/licenciement pendant l’intercontrat)
    • le bouche à oreilles semble bien marcher aujourd’hui
  2. développer un réseau de prescripteurs parmi les élèves et anciens élèves des écoles d’ingénieur en informatique
    • par exemple en organisant un mini-défi pour élèves ingé au profit des associations soutenues
    • en mobilisant des junior entreprises pour faire du marketing auprès des anciens via les annuaires des anciens
    • comme lors de notre mini-défi organisé avec les élèves de l’ENSEIRB
    • mais peu d’anciens sont dirigeants de SSII et les junior entreprises ont un coût et l’organisation d’animation pour étudiants prend beaucoup de temps pour des résultats incertains
  3. développer un réseau de prescripteurs via les instances représentatives du personnel en SSII

    • comités d’entreprises
    • CHSCT
    • DP
    • sections syndicales
    • mais les syndicats ont-ils réellement une influence sur les DRH et les DG ? et si cette influence était plutôt négative ?
  4. développer un réseau de prescripteurs parmi les acheteurs de prestations informatiques chez les grands comptes des SSII
    • « le client est roi » et donc influent mais c’est assez indirect et les SSII se méfient de l’importance réelle accordée au critère RSE dans les politiques achats de leurs clients (« est-ce vraiment important à leurs yeux ? »)
    • les acheteurs mettent déjà une pression monstrueuse sur les SSII, faut-il vraiment leur demander d’en faire plus ou autrement ?
    • qu’est-ce que le mécénat de compétences à côté d’un discount de 3%
    • est-ce vraiment faisable et efficace ?
  5. développer un réseau de prescripteurs parmi les prestataires de formation pour informaticiens
    • la formation est une priorité en intercontrat et une pratique courante
    • le mécénat de compétences comme première expérience pratique sur un cas réel ?
    • potentiellement très attractif pour certaines SSII mais les associations ne sont pas là pour essuyer les plâtres des apprentis
  6. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en mécénat ou responsabilité sociétale et environnementale (RSE)
    • mais les SSII représentent justement une part infinitésimale du secteur du conseil en mécénat et RSE
  7. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en stratégie RH et notamment stratégie recrutement
    • mais il faut bien distinguer les recruteurs et les consultants en stratégie RH et ont-ils un vrai pouvoir de prescription sur la gestion de l’intercontrat ?
  8. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants positionnés sur la niche des directions générales des SSII
    • très peu nombreux ?
  9. développer un réseau de prescripteurs via les fédérations professionnelles (Syntec Informatique, 3CSI)
    • bonne relation à renforcer avec Syntec Informatique mais effet très limité jusqu’à présent
  10. créer une petite carotte fiscale en réduisant les prestations aux associations et en laissant les SSII mécènes conserver une partie des économies d’impôts mécénat
    • diminuer de 2,5 ¤ le volume d’assistance aux associations pour faire gagner 1 ¤ seulement aux SSII (car on perd alors le levier fiscal du mécénat), est-ce vraiment judicieux ?
    • il y a un risque potentiel d’abus de droit fiscal en fonction de la motivation des SSII (la carotte est-elle une raison essentielle pour eux ou non ?)
    • ça peut être efficace pour ouvrir les portes ?
  11. renforcer la prospection directe
    • faire tous les salons emploi informatique pour les premiers contacts avec des RH en SSII
    • relancer plus activement les SSII au téléphone et professionnaliser mes techniques de « vente »
    • prendre un stagiaire commercial
    • tenter un publipostage aux DRH des SSII de taille moyenne ?
  12. rassurer davantage sur le plan fiscal
    • en améliorant/clarifiant mes supports de présentation du calcul de l’économie d’impôts mécénat
    • en packageant une étude avec une grande marque du droit fiscal
  13. monter des projets associatifs plus attractifs
    • des thèmes plus « sexy » (projets à caractère humanitaire ?)
    • des projets plus en lien avec les compétences métier hors développement
    • avec des « grandes marques » associatives grand public (Croix-Rouge Française, Restos du Coeur, …)

Voici pour les 13 pistes. J’ai trop tendance à courir 13 lièvres à la fois. Lequel devrais-je courser selon vous ? Qu’en pensez-vous ?

4 réflexions au sujet de « Envie de jouer à l’entrepreneur social ? »

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  2. Christian Fauré

    Sans vouloir rajouter une piste de plus qui complexifierait encore plus le choix , je crois quand même que tu oublies la puissance publique.

    Un projet social concerne en premier lieu la puissance publique et les collectivités territoriales qui peuvent apporter des aides, des subventions et des relais.

    Entre le secteur privé et les associations ou ONG il y a quand même la puissance publique au milieu.

  3. Sig Auteur de l’article

    A quelle piste « puissance publique » penses-tu ?

    J’élimine d’office la piste « demander des subventions » car, dans mon modèle économique, je suis déjà rémunéré (indirectement) par l’Etat. En effet, je suis rémunéré grâce aux économies d’impôts que les SSII mécènes acceptent de consacrer au projet. Au lieu d’aller au trésor public, cet argent va dans ma poche pour que je fournisse mon AMOA (et autres prestations) aux associations bénéficiaires. C’est l’Etat qui a accepté que les choses se passent ainsi grâce à la loi sur le régime fiscal du mécénat. Je suis donc un entrepreneur fonctionnaire, en fait ! Bref, j’aurais de sérieux scrupules à aller pêcher des subventions publiques supplémentaires.

    Par contre, l’un des rôles que les collectivités publiques peuvent jouer, c’est le rôle de prescripteur. Si il s’agit pour une collectivité de prescrire le wecena aux SSII qui lui fournissent des prestations, alors cela revient à ma piste n°4 (prescripteurs parmi les acheteurs de presta). Hors achats, je ne vois pas trop comment une collectivité publique (le conseil général des Hauts-de-Seine ? la ville de Paris ? le conseil régional ?) pourrait obtenir de certaines SSII (sur son territoire) de faire du wecena. Ceci dit, les collectivités territoriales peuvent bénéficier du wecena si c’est au profit de leurs missions d’intérêt général. Par exemple, on pourrait imaginer que des volontaires wecena cartographient via OpenStreetMap la localisation des bornes à incendie pour la ville de Paris. Mais, pour autant, est-ce que la ville de Paris, dans un tel contexte, serait capable d’utiliser de son influence auprès des SSII pour obtenir des volontaires ? Peut-être. Allez, je prends cette piste « prendre des collectivités comme bénéficiaires pour s’appuyer sur leur influence auprès des SSII » comme piste n°14 !

    A terme, on pourrait aussi imaginer inscrire dans la loi une obligation, pour les sociétés ayant un certain volume d’intercontrat, d’en consacrer une partie à des prestations d’intérêt général (mais en gardant le principe du volontariat des salariés) ? Mais c’est du lobbying très long terme, là (je n’ai pas de cousin député)…

    Comment verrais-tu le rôle de la puissance publique dans le développement du wecena ?

  4. Jal

    Je dirais 10 + 13.
    C’est le seul moyen pour qu’un chef d’entreprise y voit un retour sur investissement :
    – profiter d’associer sa société donc sa marque à quelque chose de connu et pouvoir communiquer dessus
    – alléger le coût salarial d’un employé en inter-contrat

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